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La rue, lieu de vie et de mort des sans-abri

Une commerçante agressée par un sans-abris, deux autres SDF morts, eux, dans l’indifférence quasi générale. En une semaine à peine, le monde de la rue a montré un visage cruel. Entre insécurité et misère sociale, le quotidien des sans-abris de Papeete est le reflet des maux de notre société. (Photo d'archives/ TNTV)

Ils errent chaque jour dans les rues de Papeete. Les sans-abri se mêlent aux passants et aux commerçants de la ville. La casse sociale est au cœur de la capitale. Les policiers municipaux sont régulièrement alertés pour des incivilités, voire pour des coups portés. Comme ce mardi matin, pour une commerçante, frappée sans motif.

« Il m’a lancé un café chaud dans le dos. J’ai été le voir pour lui demander pourquoi il m’avait fait ça. Il m’a donné un coup de pied et plusieurs coups de poing dans le dos et dans la nuque », témoigne celle-ci qui souhaite conserver l’anonymat.

Les agressions physiques demeurent heureusement rares. Les insultes, en revanche, sont fréquentes aux dires de plusieurs commerçants et passants. Mais derrière la mendicité se cachent souvent des blessures intimes, des maux profonds. Père Christophe connaît le parcours de vie de chacun des sans-abri qu’il accompagne. Selon lui, 20 à 25 % d’entre eux présentent des troubles psychiatriques.

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« Ce mardi, on avait nos consultations. On a pas mal de sans-abri qui suivent leur traitement, mais c’est vrai que la plupart du temps, c’est quand même lourd », souffle l’ecclésiastique.   

« Il est important qu’ils ne meurent pas anonymes »

L’alcool, les drogues, les violences aussi, marquent les corps de ces sans-domicile-fixe usés prématurément par la vie. La semaine dernière, 2 d’entre eux ont trouvé la mort dans la rue. Le premier s’est effondré lors d’une distribution de repas. Le second a rendu son dernier souffle, seul, non loin de la place Vaiete. Ils avaient 43 et 46 ans.  

« Ils étaient jeunes. Cela nous fait de la peine. On me pose la question : ‘pourquoi mettre leurs noms et leurs photos ?’. C’est justement pour briser l’anonymat. Ils ont une vie anonyme et il est important qu’ils ne meurent pas anonymes. Il faut que la communauté les reconnaisse », souligne Père Christophe. Pour le vicaire de la cathédrale de Papeete, ses protégés sont les premiers à faire les frais « du système injuste de la répartition des richesses ».

Sur les neuf SDF décédés depuis le début de l’année, trois sont morts au sein d’une famille d’accueil, les autres sans quiconque pour les entourer. Mais il y a aussi, et heureusement, de bonnes nouvelles. 4 personnes qui vivaient dans la rue ont récemment trouvé un toit pour les accueillir grâce à l’implication de tuteurs bénévoles.

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