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Intelligences artificielles : entre menace et outil technologique pour les artistes

Intelligences artificielles : entre menace et outil technologique pour les artistes

Elles sont partout : sur internet, sur les panneaux publicitaires et parfois sur des toiles vendues en magasin. Les images générées par des intelligences artificielles sont de plus en plus utilisées au fenua à des fins commerciales. Mais le recours à ces visuels de manière brut inquiète certains professionnels, qu’ils soient maquilleurs, peintres ou encore photographes : « Vendre des œuvres telles qu’elles, brutes, je pense que c’est une erreur un manque de respect envers les artistes du fenua qui ont un réel talent, de vrais messages à exprimer, estime Moana « Blackstone ». L’utiliser en tant que tel, c’est une réelle menace. Ça va mettre au chômage, que ce soit les photographes, maquilleuses, coiffeurs, modèles, directeurs artistiques, tout le monde. En plus le résultat est trop parfait, ça n’existe pas. Je me mets à la place des modèles qui complexent un peu alors qu’on sait tout que ce qui est produit par l’IA c’est quasiment parfait, donc c’est impossible de se comparer à ça. »

Pour Charlie « Didjelirium », directeur artistique, « le problème n’est pas que les gens vendent » ce genre de visuels bruts « mais que les gens les achètent ».

Encadrer

En métropole, l’Assemblée nationale a présenté une proposition de loi le 12 septembre dernier. Elle vise à encadrer l’intelligence artificielle par le droit d’auteur. L’une des mesures proposées est la création d’une mention “œuvre générée par IA” avec l’obligation d’insérer le nom des personnes ayant permis d’aboutir à une telle œuvre…

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Il faut se faire une raison, les IA ne disparaitront pas du jour au lendemain. Pour ne pas être dépassés, certains ont donc décidé d’apprendre à s’en servir pour améliorer leur travail.
Hennessy Maraeauria alias Cronos, est un artiste bien connu du fenua. Pour lui, les IA sont un outil avant tout. « Ce que j’aime avec l’IA c’est de pouvoir générer des choses que je n’arrive pas forcément à trouver. Si je cherche une main posée sur une brique, au lieu de chercher 20 mn sur internet, l’IA pourra générer une image que j’utiliserai comme modèle. Je ne l’utilise jamais telle qu’elle. Pour moi, ça reste un outil. (…) Le fond du problème, c’est : si tu te reconnais en tant qu’artiste, est-ce que tu serais fier de créer à 100% avec l’IA ? C’est à chacun d’estimer. »

Charlie quant à lui confie : « Moi, je ne suis pas illustrateur, je ne sais pas dessiner. Je sais animer les dessins, mais je n’ai jamais su dessiner. J’ai toujours bossé avec des graphistes et illustrateurs pour avoir des dessins et c’est long, il faut expliquer ce que l’on veut. C’est vrai que le fait de pouvoir expliquer exactement la même chose à une machine qui comprend très vite et très bien, c’est « wouah » ».

Pour le photographe Moana, l’IA peut servir à créer des « Moodboards » : « des exemples d’intention à présenter au client, aux interlocuteurs. Dire, voilà, je pense à ça, est-ce que ça te plait ? »

Lire aussi : Le futur centre de recherches en IA de Polynésie ouvrira en septembre

En septembre prochain, le premier centre de recherches polynésien en intelligences artificielles ouvrira ses portes à Tahiti. Outre l’aspect recherches, il s’agira de sensibiliser, « expliquer aux gens en quoi l’intelligence artificielle ne va pas forcément être une solution à tout. Aujourd’hui, le vrai souci est que les IA les plus pertinentes sont détenues par les sociétés privées, estime Peter Meuel, directeur du CNAM Polynésie. Plus on va dépendre de ces IA, et plus on va dépendre des gens qui les contrôlent. Ce n’est jamais l’IA qui va supprimer un emploi, mais la personne qui contrôle l’IA qui va décider ou pas de préserver l’emploi.«  

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