L’association conteste « le choix d’un mode de développement inadapté à cette île et à sa taille, qui contredit un à un les critères de développement durable et qui conduira à un désastre écologique. »
Selon les opposants au projet, celui-ci consiste « à creuser pendant 25 ans, le plateau calcaire constituant le socle de île, sur une profondeur de 7 mètres et sur une superficie de 6 km2 de l’île qui fait 24 km2 au total. C’est donc un quart de l’île que l’on va entailler, excaver, concasser… pour mettre à vif un plateau abaissé et sans doute instable aride et désertique mais que l’on espère rendre fertile ensuite grâce à des couches de compost ».
Méthode largement mise en cause par des scientifiques, dont Alice Cibois, chargée de recherche au Muséum d’Histoire Naturelle de la Ville de Genève et Jean-Claude Thibault membre-correspondant du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, « C’est un leurre d’imaginer qu’une fois les sols dégagés pour exploiter le phosphate en profondeur, on pourra reconstituer des habitats terrestres à l’identique. Si cela était possible, les compagnies minières l’auraient fait à Nauru ou en Nouvelle-Calédonie ».
Avis renforcé par Denis Loubry, docteur es sciences en biologie végétale tropicale, Université Pierre et Marie Curie, ingénieur en environnement tropical, spécialisé dans la restauration des milieux dégradés. « L’argumentaire de leur projet repose sur la proposition fantaisiste de créer un sol arable en mélangeant tout simplement une roche récifale concassée avec du compost tiré d’une maigre végétation (…). Je vous laisse imaginer les millions de m3 de compost à réunir pour épandre et mélanger ne serait-ce qu’une couche de 5 cm de compost sur l’ensemble de la surface. »
En outre, « Tous ces efforts herculéens se révèleraient rapidement vains car, dans ce contexte tropical chaud et humide, la durée de vie d’un compost n’excède pas quelques semaines, quelques mois tout au plus. C’est en effet en siècles voire en milliers d’années que se décompte la constitution d’un sol présentant des qualités agrologiques acceptables ».
Selon Te Ora Naho, « D’autres voies de développement de cette île, plus en harmonie avec sa nature et sa taille, ont été proposées au gouvernement, sans passer par sa destruction partielle, ni par une activité minière non durable par essence, (…) Des pistes de développement d’activités plus en phase avec notre siècle (laboratoires de recherche, énergies renouvelables…etc) sont également à prospecter au vu des spécificités de l’île ».
Quant à la volonté de la part du promoteur du projet, Colin Randall, d’instaurer une enquête publique à travers de laquelle, l’avis de la population sera pris en compte, l’association s’interroge. « Est-il légitime de laisser le devenir physique d’une île entière de Polynésie française entre les mains d’une courte majorité de sa centaine d’habitants actuels ? Les propriétaires fonciers qui ne résident pas sur l’île ne partagent pas cet avis et ils sont des centaines en propriété indivise. Si seul l’avis des habitants actuels suffisait, ces derniers sont-ils informés de façon objective, pour prendre une décision en toute connaissance des risques et des conséquences à moyen et long-terme ? »
Si Te Ora Naho comprend que « des habitants de Makatea et surtout des jeunes à la recherche d’activités et de revenus puisse se porter sur ce projet d’exploitation minière, puisque c’est la seule perche qui leur est tendue aujourd’hui et qu’aucun autre projet, ni propositions concrètes de désenclavement et de développement de leur île ne leur sont faits par nos gouvernants » l’association estime que Makatea est « un joyau inestimable qui mérite d’être découvert, c’est résolument un atout du point de vue écologique et touristique », et qu’à ce titre, elle fonde son espoir « sur un développement futur qui sera enfin harmonieux et soucieux du plus grand nombre, respectueux des valeurs ancestrales de partage et d’unité ».
Pour ce faire, elle aborde plusieurs pistes telles que, « Faire l’inventaire des possibilités de développement d’activités nouvelles (énergies renouvelables, laboratoires de recherche…) et de petites activités économiques qu’offrent l’île grâce à une mission groupée de services du Pays (Tourisme, Agriculture, Pêche, Apiculture,…) sur site, recenser les aptitudes et attentes de la population et des jeunes à la recherche d’emploi par rapport à ces activités potentielles à développer, assurer la formation adéquate, aider à mettre en place les structures (coopératives, pensions de famille..) et infrastructures minimales, accompagner le lancement de ces activités. »