Le secrétaire d’État à la mer veut suivre le cap du Pays : le développement du secteur maritime ! Et tout le monde s’accorde sur la priorité numéro 1 : la formation. Sans personnel qualifié, difficile en effet de se projeter avec de futurs équipages. « Sans les hommes, on ne peut rien développer. Aujourd’hui, nous sommes en déficit de marins et notamment de capitaines de pêche, affirme Georges Moarii, armateur de capitaine de thonier. Il faut vraiment relancer la formation, susciter des vocations. »
Au Centre des métiers de la mer, certains élèves ont eu très tôt la vocation. Le Centre forme des jeunes à partir de 18 ans, mais aussi des marins déjà embarqués qui veulent se spécialiser, ou recycler des acquis. Les cours sont spécifiques à la pêche, aux métiers du pont, à la mécanique ou au secteur du tourisme. Mais là aussi, le Centre manque de formateurs : 10 postes sont vacants.
Le directeur par intérim, Heifara Trafton espère attirer des professionnels « qui veulent revenir à terre » et transmettre, ou faire une pause. « Il y a un vivier qui existe, mais l’adéquation entre l’envie et le recrutement est différent ».
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Dans un territoire entouré d’un grand océan, le pays vise un objectif ambitieux : celui de tripler ses capacités de pêche. Et l’État s’engage à l’accompagner.
Mais pour y parvenir, encore faut-il préparer la main d’œuvre. Soit 1000 marins selon les estimations.
« Nous lancerons une étude sur la formation, sur comment on arrive à avoir des formations adaptées dans le cadre de ce qui existe avec le Centre des Métiers de la mer, annonce Hervé Berville. Comment on valorise mieux ces métiers-là, parce que souvent, on ne connait pas les métiers de la mer. Et puis, comment on adapte ces formations aux besoins des armateurs, aux enjeux de la transition énergétique, écologique. »
Il s’agit donc de poser un diagnostic partagé afin de mesurer les besoins du secteur. Au centre des métiers de la mer, on prépare la relève. 60% des élèves suivent les formations du pont, 40% la filière pêche. Teihoarii Yu Hing est pêcheur et a choisi de faire « la formation pont pour pouvoir évoluer dans le domaine du commerce, mais aussi pouvoir passer des modules de pêche par la suite pour qu’au final je puisse faire du commerce et de la pêche en même temps ».
Passionnée par la mer, cette promotion s’engage dans un métier exigeant. Nahema Charles le sait. En formation pour le brevet de capitaine de pêche côtière, elle se heurte déjà à une première contrainte : pour acquérir une embarcation neuve avec l’aide de la défisc’, il faut compter deux ans de navigation. « On ne trouve pas ça cohérent parce qu’on nous dit de venir passer ce diplôme pour être pêcheur, et après on nous dit d’attendre deux ans pour avoir une embarcation nouvelle. On est un peu perdus. Si on ne trouve pas d’équipage, il faut débourser de l’argent pour avoir un bateau d’occasion, et deux ans après, on débourse encore pour avoir un bateau neuf. À savoir que sur les bateaux d’occasion, tu as plein de réparations à faire. »
À l’écoute, le secrétaire d’État prend note. Mais la priorité reste la formation. Et dans cet accompagnement, des bourses pour des cursus spécifiques en France sont envisagées.