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Mathilde Zampieri, le windsurf au féminin

(crédit photo : Mathilde Zampieri)

Peu de windsurfeurs polynésiens se démarquent à l’international. Venue de Raiatea, Mathilde Zampieri a déjà largement fait ses preuves en représentant le fenua à maintes reprises.

À l’origine, une passion qui s’est transmise de père en fille. « Je suis arrivée à Raiatea quand j’avais 7-8 ans. En fait, c’est mon père qui faisait de la planche. Du coup, quand on est arrivé, il en faisait toute la journée. Ça m’a donné vachement envie, donc j’ai commencé avec lui et je ne me suis jamais arrêtée ».

La jeune femme pétillante confie avoir toujours réussi à gérer à la fois ses études et sa passion. Après l’obtention d’un baccalauréat littéraire en 2018 à Raiatea, elle se lance dans 2 années de STAPS à l’Isepp. Elle demande ensuite à passer directement en L2 en communication, un domaine qui l’intéresse davantage. À côté, elle suit également les cours du DU de journalisme dispensé à l’UPF.

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Malgré son activité de windsurfeuse, Mathilde ne néglige donc pas pour autant ses études. « J’ai beaucoup de chance de ne pas avoir trop de difficultés à l’école, donc j’arrivais à bien rattraper. Généralement, quand je pars, c’est deux semaines. Et donc je revenais, je rattrapais, je passais les examens. Pour mon bac, j’ai fait un mois de compétition en Corée, Japon, France. Je suis revenue trois jours avant mon bac, ça l’a fait ! ».

« C’est mon père qui faisait de la planche […] donc j’ai commencé avec lui et je ne me suis jamais arrêtée » (crédit photo : Mathilde Zampieri).

Plus jeune windsurfeuse sur le Tour mondial

Mathilde commence les compétitions locales à l’âge de 12 ans, mais c’est grâce à un partenariat avec la compagnie au tiare qu’elle fait son entrée à l’international.

« Je me suis repérée dans ce sport, pas grâce de mes résultats, mais grâce à des photos que je faisais. En 2013-2014, je devais avoir 14 ans. Il y a un photographe qui est venu et qui a fait des photos. Elles ont été publiées dans des magazines et c’est grâce à ça que j’ai pu décrocher Air Tahiti Nui comme sponsor quand j’avais 14 ans. […] Et grâce à Air Tahiti Nui, j’ai pu partir faire des compétitions et en gagner ».

En 2015, elle débute avec un Défi Wind puis enchaîne directement en 2017 avec les Championnats du monde. « Cette année-là, j’étais la plus jeune à être sur le Tour mondial. […] J’ai terminé 3e mondiale en junior et 18e en adulte chez les femmes. Puis en 2018, pareil :  17e chez les femmes et 3e en junior ».

Depuis 2018, Mathilde indique avoir participé à d’autres compétitions mais, avec son entrée à l’Isepp, le temps consacré au windsurf devient plus limité. « Et beaucoup d’étapes de Coupe du Monde ont été annulées. Parce qu’il faut savoir qu’il y a des étapes Coupe du Monde hommes et femmes, mais il y en a beaucoup plus d’hommes. Et quand ils n’ont pas le budget, ils annulent les épreuves de femmes, donc on en a beaucoup moins. Puis quand il faut aller en Turquie par exemple, c’est galère car il y a beaucoup de vols à prendre. Du coup, je n’ai pas fait de Coupe du monde en 2019. Je comptais reprendre à fond en 2020 et puis, la covid… La dernière compétition que j’ai faite, c’était un Défi Wind au Japon, en février 2020. »

(crédit photo : Mathilde Zampieri)

Être une rideuse dans un monde d’hommes

Selon Mathilde, le windsurf est un sport technique qui demande perfectionnisme et persévérance, d’autant plus en tant que femme. « Tu peux passer des semaines juste pour parfaire un tout petit détail. Quand tu es une fille, il faut s’accrocher parce que tu auras des remarques […]. [On disait que] je faisais ça pour attirer les garçons parce que j’étais en maillot. Alors que non, c’est juste qu’il fait 30°C et que je peux pas mettre de combinaison ».

