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Happy Tiki : trois Polynésiens exportent la culture du fenua au travers du jeu video

Happy Tiki : trois Polynésiens exportent la culture du fenua au travers du jeu video

Manoa Salmon est sound designer, Moerani Flohr est artiste 2D et Evans Bohl est développeur. Passionnés, ceux qui se font appeler les « Happy Tiki » se sont lancés il y a seulement 5 ans dans la création de jeux vidéo. « On s’est dit qu’on allait partager sur internet ce qu’on fait, qu’on montrerait aux gens ce qu’on est capables de faire, raconte Evans. On a créé un petit jeu qui s’appelait South Pacific legends, Les légendes du Pacifique Sud, et dans ce jeu-là on jouait un pêcheur qui se perdait sur une île maudite et il y avait des dieux à combattre ».

C’est grâce à ce premier projet que les trois amis ont attiré l’attention de la multinationale Epic Games qui développe notamment le jeu Fortnite et le logiciel Unreal Engine. « On a été contactés par un des vice-présidents de la société. C’est un Français. Il nous a dit « j’aime beaucoup ce que vous faites, on a envie de vous aider ». (…) Et depuis 2020 toutes nos charges sont payées par cette société. Ça nous permet de travailler de manière à l’aise sur ce qu’on veut. »

Pour Evans, c’est indéniablement la « touche polynésienne » qui a séduit le géant du jeu vidéo : « C’est la touche polynésienne dans tous les sens du terme, dans les sons, les musiques, les graphismes, les histoires et notre personnalité qui a fait la différence tout simplement. »

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Soutenus, les trois amis ont décidé de se lancer dans la formation. La première a vu le jour en décembre 2022. « Ça a fait un carton. On ne s’attendait pas à ce que ça fonctionne autant ». Les Happy Tiki ont réalisé plus d’une centaine de vente à ce jour. « On apprend aux gens à créer un jeu de A à Z et notamment le jeu video Road to Temehani qui est inspiré de légendes polynésiennes encore une fois. On joue une fille qui s’appelle Mere et qui cherche à atteindre le Temehani qui est le paradis finalement, pour retrouver un être cher disparu depuis un moment. On a enregistré près de 100 heures de vidéo. »

« les Polynésiens ont beaucoup de créativité à revendre. On apporte quelque chose que les autres gens n’ont pas »

Evans Bohl, développeur Happy Tiki

Depuis leur petit bureau dans un immeuble de Mamao à Papeete, ils diffusent la culture polynésienne au travers de leurs créations. Leur rêve : « ce serait d’entendre les enfants dans la cours, au lieu de dire « qui est le plus fort ? Naruto ou San Go Ku ? » dire, « Taaroa ou Uenuku (dieu maori de l’arc-en-ciel, NDLR) »

Les Happy Tiki sont aujourd’hui surtout connus à international et visent désormais un public anglophone. « On a lancé une chaine (YouTube, NDLR) anglophone et ça commence à exploser (…) Le monde entier parle anglais et ça se voit sur le nombre de vues qu’on a atteint. J’ai rencontré le vice président d’Epic Games et il nous encourage. »

Pour Evans, également professeur à l’école polynésienne des métiers du numérique Poly 3D, les jeunes du fenua débordent de talent et de créativité et ont tout à gagner à se former. « Les étudiants qui entrent à Poly 3D, les Polynésiens ont beaucoup de créativité à revendre. On apporte quelque chose que les autres gens n’ont pas. Souvent on a notre culture locale, notre bonne humeur qui font qu’on a pas mal de légendes à raconter sur un ton innovant. »

Les métiers du jeu vidéo, des métiers d’avenir ? Des Polynésiens ont en tout cas déjà fait leurs preuves à l’étranger.

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