Comme chaque année depuis 2015, la commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique publie le résultat de ses travaux. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a continué de surveiller la radioactivité dans plusieurs îles de Polynésie française, incluant sept îles réparties dans cinq archipels, en y intégrant l’atoll de Takapoto.
Cette surveillance, initiée durant les essais atmosphériques nucléaires des années 1945 à 1980, vise à détecter les radionucléides artificiels comme le césium 137 (137Cs), le seul encore présent dans certains échantillons de denrées alimentaires.
L’IRSN observe une diminution progressive des niveaux de 137Cs dans l’environnement, atteignant actuellement 30 % des niveaux initiaux. Une baisse qui s’explique par la décroissance radioactive naturelle de cet élément, avec une période de 30 ans.
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L’exposition aux rayonnements ionisants « quasi-exclusivement d’origine naturelle »
Les mesures effectuées sur des aliments locaux (fruits, légumes, poissons, viandes) indiquent que les traces de radioactivité d’origine artificielle sont faibles. Les niveaux de 137Cs, lorsqu’ils sont détectés, demeurent sous le seuil d’1 Becquerel par kilogramme de matière fraîche (Bq/kg) dans les rares échantillons concernés. L’IRSN estime ainsi que l’exposition de la population polynésienne aux rayonnements artificiels est inférieure à 0,003 millisievert par an (mSv/an), une dose largement négligeable comparée à l’exposition due aux sources naturelles (1,7 mSv/an).
L’exposition de la population aux rayonnements est « quasi exclusivement d’origine naturelle » , note le rapport. « Le rayonnement cosmique, les radionucléides d’origine naturelle présents dans les sols et dans les denrées et le radon dans l’air contribuent, hors exposition médicale, pour plus de 99% à l’exposition de la population » .
L’IRSN évalue la dose annuelle moyenne d’exposition externe et interne à 1,7 mSv, soit trois fois inférieure à celle observée en France métropolitaine. Les retombées radioactives des essais nucléaires, bien qu’encore détectables, ont un impact minime, car le plutonium et le strontium ne contribuent pratiquement pas à l’exposition externe, et leur ingestion via l’alimentation reste négligeable.
Moruroa et Fangataufa géologiquement stables
La surveillance géomécanique de l’atoll de Moruroa a permis de classer le niveau de risque pour 2023 au niveau 0, signifiant l’absence de risque immédiat de glissement ou de fractures significatives. Le système TELSITE, qui effectue un suivi en temps réel des mouvements de l’atoll, confirme la faible activité microsismique de la zone Nord-Est, avec des événements de magnitude inférieure à 1,7, sans signe d’instabilité majeure. Les mesures géomécaniques montrent une stabilisation progressive des mouvements des massifs coralliens.
Les observations effectuées à Fangataufa révèlent également une stabilisation de la structure géologique de l’atoll.
Les résultats et films relatifs à la surveillance sont consultables
sur les sites de la défense, de l’irsn, et sur mesure-radioactivite.fr