La Ligue contre le cancer alerte sur la nécessité d’une régularité des soins

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Jeudi 4 février, journée mondiale de la lutte contre le cancer, nous avons fait le point sur la situation au fenua avec Patricia Grand, présidente d'honneur de la Ligue contre le cancer en Polynésie française. Elle souhaite alerter les autorités sur "la non-régularité des soins qu'on peut avoir avec des contrats de médecins qui viennent pour des remplacements à court terme et qui s'en vont", ce qui tend à décourager les patients à poursuivre leurs soins.

Publié le 05/02/2021 à 10:35 - Mise à jour le 05/02/2021 à 10:35

Jeudi 4 février, journée mondiale de la lutte contre le cancer, nous avons fait le point sur la situation au fenua avec Patricia Grand, présidente d'honneur de la Ligue contre le cancer en Polynésie française. Elle souhaite alerter les autorités sur "la non-régularité des soins qu'on peut avoir avec des contrats de médecins qui viennent pour des remplacements à court terme et qui s'en vont", ce qui tend à décourager les patients à poursuivre leurs soins.

En Polynésie, un plan cancer sur 5 ans a été lancé il y a 2 ans. Où en est ce plan quinquennal aujourd’hui ?
« Je crois que ce plan a petit à petit évolué. Des réalisations ont été faites. On va dire qu’à l’hôpital quand même il y a eu beaucoup de progrès pour la prise en charge, avec le PET scan qui va bientôt arriver et il y aura une deuxième IRM qui sera mise en place dans le privé. Maintenant, il faut quand même le dire, il y a aussi à Taravao une évolution, puisque maintenant les patients peuvent faire leur chimiothérapie à Taravao, à Raiatea également. Aux Marquises, sous l’impulsion de la Ligue, il y a désormais un mammographe, donc les Marquisiennes peuvent se faire dépister sur place. »

Mais ça ne suffit pas pour pousser les femmes à se faire dépister…
« Alors ça c’est un peu notre grande interrogation et je dirais presque mon désespoir. Malgré la centaine de réunions que nous avons tenues dans les communes, dans les îles, dans les différentes paroisses, les médecins nous alertent régulièrement en disant qu’il y a encore malheureusement des Polynésiennes qui arrivent chez le médecin trop tardivement. Et sincèrement, on n’a pas la réponse. Nous, la Ligue, on aimerait bien avoir la réponse, savoir pourquoi ces Polynésiennes ne vont pas se faire dépister et même pourquoi ces Polynésiennes, une fois qu’elles se rendent compte qu’elles ont une tumeur et même quelques fois des tumeurs assez importantes, pourquoi elles n’y vont pas ? Dans les réunions, certaines m’ont dit qu’elles ne vont pas se faire dépister parce qu’elles ont peur qu’on leur dise qu’elles ont un cancer. Et je leur dis, mais une fois que vous avez un cancer, qu’on a constaté que vous avez quelque chose, pourquoi n’y allez-vous pas ? Et je n’ai pas de réponse. Et ça c’est un gros souci. Malgré tous les moyens que la Ligue a mis en place… On a fait un partenariat avec une agence de communication, il y a eu des spots. Il y a eu une avancée puisque c’était sur les principaux cancers. La prévention s’est faite sur le cancer du sein, du poumon et malheureusement nous avons encore trop d’hommes et de femmes qui fument trop. Il y a le cancer de la prostate aussi pour lequel les hommes devraient aller voir un médecin à partir de 50 ans. Pour le reste des cancers, en général il n’y a pas de signes. »

Est-ce que vous disposez aujourd’hui de suffisamment de moyens humains comme matériels pour la prise en charge des patients ?
« Dans les hôpitaux, dans l’ensemble, on a les moyens. Mais est-ce qu’ils sont suffisants ? Non. Je voudrais justement alerter les autorités, que ce soit l’hôpital, le gouvernement, la CPS, sur la non-régularité des soins qu’on peut avoir avec des contrats de médecins qui viennent pour des remplacements à court terme et qui s’en vont. Là on vient de me dire qu’une hématologue va partir. Est-ce qu’on a les remplacements ? Et là, la Ligue voudrait mettre son doigt sur ce point-là. Il faut vraiment faire en sorte qu’il y ait une continuité des soins. Vous savez, un patient cancéreux, ses soins durent des années et lorsqu’il va voir un médecin, et six mois après ça change, et six mois encore après ça change, quelques fois il a envie d’arrêter ses soins. Et le deuxième point sur lequel je veux insister, c’est au niveau de la prise en charge des bénévoles. Nous avons déjà nous du mal. À Paris, les associations n’ont pas beaucoup de bénévoles et c’est une nécessité absolue. Quelques fois elles sont un peu malmenées malheureusement, et à la CPS également on manque cruellement de visiteuses puisque je viens d’apprendre qu’elles ne sont que 2 visiteuses pour 100 patients à suivre en France, donc c’est difficile. Et nous la Ligue, on fonctionne avec les bénévoles également. On a à peu près 8 bénévoles en Polynésie, et c’est vrai qu’avec le covid, l’activité est réduite aussi. »

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