Car même si son nom est déjà connu dans le monde du windsurf, la rideuse déclare avoir eu à gérer quelques discriminations. En Coupe du monde, le prize money chez les femmes n’est égal à celui des hommes que depuis cette année. Auparavant, les femmes gagnaient bien moins que les hommes.
La championne pointe aussi du doigt les commentaires sur les réseaux sociaux qui peuvent s’avérer sexistes et auxquelles elle a déjà dû faire face par le passé. Pour autant, Mathilde déclare que « malgré des disparités entre les hommes et les femmes, j’ai toujours eu la chance d’être entourée d’hommes extraordinaires qui m’ont toujours poussée vers le haut ».

(crédit photo : Mathilde Zampieri)

Ses accomplissements, elle ne les prend pas pour acquis et fait aussi part de ses craintes dans la discipline. « Là, je suis encore en Junior parce qu’en windsurf c’est jusqu’à 22 ans. Je sais qu’en Junior, je peux faire de bons résultats, des bons top 5 ou top 10 mondiaux. Après, en adulte, le problème c’est que je suis petite et légère. […] Tu es moins rapide que quand tu es grand et lourd. Donc à un moment […], je ne pourrais pas tenir face à des filles qui ont un gabarit plus avantageux. Pour l’instant, tant que ça marche, je le fais. Et même si ça ne marche plus, je pense que je continuerai parce que c’est vraiment quelque chose qui me plaît […], sans forcément être dans le top ».

Passionnée de glisse, mais pas que

Petite de taille, mais grande par son ambition. Mathilde ne cache pas son intérêt pour le monde de l’audiovisuel, et pour cause. En 2017 et 2019, elle est au centre de deux documentaires réalisés par l’américain Colter Johnson. L’un, intitulé « Vahine I te Moana », détaille sa vie de plus jeune rideuse de windsurf. L’autre, « Meherio » tourné avec Aelan Vaast et Vaimiti Teiefitu, dresse les portraits de ces jeunes femmes du bout du monde et invite à l’accomplissement de ses rêves.

Vahine I Te Moana remporte plusieurs prix : il est élu « most inspirational film » au Silicon Beach Films Festival de Miami et remporte l’award du « Best film » au Silicon Beach Film Festival de Los Angeles. Grâce à ce documentaire, Mathilde est également élue « best young actress » lors du même événement.

Aux multiples talents, la championne se positionne devant mais aussi derrière la caméra. Elle réalise régulièrement du contenu audiovisuel dans lequel elle met en avant les marques qui la sponsorisent.

« J’aime beaucoup tout ce qui est création, photos, vidéos. C’est ce que je fais depuis que j’ai 14-15 ans. […] L’image en général, que ce soit sous l’eau, en drône, je trouve ça vraiment cool ». « Je suis en partenariat avec AquaTech […], je crée du contenu pour eux et je crée du contenu pour pas mal de marques à côté. […] Je ne gagne pas d’argent avec mais pour l’année qu’on a eue, ça m’a permis de proposer autre chose aux marques qui me sponsorisent. […] C’est vraiment un compromis, ça m’a permis cette année de ne pas perdre des contrats de sponsoring ».

Plus tard, elle souhaite se tourner vers une carrière dans la réalisation et l’écriture. Et l’excellence semble être de famille chez les Zampieri puisque son petit frère, dont Mathilde dit être « trop fière », vient tout juste d’être admis au Cours Florent, une école de théâtre réputée qui a formé les grands noms du cinéma français tels que Guillaume Canet, Diane Kruger et Gérard Lanvin. Peut-être une autre étoile montante à suivre de près…

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