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Moerani Flohr, enseignant en modélisation 3D : « à l’époque, on n’avait pas de formation dédiée pour ça »

Crédit : Moerani Flohr

Passionné depuis tout petit par le dessin, bercé par des mangas comme Dragon ball, Moerani Flohr s’oriente vers un métier qui lui permet de créer tout en gagnant sa vie : l’infographie. Il se forme d’abord seul puis obtient une attestation de formation dans un établissement de Papeete. Il travaille plusieurs années comme infographiste jusqu’à l’ouverture de la première école des métiers du numérique, Poly 3D qu’il intègre comme étudiant. Là, il découvre notamment la modélisation en 3D et la conception de jeux vidéo.

Diplômé, Moerani passe du côté des enseignants. Parallèlement, avec les Happy Tikis, il commence à travailler pour des clients à l’international et crée des projets aux designs polynésiens.

« Un projet qui m’a marqué, c’est la première démo qu’on avait faite pour potentiellement gagner notre premier Megagrant (les subventions Epic MegaGrants sont des investissements du géant des jeux vidéo Epic Games afin de financer le développement de projets prometteurs, NDLR). C’était un projet en 3D où j’ai tout fait, donc les personnages, les assets du décor et tout ça. La programmation, c’était Evans, et le son, c’était Manoa, mais tout ce qui est assets 3D, assets 2D, c’était moi. Ça, ça m’avait marqué. Après, on est passé sur un autre projet en 2D cette fois-ci, donc c’était une formation. Et là aussi, encore une fois, c’est moi qui ai fait tout ce qui est graphique, tous les dessins, toutes les animations, tous les décors, tout ça. On n’était que trois. »

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De l’enseignement, de la création numérique… et un livre. Moerani « adore découvrir de nouvelles choses ». Avec sa sœur Rarahu, il se lance dans l’univers de la littérature jeunesse. Elle écrit, lui illustre, et né « Pi’ihoro, les aventures de Tivai et Here ». Publié Au Vent des îles, le roman raconte les aventures de deux enfants de Papenoo, commune qui a vu grandir Moerani et sa sœur. « C’est un peu nous, mais pas vraiment », confie-t-il. Un deuxième tome de Pi’ihoro est en cours de réalisation.

« au moins, maintenant, les jeunes, ils peuvent faire quelque chose qu’ils aiment ici, en local« 

À 39 ans, Moerani rejoindra très bientôt l’équipe de Kanea, la nouvelle école de la créativité numérique. Il enseignera la modélisation pour les jeux vidéo. Pour lui, former la jeunesse est essentiel et la naissance d’une industrie du numérique au fenua n’est pas utopique. « Le but de Kanea, c’est qu’on développe ici, c’est sûr. Mais il y a déjà beaucoup de Polynésiens qui travaillent à l’étranger dans cette industrie. Le but aussi, c’est de faire un hub ici, de rassembler les gens passionnés ». Mais d’abord, il faudra convaincre les parents du potentiel du secteur pour leurs enfants : « c’est sûr qu’on est dans un petit pays, ça commence seulement, c’est assez nouveau, les parents n’ont pas trop l’habitude. Quand ils entendent parler de jeux vidéo, c’est toujours une vision négative alors que ce n’est pas que jouer aux jeux, c’est plein de choses (…) Ce qu’il y a de bien avec Kanea, c’est qu’au moins, maintenant, les jeunes, ils peuvent faire quelque chose qu’ils aiment ici, en local, plutôt que de partir tout de suite. Bien sûr, c’est toujours mieux de partir. Mais au moins, ils peuvent rester ici juste pour voir si ça leur plaît vraiment. Et après, peut-être aller plus tard en France ou continuer les études. On n’a eu pas cette chance à l’époque. On n’avait pas de formation dédiée pour ça.« 

La première promotion de Kanea devrait prendre ses quartiers à La Mission à partir du 16 septembre.

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