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La société Jus de fruits de Moorea, victime d’une arnaque, dans une situation « catastrophique »

La société Jus de fruits de Moorea a perdu 150 millions de Fcfp… La société a été victime d’une « arnaque au président » comme l’expliquaient vendredi nos confrères de Tahiti infos. 
L’arnaque au président réalisée par téléphone ou par mail consiste pour des escrocs, à convaincre le collaborateur d’une entreprise d’effectuer en urgence un virement important à un tiers pour obéir à un prétendu ordre du dirigeant, sous prétexte d’une dette à régler, de provision de contrat ou autre. Une arnaque connue et qui touche des entreprises partout dans le monde. 

« Pour nous, c’est un véritable cauchemar. C’est un film qui tourne mal » a réagi Jean-Michel Monot, directeur de la société, dans un communiqué. Les salariés étaient pourtant sensibilisés : « Depuis 3 ans, nous communiquons en interne sur ces escroqueries. Les salariés concernés par cela (encadrement, comptabilité, administratif) ont reçu des recommandations et messages afin qu’ils remontent immédiatement l’information à la direction en cas de doute, de nouvelles demandes hors procédures. »

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> Les faits se déroulent alors que le directeur est absent

L’arnaque a eu lieu alors que le directeur était en congés. C’est à son retour, lundi dernier, qu’il a découvert ce qui s’était passé. Il explique :  « Au départ, l’agent comptable de Jus de Fruits de Moorea a reçu un appel téléphonique d’un soi-disant avocat d’un cabinet réputé, situé en Europe. Quelques minutes plus tard, notre comptable recevait un email, d’une personne se faisant passer pour moi, mais bien entendu sous une autre adresse mail, dans lequel le fraudeur lui donnait des instructions pour mener une opération financière confidentielle. Et c’est là que commence l’envoûtement. En positionnant la comptable dans une situation « ultra confidentielle », l’escroc va réussir à lui faire croire qu’elle est investie d’une mission importante et la responsabiliser. Il lui demande de ne me faire aucune allusion sur le sujet et de ne jamais m’en parler. Que s’est-il passé dans la tête de notre comptable ? Difficile à comprendre.(…) Elle va donc, sur la demande du fraudeur se faisant passer pour moi, remettre tous les éléments nécessaires et surtout totalement sortir des procédures de contrôle interne pour que des virements puissent arriver aux banques. Et le fait nouveau par rapport à ce que j’avais pu voir ou lire sur ce sujet, c’est que durant plusieurs jours, malgré que nous nous voyions tout le temps (mon bureau est à 5mn du sien), elle ne va jamais évoquer la moindre remarque, le moindre doute. Sa proche collègue comptable depuis plus de 30 ans à qui elle se confie très souvent n’en saura pas plus. Dans la même période, je vais m’absenter pour congés durant une semaine. Sur ordre du fraudeur, elle va « jongler » avec la trésorerie de l’entreprise et répondre à toutes ses demandes, dont le règlement de plusieurs factures. »

> Une « situation catastrophique »

Jean-Michel Monot explique que l’affaire a eu lieu dans une période où la société  perçoit les recettes du mois de décembre, « le plus gros mois de l’année en termes de chiffre d’affaires ». Le directeur souligne que « Jus de Fruits de Moorea ne possédait pas des centaines de millions de francs en trésorerie. Comme la majorité des entreprises, nous avons des accords avec les banques pour un découvert autorisé afin de pallier aux fluctuations de nos entrées sorties d’argent. Chez nous, ce découvert est important. » 

L’avenir s’annonce sombre pour l’entreprise. « Jus de Fruits de Moorea est dans une situation financière catastrophique », selon son directeur. « Nous avons un sentiment d’injustice énorme et nous sommes assommés. » Remettre l’entreprise sur pieds sera un défi « immense ». 

> Les établissements financiers ont « un devoir de vigilance »

Jean-Michel Monot appelle les établissements financiers à mettre en place « des contrôles bien plus stricts concernant les virements des entreprises à l’étranger. Ces derniers ont un devoir de vigilance et constituent le dernier rempart pour éviter les fraudes dont pourraient être victimes leurs clients, particuliers et entreprises. Pour Jus de Fruits de Moorea, cela n’a pas été le cas malgré les montants importants et inhabituels envoyés vers la destination Hong Kong en Chine, réputée pour être une passerelle internationale pour les escroqueries et le blanchiment d’argent. »

Une plainte a été déposée auprès de la Brigade financière de Papeete et une enquête est en cours. L’entreprise emploie une trentaine de salariés et fait également vivre des dizaines de planteurs d’ananas. 

Rédaction web 

Le communiqué en intégralité : 

 

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