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Patrick Galenon : « Il n’y a pas de grève lorsqu’on respecte les travailleurs »

Le secrétaire général de la CSTP/FO était l'invité du journal de TNTV, mardi soir.

Patrick Galenon : « Il n'y a pas de grève lorsqu'on respecte les travailleurs »

TNTV : On vient de le voir dans le reportage précédent. Le syndicat A Tia I Mua demande une hausse de 6 % des salaires. Une idée déjà évoquée.  Pourquoi la remettre sur la table des négociations avec les directions des trois compagnies aériennes locales ?

Patrick Galenon : « Vous l’avez vu dans votre reportage. C’est très bien expliqué. Si je prends l’alimentaire, ça a augmenté de 20 % depuis un ou deux ans. On n’a jamais pu rattraper notre pouvoir d’achat. Donc, la proposition que nous avons faite, effectivement le 1er mai, au président du Pays, c’était de faire en sorte qu’on retrouve un petit peu notre pouvoir d’achat. Vous savez, ce sont les pauvres qui vont acheter leur maa qui voient que les prix augmentent, mais les salaires, eux, ils ne montent pas. J’ai entendu monsieur Plée qui disait que le SMIG a augmenté de 38 %. C’est une opération saine et légale, surtout. Et puis, du coup, les autres salaires n’augmentent pas. Donc, on a perdu du pouvoir d’achat. Voilà, tout simplement ».

TNTV : 6 %, cela semble beaucoup. Pensez-vous que ce soit réalisable ? 

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Patrick Galenon : « Je viens de vous dire que l’augmentation de l’indice de l’alimentation a augmenté de 20 %. Ce n’est pas beaucoup, ça ? Nous, on ne demande que 6 %. On ne rattrape même pas notre pouvoir d’achat. Après, si en face, on trouve que c’est énorme, faites en sorte que le prix des aliments diminue ou le prix des terrains diminue. A ce moment-là, on ne demandera pas 6 %. Quand j’entends dire que ce n’est pas sérieux… si, c’est très sérieux. Ce sont des calculs que nous avons faits, qui ont été d’ailleurs bien spécifiés par l’ISPF, l’Institut de la Statistique de Polynésie française ».

TNTV : Retrouvera-t-on cette revendication dans d’autres préavis de grève ? 

Patrick Galenon : « Bien sûr. À partir du moment où l’on sait qu’on a perdu 6 % de pouvoir d’achat, pourquoi ne pas les réclamer ? Après, nos adhérents nous disent : ‘pourquoi vous ne le réclamez pas ?’.  Et quand on le réclame, ils nous disent :’il faut nous prévenir’. Bon, ben, voilà ». 

TNTV : Actuellement, des grèves sont effectives depuis plusieurs semaines dans les deux sociétés de sûreté aéroportuaire, mais aussi à ADT. Où en sont les négociations ? 

Patrick Galenon : « Avec ADT, nous avons vraiment un gros problème de discussions, un gros problème de discussions salariales, de discussions avec le patron de cette société qui ne semble pas s’émouvoir de ce qui se passe chez lui. Je vais prendre un exemple. Vous avez le salon des VIP. Il y a un an, il y avait entre 25 et 30 touchés d’avions par semaine et il y avait 9 personnes. Aujourd’hui, il y a plus de 40 touchés par semaine et on n’a que 7 personnes. Quand on lui demande :’est-ce qu’on ne peut pas régulariser cette situation pour que les passagers puissent être mieux accueillis’, il nous répond vaguement : ‘on va voir’. Donc, même sur ces petits sujets, je dis bien ces petits sujets, on n’arrive pas à trouver un accord. Vous pensez bien que sur d’autres sujets qui sont beaucoup plus graves, je veux parler de maltraitance (…), on n’a pas de réponse effective. Voilà pourquoi ça dure ».

TNTV : À quand des issues à ces conflits ? 

Patrick Galenon : « Demain, il est prévu qu’on se retrouve avec ADT. J’espère qu’on pourra au moins trouver des solutions. Je ne dis pas qu’il faut trouver des solutions partout où il y a des problèmes. Il y en a tellement ».

TNTV : L’intersyndicale composée de la CSTP/FO, de la CSIP, de O Oe To Oe Rima et de Otahi a déposé trois préavis de grève dans les trois compagnies aériennes locales : ATN, Air Tahiti et Air Moana. Cela a surpris des salariés et même certains représentants syndicaux. Pourquoi ne pas avoir consulté les premiers concernés ? 

Patrick Galenon : « Nous avons consulté des salariés de nos propres organisations respectives. Vous savez, on ne peut pas consulter les milliers de salariés ». 

