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« Immigration » : Virginie Bruant recadre Eliane Tevahitua à l’assemblée

Crédit : présidence de la Polynésie

C’est une question qui a beaucoup fait parler. Celle de l’élue Tavini à l’assemblée de la Polynésie, Eliane Tevahitua. « Les Polynésiens sont chaque jour les témoins impuissants d’un phénomène migratoire dont l’ampleur ne cesse de croître. Ce phénomène face auquel notre population nourrit les plus vives inquiétudes porte un nom : immigration », commence-t-elle, avant d’évoquer des « groupes d’entraide dont la vocation affichée est de promouvoir l’expatriation des métropolitains dans notre pays et de faciliter leur installation permanente au fenua ».

L’élue s’inquiète de l’accès à l’emploi pour les locaux : « Nos enfants auront-ils un emploi ? Nos enfants qui sont aujourd’hui formés dans les universités françaises et internationales seront-ils prioritaires lorsqu’ils reviendront exercer leurs compétences dans leur propre pays ? »

Pour appuyer son propos, Eliane Tevahitua cite des « statistiques officielles publiées par l’ISPF. Ainsi, les données issues du recensement de 2017 confirment cette tendance migratoire haussière. Entre 2012 et 2017 indique l’Institut de la Statistique 12 000 personnes sont arrivées dans notre pays dont 10 000 habitaient auparavant en France métropolitaine. Cette tendance qui devrait être confirmée par les résultats du recensement de 2022, porterait à 20 000 le nombre de nouveaux expatriés en 10 ans, soit 2000 nouveaux arrivants métropolitains par an. »

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Ce jeudi, la ministre du Travail Virginie Bruant a estimé que l’élue tenait plus à faire parler qu’à obtenir une réelle réponse : « parallèlement à son dépôt sur le bureau de l’Assemblée la question est envoyée à la presse… Car ce qui importe ce n’est pas tant la réponse, mais bien l’appropriation politique de la question ».

« Des Français de métropole qui viennent en Polynésie, ce n’est pas de l’immigration »

Virginie Bruant à Eliane Tevahitua

« Je vois que les mots de la campagne électorale de Madame Le Pen et son envie permanente de chasse à l’Autre, vous attirent. Malheureusement c’est un amalgame. Des Français de métropole qui viennent en Polynésie ce n’est pas de l’immigration. Et l’inverse est aussi valable, un polynésien qui va en métropole ce n’est pas un immigré non plus. Jusqu’à nouvel ordre Madame, la Polynésie est bien un territoire français, un territoire de la République », a souligné la ministre.

Un « mensonge » : « rien ne vous autorise à extrapoler des données imaginaires et fausses »

Revenant sur les données de l’ISPF évoquées par l’élue indépendantiste, la ministre parle de « mensonge ».

« Le bilan démographique de la Polynésie, recensement après recensement le prouve : dans la Population du Fenua, la part des non-natifs baisse. Avant 2000… 14% de la population était née hors de Polynésie. En 2007, c’est 13% En 2012 et 2017, c’est 11% Nous attendrons les résultats du recensement prévu en septembre 2022 pour confirmer ou pas cette tendance. Et ce mensonge s’accompagne d’une manipulation grossière. Si effectivement 12 000 personnes sont arrivées sur le territoire entre 2012 et 2017, rien ne vous autorise à extrapoler des données imaginaires et fausses. Tout d’abord pour être précise, sur ces 12000, ce ne sont pas 10.000 expatriés de métropole, mais 9.150, et dans ces 9150 on y compte des enfants de couples polynésiens…peut-on réellement les identifier comme des immigrés ? Et ensuite vous ne pouvez pas cumuler les arrivants de deux périodes de cinq ans, et parler de 20.000 expatriés en dix ans sans évoquer les départs. C’est un encore mensonge mais, cette fois- ci, on va dire par omission. Car évidemment, il y a des départs : Entre 2012 et 2017, 1 100 personnes quittent le territoire chaque année, soit 5500 en 5 ans. Le solde migratoire de la Polynésie est négatif. Et le chiffre de 2000 nouveaux arrivants métropolitains par an que vous avancez est tout aussi imaginaire et encore plus faux, vous ne pouvez pas décemment inventer des chiffres Madame. »

« Vous avez été prise en flagrant délit de Mensonge et de manipulation. C’est moche et cela ne vous honore pas. »

Virginie Bruant à Eliane Tevahitua

« En utilisant le mensonge pour faire de la démagogie, vous faites usage d’un moyen détestable. En politique, j’ai le regret de vous dire que tous les coups ne sont pas permis. Respectons-nous ! Dans tous les cas, mon éthique m’interdit ces bassesses. Vous si prompt à sans cesse donner des leçons à tout le monde et à vous autoproclamer Madame la vertu, vous avez été prise en flagrant délit de mensonge et de manipulation. C’est moche et cela ne vous honore pas », tacle Virginie Bruant.

Concernant sa directrice de cabinet nouvellement nommée, Alexandra Martino, ancienne employée d’Air France et chargée notamment de manager des équipes, Virginie Bruant a tenu a rappeler que « bon nombre de directeurs et membres de cabinet des gouvernements « Taui », étaient des cadres issus de l’État. Ainsi, pour exemple, le président Oscar Temaru avait un temps recruté comme directeur de cabinet un ancien officier de l’armée française et préfet en activité, tandis que le président de l’Assemblée, mon ami Anthony Géros, avait recruté un magistrat du tribunal administratif. Finalement, vos responsables politiques sont beaucoup plus ouverts d’esprit que vous ne l’êtes, et ont sans doute recherché avant tout l’efficacité et les compétences avant de se déterminer sur l’origine ethnique de leurs collaborateurs. Ainsi, dans votre question orale communiquée à la Presse, vous reposez au Président du Pays la question sur la nomination de deux cadres de première responsabilité à l’OPT, ONATI, Et Fare Rata. Et je vous le confirme sa réponse est la même, aussi argumentée qu’elle l’était le 12 aout dernier. »

Autre sujet abordé par Eliane Tevahitua dans sa question au gouvernement : le brevet de plongeur subaquatique. « Comment expliquerez-vous aux Polynésiens que plus de la moitié des titulaires des brevets polynésiens de plongeur subaquatique soit détenue par des individus nés en métropole, c’est-à-dire hors de notre pays ? »

« La réalité du métier de plongeur professionnel est faite de constance, d’exigence et de persévérance. Les contraintes du travail sont lourdes. Le maintien actif de sa compétence demande des visites médicales régulières…. Et de fait de moins en moins de Polynésiens sont attirés par cette pratique professionnelle qui a connu un virage ces dernières années », explique Virginie Bruant en réponse.

« Et ce n’est pas une question financière : c’est le SEFI qui, après acceptation du dossier, prend en charge les frais de formation et d’accession au brevet. Par exemple si cela peut vous rassurer, les dernières formations dispensées par l’ISPF ont davantage attiré des Polynésiens :

• 13 polynésiens sur 16 stagiaires ont participé à la formation délivrée en spécialité randonnée ainsi qu’à celle délivrée pour la rame,

• 14 polynésiens sur 15 stagiaires ont participé à la formation délivrée en spécialité randonnée à vélo,

• Et enfin, 28 polynésiens sur 41 stagiaires ont participé à la formation délivrée pour les activités spécialisées dans le domaine aquatique. »

La question d’Eliane Tevahitua

La réponse de Virginie Bruant

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