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Les auto-écoles du territoire montent au créneau contre le CFPA

Si elle n’avait pas suscité d’inquiétudes du côté des auto-écoles lors de sa mise en place en 2021, la préparation au permis B dispensée par le Centre de Formation Professionnelle des Adultes à ses stagiaires est dorénavant dans le viseur des professionnels du secteur. Ces derniers s’inquiètent de l’ambition affichée par le CFPA de multiplier par 10 le nombre de ses candidats en 2025, soit 400 stagiaires.

Un chiffre jugé démesuré par l’Association des auto-écoles de Polynésie, qui a écrit fin novembre à Antony Géros pour dénoncer l’absence de concertation préalable et les potentiels impacts sur la santé économique des formateurs privés. Principal grief remonté par les auto-écoles, la concurrence déloyale dont bénéficie le CFPA, subventionné selon les chiffres de l’Association à 60 millions de francs pour 2021 et 78 millions pour 2022.

« Jusqu’à présent, ça nous faisait peu de tort, mais comme le CFPA déploie un grand dispositif, ça va commencer à devenir difficile puisqu’ils vont puiser dans notre vivier de clientèle » , ajoute Dorel Carenco, gérant d’une auto-école. En trois ans, 274 stagiaires ont ainsi été formés par le CFPA. Pour un coût par élève plus élevé : « Pour une formation qui coûte environ 250 000 francs chez nous, entre code et conduite, et encore on compte large, on prend une belle enveloppe, on est à 850 000 francs par le CFPA » , poursuit le gérant.

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Un écart que le directeur du CFPA Michel Blanchemanche explique par les besoins en investissement, matériel et humain. « J’ai beaucoup plus de véhicules, puisque j’ai 7 enseignants de conduite, que j’appelle formateurs puisqu’ils remplissent le statut d’instructeur de formation. Ne serait-ce que pour le lancement du projet, il a bien fallu investir initialement les bâtiments, mettre en place les moyens pédagogiques et grâce au plan de relance que l’on a eu, on a pu mettre en place les simulateurs de formation » , explique-t-il. Deux simulateurs dont ne disposent pas les autos-écoles du territoire, acquis sur le budget de fonctionnement du CFPA en 2021.

Pour Michel Blanchemanche, le CFPA répond aux besoins d’un public qui nécessite un accompagnement plus soutenu qu’en auto-école privée. Comme en auto-école, plus de cinquante heures de stage théorique intensif sont dispensées aux stagiaires. Mais le CFPA y ajoute 20h d’écoute pédagogique et 68 heures en atelier de sensibilisation. « Une des principales difficultés, c’est la compréhension de nos stagiaires à comprendre une diapositive, comprendre une situation et à partir de là, nos formateurs sont en train de mettre en place des outils pédagogiques spécifiques (…) on forme au code pendant 70 heures et à la conduite pendant 35 heures minimum » , précise-t-il.

Pour atteindre l’objectif de 400 nouveaux stagiaires, le CFPA a proposé un partenariat aux auto-écoles en juillet 2024, consistant en une délégation des heures de conduites non réalisées par le CFPA à certaines auto-écoles, pour un tarif horaire fixé à 7 000 francs de l’heure. Une proposition acceptée par 4 auto-écoles sur 17 présentes, les 13 autres refusant de recourir à des fonds publics dans un tel cadre, plaidant plutôt pour une attribution financière dès le stade de la formation théorique.

Car le nerf de la guerre est le taux de réussite des élèves. Sur 83 élèves en 2023, les représentants des auto-écoles défendent un taux de réussite de 100% contre 51% pour le CFPA. Un chiffre que la ministre en charge de la Formation professionnelle Vannina Crolas relativise, indiquant un taux de réussite de « 15% pour les permis aidés financés par la DTT » , dont les agents dénonçaient en octobre le manque d’effectif et de moyens, notamment à la cellule permis.

Les professionnels du secteur prédisent une baisse de leur activité d’environ 20% en 2025. Et des lendemains difficiles si un tel dispositif était maintenu.

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