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La communauté LGBT se bat pour briser les tabous

“Le seul moyen d’échapper à ces idées noires, c’était presque d’accepter la mort comme une délivrance, parce que je savais que je trouverai pas ma place, ni dans ma famille, ni dans la société", témoigne le chanteur Man's.

Avec sa voix enchanteresse et muni de sa guitare, Man’s est aujourd’hui épanoui dans la musique. Pourtant, il a fait partie de ceux qui ont dû porter ce fardeau.

 “Le seul moyen d’échapper à ces idées noires, c’était presque d’accepter la mort comme une délivrance, parce que je savais que je ne trouverais pas ma place, ni dans ma famille, ni dans la société, ni dans le monde entier”, témoigne-t-il.

Une période particulièrement éprouvante pour l’artiste : “J’ai dû être suivi par une psy, j’étais sous anti-dépresseurs. Le regard qui était posé sur moi par mon entourage, extrêmement homophobe, a créé une souffrance que je devais réprimer. On devient fou quand, à 14, 15 ans, on doit créer un personnage qui n’est pas le nôtre devant certaines personnes et être soi-même ailleurs.”

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Selon le rapport 2024 de l’association SOS Homophobie, le nombre des violences visant la communauté est encore difficile à quantifier aujourd’hui, même dans l’Hexagone. Pour bien des raisons. “ Les difficultés à porter plainte, à sortir du secret, des expériences de rejet, de discrimination, de violence ou à mettre des mots sur des situations complexes et parfois insidieuses, cachent bon nombre de cas de LGBTIphobies”, écrit l’association qui recense tout de même : “2377 cas en 2023”.

Au fenua, il n’existe pas encore de statistiques fiables sur la question. Mais à défaut d’avoir des chiffres, certains œuvrent à rendre visibles ces souffrances d’une autre façon. C’est le cas d’Océane Fouet. Psychologue de formation, la jeune femme, également peintre, prépare une exposition qui mêle art et social, prévue pour février 2025. Le résultat de nombreuses entrevues informelles, pour dévoiler une réalité invisibilisée.

“On attend des actions du gouvernement et des institutions”

Karel Luciani, président de l’association “Cousins Cousines”.

 “On peut penser que les personnes sont très bien acceptées parce qu’elles sont visibles, parce qu’on les voit dans les magasins, qu’on les voit dans la rue. Mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. Il y en a beaucoup qui ont eu des souffrances, qui ont eu des histoires de vie qui ont été très dures, très tumultueuses pour en arriver à être visibles”, constate-t-elle.

A travers ses tableaux, elle dépeint le profil émotionnel des personnes de la communauté, avec qui elle a pu échanger.

Il y a des émotions très positives, c’est très coloré, cela rappelle un peu la gay pride, les prides où on est dans la fête. Mais derrière, tu vas peut-être avoir des regards très profonds, peut-être des larmes, peut-être des textures qui vont venir casser ton visage. Tu vas comprendre que ce n’est pas juste des couleurs et qu’il y a autre chose”, souligne d’Océane Fouet.

L’artiste envisage de reverser une partie des recettes de son exposition à diverses associations dont “Cousins Cousines”. Un appui d’autant plus important pour ces associations qui manquent encore de soutien à l’échelle locale.

Le tabou est un peu brisé, mais il y a encore du travail à faire. Il y a certains établissements scolaires où on ne peut pas parler du sujet, où c’est toujours un tabou, donc il faut quand même une volonté politique. Nous, on attend des actions du gouvernement et des institutions”, explique Karel Luciani, le président de l’association “Cousins Cousines”.

Pourtant reconnue d’utilité publique par l’État, cette dernière essuie encore des refus lorsqu’elle veut sensibiliser à la cause LGBT auprès de tous les publics.

Car dans la société actuelle, cette démarche peut encore être assimilée à une forme d’idéologie. Un frein qui n’aide pas à réduire la stigmatisation, et par conséquent, les violences envers les personnes de la communauté LGBT.

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