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Le syndicat pour la promotion des communes accueille une vingtaine de nouveaux maires et regarde vers l’avenir

Les maires en ateliers lors du séminaire "Ma commune, mon avenir" organisé par le SPCPF à la salle Manu Iti de Paea

Quel avenir pour les communes en plein marasme sanitaire et économique ? Loin de se laisser décourager, les maires et élus communaux foisonnent d’idées malgré le contexte…

Au cours de cette semaine, les 48 tavana du fenua se sont réunis à Matatia, à Punaauia, puis à la salle Manu Iti de Paea, pour un séminaire qui a fait office de congrès des communes. Le premier de cette mandature qui s’ouvre… et un baptême du feu pour les nouveau maires : pas moins d’une vingtaine!

 » Maintenant, c’est concret! C’est important pour nous, élus des Tuamotu, dont la géographie est éclatée, de rencontrer les autres et de confronter nos expériences. Je sens une fusion de tous les tavana qui veulent avancer. Ca nous pousse », confie Iseult Butcher, la nouvelle tavana de Hao.

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Un groupe de travail lors d’un atelier de réflexion

« J’ai toujours été dans une posture d’agent, durant toute ma carrière », raconte le nouvel édile de Paea, Tony Geros. « On exécute alors les décisions des décideurs… Aujourd’hui, c’est le contraire. A présent, je suis dans la posture du décideur, et je fais exécuter les décisions que je prends. C’est un grand challenge, je dois dire! Prendre une décision, dans une vie antérieure, on pensait que c’était facile, mais dans la nouvelle vie, on s’aperçoit que c’est pas si évident qu’on le pensait », concède-t-il.

La montée des eaux : déjà une réalité pour les atolls, qui préparent l’avenir

Mercredi et jeudi, les élus et leurs directeurs généraux des services ont échangé sur leurs visions de l’avenir. Malgré les disparités entre les îles, ils apportent des réponses collectives aux grands enjeux de société : autosuffisance alimentaire, réchauffement climatique, lien social… « L’eau commence à monter. On voit actuellement, avec les grosses houles qui viennent, de plus en plus d’inondations. Ça nous inquiète cette montée des eaux dans nos îles », explique Raphaël Villant, tavana de Puka Puka. « Je ne sais pas ce qu’il va arriver dans 30 ans, personne ne le sait. Mais on doit prévoir et ne pas attendre d’être confrontés au problème. J’aimerais ne jamais quitter mon île, mais s’il y a une montée des eaux trop importante nous n’aurons pas le choix… Et que ferons-nous, alors? Ca va être dur, on aura tout perdu : notre vie, notre culture, notre identité. On devra tout reprendre à zéro! Imaginez-vous sur une île flottante, sans notre patrimoine, sans notre terre… Nous devons nous y préparer mais ce n’est pas facile de l’imaginer »!

Iseult Butcher imagine elle aussi comment sa population pourrait réagir en cas de réchauffement climatique accru : « Dans les Tuamotu de l’Est, demain, nous serons des réfugiés climatiques. On va devoir déplacer nos populations. Nous espérons que les Gambier seront d’accord pour nous accueillir, c’est à eux que nous avons pensé s’ils veulent bien de nous! »

Une situation sanitaire et sociale complètement bouleversée par la Covid 19

Au cours de ces derniers mois, toutes les communes du fenua ont du faire face à l’arrivée de la Covid 19 en Polynésie, et à la gestion de ses conséquences. La santé publique est devenue une priorité. L’organisation de l’espace public, avec la mise en place de la distanciation sociale, implique de nouveaux codes. C’est devenu un défi quotidien. « La crise sanitaire m’inquiète beaucoup, on a vu les effets qu’elle a eu et je suis très très inquiet », confie le maire de Puka Puka. A Hao, « on sait que le virus est là. On fait attention, mais on essaie aussi de se projeter ».

Les maires réclament plus d’autonomie

« Le sentiment qui se dégage de ce mini-congrès des maires à Tahiti, c’est que les tavana ont vraiment envie d’être les acteurs du développement dans leur commune », argumente le maire de Bora Bora. « Mais pour être acteur, il faut avoir plus de liberté de mouvement, plus d’autonomie, comme le déclarent certains. Non seulement c’est au maire de définir sa vision de son île, mais c’est aussi à lui de bénéficier des fruits de son travail et de ses choix, afin d’accompagner son île dans son développement. Pourquoi c’est toujours le Pays qui décide de refaire des routes, de refaire des quais… Pourquoi ne pas laisser aux communes la gestion des travaux dans leur périmètre, si leur économie le justifie? A Bora Bora, avec toutes les retombées financières dûes au tourisme, je suis en capacité d’assumer moi même l’entretien et la rénovation des réseaux publics. Je suis pour la solidarité, mais tout en encourageant les communes qui souhaitent être des moteurs ».

Davantage d’autonomie… mais pas de compétences supplémentaires pour Gaston Tong Sang.

« Je ne suis pas de cette catégorie d’élus qui pensent qu’avec plus de compétences, on aura plus de choses. On est dans un ensemble, et il faut trouver un équilibre de répartition. Il faut à la fois être solidaires avec les communes les plus démunies, mais aussi laisser une marge de manœuvre aux autres et les encourager à tirer la charrue aux côtés du Pays ». Pour Gaston Tong Sang, la crise de la Covid 19 permet de repartir sur de nouvelles bases, plus solides. « On a annoncé la couleur : plus de grands paquebots. Plus de monstres. Au niveau du développement des hôtels, on va aussi faire une pause. On recherche un équilibre entre le développement, le besoin de préservation, l’environnement, les traditions, c’est un tout. Et je pense qu’on n’est pas loins de cet équilibre« .

Il faut imaginer d’autres projets de développement qui créent autant d’emploi qu’un hôtel mais qui respectent nos équilibres « 

« Gaston Tong Sang

Une autonomie accrue… c’est aussi le voeu formulé par Tony Geros :« Avec mon groupe, on a choisi la réalité idéale. C’est celle qui détache un peu les communes de la contrainte réglementaire et législative, du Pays et de l’Etat. C’est celle qui consiste à dire que les communes doivent avoir tous les leviers en main pour pouvoir décider et dans tous les secteurs. Ce sont ces leviers qui nous manquent pour pouvoir répondre aux besoins de nos concitoyens en matière d’emploi, de détresse sociale… On est au premier rang pour pouvoir régler ce genre de problème ».

Le JT du Futur… et vous, comment imaginez-vous votre commune en 2030?

Au cours de ce séminaire, les élus ont présenté, dans des modules sous forme de journaux télévisés, et crées par la Pacific Ventury, leurs projets pour le futur… La nouvelle maire de Hiva Oa, Joëlle Frébault, espère offrir aux habitants de son île de l’eau potable…

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