Un grand soulagement, c’est ce qu’ont ressenti, ce mardi matin, les 64 passagers du premier vol commercial à destination des îles. Tous se sont retrouvés bloqués sur Tahiti lors de l’arrêt des vols, car placés en quatorzaine après avoir été évasanés ou voyagé à l’étranger.
« Ils sont ici, pour certains, depuis plus de 45 jours explique Maratai Teihotaata, coordinateur des foyers d’hébergement spéciaux. Ils attendaient le retour vers leur île. Pour la plupart, ils ont été mis en confinement dès leur arrivée de l’étranger, et ont suivi une procédure difficile : mis d’abord en confinement dans un logement, puis en confinement général dans un autre logement. Pour la plupart, ce sont ceux revenus de l’étranger, testés et confinés et des évasanés. Selon les communes où ils rentreront, ils seront placés en quatorzaine, en auto-confinement chez eux ou placés dans un lieu dédié ».
« J’étais rentré de Nouméa. J’ai pris le dernier vol Air Calin et je suis confiné depuis le 21 mars ici. On a demandé à rentrer. Ça a trainé. On se réjouit, aujourd’hui. À force de compter les jours, je ne sais plus où j’en suis, mais j’ai fait 3 quatorzaines ! Au départ, ça me plaisait parce que j’ai des bouquins, mais avec le manque d’explications pour lesquelles on ne rentrait pas, je n’arrivais plus, ça a été très difficile. Et ce n’est pas fini… On va être raccompagnés par la police municipale et on sera encore confinés. Au total, ça me fera 62 jours de confinement ! Est-ce que c’est explicable ? Mais on ne nous dit rien ! C’est très difficile à supporter. Il faut tirer les leçons de tout cela pour les prochaines pandémies. Quand la population a peur, les réactions peuvent être excessives » confie un passager.
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« Je rentre à Raiatea. J’avais été confiné à Arue, dans le camp de l’armée. On revient de Marutea aux Tuamotu, et on est restés bloqués un mois ici. C’est long, mais on prend notre mal en patience. Je suis très heureux de rentrer. Ma famille m’attend. Je rêve de rester à la maison. Je ne comprends pas les mesures qui nous ont été imposées » nous dit encore un autre.
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Ce vol est le premier d’une série à destination des archipels. Il transporte 64 passagers dont 49 personnes prises en charge par le pays, plus les personnes évasanées. « C’est le premier vol. C’est un moment fort pour ces personnes », relate Maratai Teihotaata. « D’autres vols arriveront d’ici la semaine prochaine. Aujourd’hui, ce sont uniquement les îles Sous-le-Vent : Raiatea, Bora Bora et Huahine. Dès la semaine prochaine, nous aurons certainement des vols pour les Australes. Nous avons également des vols non commerciaux avec du matériel médical à destination des îles » précise-t-il.
« La plupart sont loin de leur famille, seuls. Certains ont un peu de famille ici. D’autres, ont leur femme enceinte, prête à accoucher, et sont pressés de rentrer. Ça leur fait quand même quelque chose de partir parce qu’on s’est liés d’amitié. Il y a eu de la colère, on les comprend. Certains ont été en quarantaine à l’étranger, puis ici, et le seront encore dans leurs îles. Ce n’est pas facile à vivre. La plupart des personnes ont déjà un billet, d’autres l’achètent aujourd’hui. Ce ne sont pas les vacances pour autant pour nous. On a aussi à gérer les évasanés de la continuité territoriale. Il y a eu des arrivants la semaine dernière, il y en aura d’autres la semaine prochaine. Nous sommes 13 pour gérer tout ce petit monde dans les différents centres. On est pas psy, mais on fait de notre mieux pour soutenir nos ta’ata Tahiti. On est à près de 400 personnes jusqu’à aujourd’hui » ajoute le coordinateur des foyers d’hébergement spéciaux.
Et pour parvenir à un rapatriement sans risques, il a fallu être rigoureux en matière sanitaire. « Je remets un masque à chaque passager. La procédure sanitaire est claire, elle s’applique à tout le monde. Le port du masque, les gestes barrières et l’application de gel. Donc on leur donne un masque et un petit spray de gel hydro-alcoolique. Les autorités veulent s’assurer que l’on prenne toutes les mesures de sécurité possible dans la limite de ce que l’on peut. Tous les passagers ont été testés avant d’arriver ici. C’était la condition sine qua non pour un retour. En revanche, mettre un siège entre chacun ce n’est pas possible. En tous cas, pas sur ce vol. C’est pour cela que les gestes barrières et les masques sont fondamentaux » déclare Moihara Tupana, élue à l’Assemblée et responsable des hébergements dans la cellule de crise.