TNTV : Mais au moins leurs représentants…

Patrick Galenon : « Nous avons contacté les salariés, surtout ceux qui étaient en pénibilité, ceux qui avaient des problèmes. Comme je vous l’ai dit, par exemple, sur la revendication des 6%, qu’on les contacte ou pas, j’espère qu’ils sont d’accord. Et si, que Dieu m’entende, on les avait, j’espère qu’ils nous remercieront. C’est tout ce qu’on attend. S’il y en a qui n’ont pas été prévenus, il faudra peut-être qu’on s’excuse ».

TNTV : On nous dit qu’à Air Tahiti, par exemple, sur les 14 syndicats, en tout cas leurs représentants, aucun n’a été prévenu…

Patrick Galenon : « Oui, les 14 syndicats…. Vous savez, nous, nous sommes les 4 syndicats les plus représentatifs du pays. Bon, s’ils se trouvent un peu vexés parce qu’ils n’ont pas été prévenus, qu’ils nous excusent. Mais en tous les cas, c’est pour l’intérêt des salariés qu’on se bat, pas pour l’intérêt forcément de ceux qui sont délégués ou représentants ». 

TNTV : Donc une minorité de salariés, celle qui a été mise au courant ..

Patrick Galenon : « Maintenant qu’ils sont au courant, j’espère qu’ils vont comprendre que si on demande 6 %, c’est pour tout le monde, ce n’est pas pour une minorité. On ne se bat jamais pour une minorité. On se bat toujours pour une égalité, une équité et surtout, lorsqu’on se bat, c’est pour l’ensemble des salariés ». 

TNTV : Était-ce une manœuvre, le seul moyen de durcir le ton comme vous l’aviez promis ? 

Patrick Galenon : « Ce n’est pas pour une manœuvre, pour durcir le ton, mais pour faire comprendre que les problèmes d’ADT se reflètent sur les compagnies aériennes qui sont en difficulté aussi et qui nous ont avoués, qu’effectivement, au niveau d’ADT, elles avaient aussi beaucoup, beaucoup de problèmes. Je pense que le nœud du problème, c’est ADT avec les deux sociétés de sécurité et que les compagnies en pâtissent. J’espère que l’ensemble des salariés comprend que la difficulté est là et qu’il faut être solidaire avec ceux qui sont en grève. Même si eux ne veulent pas aller en grève, ce n’est pas très grave. Mais ceux qui sont en grève, je leur donne tout mon soutien. J’espère qu’ils vont tenir le coup parce que c’est pour l’ensemble qu’ils se battent ». 

TNTV :  Pensez-vous qu’il y aura une forte mobilisation des grévistes ? 

Patrick Galenon : « Je ne sais pas si on va aller en grève pour les trois compagnies dont vous parlez. Ce n’est pas le but de la manœuvre. Le but de la manœuvre, puisque vous parlez de manœuvre, c’est de faire en sorte d’attirer l’attention sur ADT. C’est ADT le problème ».

TNTV :  Sur quels éléments vous êtes-vous basé pour la rédaction des préavis de grève ? 

Patrick Galenon : « On connaît quand même bien les problèmes des salariés. Encore une fois, vous m’avez parlé de 14 syndicats…Nous, on est les plus représentatifs du pays ». 

TNTV : Au sein d’Air Tahiti…

Patrick Galenon : « Oui, si vous voulez, ou au sein de n’importe qui. Sur Air Tahiti, justement, nous avons beaucoup de salariés qui ne sont pas encore à 39 heures. A Raiatea, par exemple, ou à Rangiroa, nous avons beaucoup de salariés, je crois, au nombre de 25, qui ne sont pas encore aux 39 heures. Actuellement, ils sont à 25 heures et ils font plus de 35, 40 heures, des fois. Donc, on a demandé à Air Tahiti de faire en sorte que ces salariés puissent être aux 39 heures. Vous voyez que l’on connaît bien les problèmes. J’espère qu’au moins, ceux-là, ils seront aux 39 heures. Et même si c’est une minorité, on aura gagné au moins quelque chose ».

TNTV : Des négociations sont-elles prévues avec les directions des trois compagnies ? 

Patrick Galenon : « Oui. Avec Air Tahiti Nui, nous avons discuté ce matin et ça s’est très, très bien passé. Je pense qu’on est tombé d’accord sur les cinq revendications que nous avons proposées. Nous attendons un projet de protocole. Et peut-être qu’on n’ira pas en grève, j’espère, en tous les cas. Le but, ce n’est pas d’aller en grève, c’est de faire appel à l’intelligence des gens pour qu’on puisse parler correctement, avec dignité et respect. Et il n’y a pas de grève lorsqu’on respecte les gens et surtout les travailleurs ».

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