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À Raiatea et Taha’a, les dialysés redoutent l’arrivée du pass sanitaire

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Atteint du diabète de type 2, Rodolphe Taea a commencé ses premières dialyses en 2009, à raison de trois séances par semaine. 12 ans qu’il s’accroche à ce rythme de vie. Mais depuis l’annonce des nouvelles mesures sanitaires, cet habitant de Vaitemanu est effondré. N’étant pas vacciné, il ne peut accéder aux soins que s’il présente un test PCR négatif à chaque séance. Car depuis les annonces de l’Élysée, les tests RT PCR et antigéniques ne sont plus valables que 24 heures contre des 72. Une annonce effective en Polynésie depuis lundi. À Raiatea, où le centre de dialyse de Raiatea se trouve dans l’enceinte de l’hôpital de Uturoa, il faut donc présenter un pass sanitaire, « sauf en cas d’urgence et sauf pour l’accès à un dépistage de la Covid-19 » précisent les autorités sanitaires. « Une situation que ne rencontre pas les autres centres de dialyses, installés de manière autonome ».

Déjà soumis à un quotidien compliqué, Rodolphe déplore un nouveau coup dur : « Si aujourd’hui, nous devons nettoyer notre sang, c’est parce nos reins fonctionnent mal et c’est là notre plus grande crainte. L’incompatibilité entre toutes ces saletés dans notre sang et le vaccin ». La haute autorité de santé (HAS) n’a pourtant relevé aucune contre-indication au vaccin pour les personnes atteintes de pathologies rénales chroniques et de diabète. Au contraire. Le diabète augmente les risques de développer des symptômes sévères et des complications avec le Covid, dont les plus communes sont la pneumonie et la détresse respiratoire aigüe. La vaccination est d’ailleurs vivement recommandée pour les personnes souffrant de comorbidités.

Rodolphe n’est pas le seul à redouter le vaccin. Plusieurs d’entre eux partagent cette crainte la de la piqûre assortie de préoccupations financières. Car à défaut d’être vacciné, il faut désormais envisager de payer un test trois fois par semaine pour avoir accès au traitement. Or, la plupart ne vivent que d’une maigre retraite. « Non mais réfléchissez ! À raison de trois fois par semaine, combien devront nous payer par mois ? Nous sommes malades, et n’avons pas de salaires » lâche un habitant de Tahina, Georges Puahio. La plateforme Covid rappelle pourtant que la solution alternative qu’est le vaccin est gratuite.

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A contrario, le diabète pèse plus de 10 milliards de Fcfp dans l’assurance maladie chaque année. Un coût pris en charge par la société. Les diabétiques sont notamment en première ligne des populations visées par une dose de rappel. Les analyses des comorbidités (réalisées entre juillet et septembre) chez les personnes hospitalisées en réanimation au CHPF ont même montré que 89,5% des patients étaient en état de surpoids et que 80% de ces patients souffraient d’au moins une comorbidité. « Un médecin nous a contacté depuis Tahiti. Il nous a dit, ‘vous devez vous faire vacciner, sinon vous ne pourrez plus vous faire dialyser’ ah moi j’ai eu peur » confie Sabine Terii. Si cette habitante de Faaroa respecte le choix de ses confrères, elle suivra les conseils des médecins : « J’ai décidé de me faire vacciner ».

Georges Puahia, habitant de Tahiti, préfère lui s’en remettre aux mains du Seigneur, même si cela doit lui coûter la vie : « On nous ont dit également que si on ne se faisait pas vacciner, on allait mourir. J’ai répondu que seul le Seigneur pouvait décider pour moi. Et de toute manière, je ne me ferai pas vacciner. Si aujourd’hui, ils me disent de rentrer chez moi, je rentrerai, mais pas de vaccin ».

Au centre de dialyse, les patients apprennent finalement que ces obligations sont reportées au 1er janvier 2022. Un sursis d’un mois pour se décider.

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