Teriieroo a Teriierooiterai a vu le jour le 31 octobre 1875 à Punaauia. Descendant des chefs de ce district, il effectue ses études chez les Frères de Ploërmel à Papeete. Il devient ensuite postier, puis instituteur, métier qu’il exerce à Papenoo.
Le gouverneur de l’époque le nomme alors chef du district. « Il va beaucoup œuvrer sur la côte Est. C’est lui qui contribue à l’ouverture de la route du col du Tahara’a. Il participe aussi à la construction du pont de Papenoo et il est également l’un des pionniers du développement de l’agriculture dans ce district », explique Jean-Christophe Teva Shigetomi, auteur de plusieurs ouvrages sur les Polynésiens engagés dans les deux Guerres Mondiales.
Teriieroo a Teriierooiterai est, dans la foulée, nommé au sein de la Chambre de l’agriculture puis siège à l’Assemblée des délégations économiques et financières, ce qui renforce un peu plus son aura.
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« Il avait une grande classe et beaucoup de prestige auprès de ses administrés. C’est aussi un homme d’Église. Il fait partie du Conseil supérieur des églises tahitiennes. C’était un grand croyant, mais aussi un grand patriote empreint de nationalisme, français comme tahitien », souligne Jean-Christophe Teva Shigetomi.
Lorsque la France capitule face à l’Allemagne, plusieurs personnages de premier plan au fenua « n’acceptent pas la défaite » et refusent de faire allégeance au Maréchal Pétain et au régime de Vichy. « Un noyau de résistance va se créer, qu’on appelle le ‘Groupe de Mamao’ dans lequel la famille Martin est profondément investie. Ce sont eux qui, au départ, refusent l’amnistie et le diktat du Maréchal ». Un « petit groupe » derrière lequel « Teriieroo va se ranger » rapidement.
En 1940, un vote est organisé localement. Il aboutit au plébiscite du général de Gaulle. Le « Grand Charles » obtient près de 6000 voix contre 18 pour le Maréchal Pétain. « Teriieroo va suivre ce mouvement. Et c’est très important qu’il intervienne, car c’est un grand orateur et on a besoin des populations locales. C’est lui qui les stimule avec ses grands discours. Il y a d’un côté des notables, souvent des ‘demi’, et, de l’autre, des chefs tahitiens. Il faut obtenir leur adhésion et Teriieroo en fait partie. En ralliant le ‘Groupe de Mamao’, il va amener avec lui les forces vives polynésiennes (…) Pouvanaa a Oopa participe lui aussi à ce ralliement (….) Les Polynésiens ont besoin de metua. Ce metua, à cette période, a été Teriieroo », estime Jean-Christophe Teva Shigetomi.
Mais en 1940, Teriieroo a Teriierooiterai a déjà 65 ans. Il est donc trop âgé pour faire partie des volontaires qui s’engagent dans le fameux Bataillon du Pacifique que commande le capitaine Félix Broche pour se battre aux côtés des alliés. Reste que son action sur le terrain et son charisme ont contribué à la mobilisation des Polynésiens.
Pour l’ensemble de ses services, il se voit décerner la Légion d’honneur ainsi que la Croix de la Libération par le général de Gaulle. Il est l’un des rares Polynésiens à avoir reçu cette prestigieuse distinction.
Affaibli, Teriieroo a Teriierooiterai se retire de la vie publique en 1947 et s’éteint 5 ans plus tard à Papenoo, où il est inhumé. « Aujourd’hui, il est complétement tombé dans l’oubli. Les nouvelles générations ignorent totalement son histoire », constate Jean-Christophe Teva Shigetomi.
Pour autant, celui-ci estime que le choix d’avoir donné son nom au nouveau patrouilleur de la Marine nationale n’est pas le plus judicieux. « Teriieroo était un maillon de la chaine, mais il n’était pas le seul. Et il n’a jamais été un marin. J’aurais préféré qu’on lui donne le nom de Maxime Aubry qui est mort à 102 ans, en 2021. Lui a été marin dans les Forces françaises libres. Mais ce n’est qu’un avis personnel », dit-il.