« En tant que parlementaire, nous avions peu évoqué ce sujet là, surtout de la procédure d’extension de l’état d’urgence à l’outremer, à part quelques territoires (ndlr : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy et Saint-Martin). A l’époque, sous le prétexte que nous étions un peu loin, cette procédure ne s’appliquait pas chez nous. (ndlr: Saint-Pierre-et-Miquelon, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, échappent à cet élargissement de l’état d’urgence car elles sont « dans une situation géographique qui ne le nécessite pas », avait affirmé Mme Pau-Langevin, alors ministre des Outre-mer).
« Malheureusement » poursuit la sénatrice, « ce matin nous apprenions que les autorités de l’Etat ont divulgué qu’il y avait trois Polynésiens fichés S aujourd’hui, (ndlr : quatre si l’on inclut le Polynésien arrêté à Besancon). Ma première réaction est que dès la rentrée parlementaire, j’enverrais une question orale au ministre en charge de la justice et lui demanderais qu’elle est sa position aujourd’hui. Doit-t-on étendre l’état d’urgence à la Polynésie française ? »
« Moi, j’estime que oui » affirme Lana Tetuanui, argumentant, « preuve en est aujourd’hui. On commence par trois, mais ma crainte est que le phénomène soit multiplié par mille dans les prochaines semaines ».
Visiblement inquiète, la sénatrice en appelle à « la conscience des élus de ce pays, à l’Etat. Il faut qu’on se mette au travail aujourd’hui, parce que c’est un phénomène qui fait peur ». « ils sont là. Même à 20 000 kilomètres, ils sont là. » insiste Lana Tetuanui. « En tant que parlementaire, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour trouver des solutions pour mettre un frein à tout cela. »
Il semblerait que les Polynésiens radicalisés à Nuutania, le soient devenus, suite à l’un d’eux, revenu de métropole après y avoir purgé une peine de prison. Alors, faut-il ne plus y envoyer de Polynésiens y effectuer des peines ? « Voilà un autre problème de société. Les prisonniers polynésiens envoyés en France, rentrent dans la catégorie dite « dangereux » (…) mais si c’est pour avoir le résultat que nous avons aujourd’hui, il faut arrêter. »
En colère et abasourdie, Lana Tetuanui n’en démord pas. « Nous, Polynésiens, ne pouvons avoir de pareilles attitudes. Nous sommes un peuple, internationalement reconnu comme accueillant. nous vivons dans la paix. Certes nous avons des problèmes de société comme beaucoup de pays, mais en arriver à ces extrêmes là, je dis non. »
Prenant le contre-pied de René Bidal, le Haut-commissaire qui qualifie « d’épiphénomène » l’islamisme politique à Nuutania, la sénatrice rétorque, « il n’y a pas de fumée sans feu. Il y a des petits bourgeons et après cela, ça prolifère (…) ils peuvent frapper n’importe où et n’importe quand » assène Lana Tetuanui, n’osant imaginer un seul instant qu’un tel phénomène puisse gangrèner la société polynésienne.
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