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Steeve Hamblin : « Je pense que nous allons traverser des moments très difficiles »

Le président du Medef Polynésie, Steeve Hamblin, était l’invité du journal de TNTV, ce mercredi soir. (Crédit: TNTV)

Steeve Hamblin : « Je pense que nous allons traverser des moments très difficiles »

TNTV : Une nouvelle mesure d’aide à l’emploi, le dispositif Tiama, qui a pour but d’encourager les entreprises à créer de l’emploi durable en les accompagnant. Pensez-vous que cette mesure aura l’effet escompté auprès du patronat ?

Steeve Hamblin : « On ne peut que bien accueillir ce type d’aide financière. Après, on voit bien, notamment au travers des détails de ce qui nous est proposé, c’est qu’on vient forcer le CDI. Et c’est là où, en fait, on n’est pas tout à fait d’accord, parce que c’est la qualité de l’économie qui va faire que l’emploi va exploser. Donc, nous, ce qu’on aimerait, c’est que le gouvernement aussi s’intéresse à relancer notre économie, l’économie polynésienne. Et ça, ça passe par quatre points essentiels. C’est ce qu’on a communiqué auprès des différents ministres et du président. Le premier, c’est que le trésor de guerre qu’a le Pays, 30 à 40 milliards de francs, soit réinjecté au travers de la commande publique, au travers de grands travaux. Il faut créer du logement. Nous manquons de 500 logements à l’année pour nos jeunes. Également, des grands travaux de transport ».

TNTV : D’importants travaux sur les routes, notamment de Tahiti, ont été annoncés…

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Steeve Hamblin : « Oui, des abribus et également des pistes cyclables. Mais ce n’est pas ça qui va relancer l’économie. Pour nous, ce n’est pas suffisant. On veut également et on souhaite que l’administration soit modernisée parce que l’entrepreneur, aujourd’hui, il est bloqué par des procédures. La troisième chose, c’est qu’il faut s’occuper du social. Vous avez vu ce qui s’est passé à Nouméa. C’est le social qui va mettre l’économie à genoux. Et on ne veut pas, bien entendu, que ça arrive ici. Donc il faut des aides directes aux petites gens. Et au niveau, de la CPS, on connaît la situation de la PSG. Pour nous, il nous paraît évident que la taxe sociale soit remise en place parce que sinon, demain, ce sont nos grands-parents qui ne pourront plus être soignés ou tout simplement nos malades et pire, pour les retraites ».

TNTV : Justement, pour pallier la suppression de la TVA sociale, la fameuse contribution pour la solidarité, des réformes ont été annoncées au niveau de la PSG. Désormais, tous les patentés devront s’affilier au régime des non-salariés, y compris ceux qui cumulent patentes et salaires. Une réforme présentée comme plus équitable par le gouvernement. Est-ce que c’est aussi votre avis ?

Steeve Hamblin : « Oui. C’est-à-dire qu’avec la réforme de Cédric Mercadal -le ministre de la Santé, Ndlr-, on vient faire payer tout le monde, notamment ceux qui ont beaucoup de revenus. Donc ça, c’est plutôt juste. Après, j’ai eu l’occasion avec mon bureau de m’ouvrir au ministre. Le problème, c’est que son budget reste malgré tout serré. Et la moindre vague qui viendrait de l’extérieur… Et vous savez qu’à l’étranger, la guerre se propage. Vous savez également que j’ai eu l’occasion de vous en parler, une récession est aujourd’hui naissante aux États-Unis. Elle va certainement impacter les chiffres de la fréquentation touristique en Polynésie. Et on le voit déjà au niveau des hôtels, les annulations commencent. Donc la moindre vague qui viendrait de l’étranger ferait que, là encore, la PSG serait en danger. Donc nous pensons réellement que cette PSG doit être fiscalisée. C’est ce que disent les spécialistes. Et donc remettre la taxe sociale telle qu’elle avait été présentée par le président gouvernement ».

TNTV : Pensez-vous qu’il faudra du courage politique pour réinstaurer cette taxe place cette taxe ?

Steeve Hamblin : « J’ai eu l’occasion de dire au président et à ses ministres que s’ils étaient d’accord avec nous sur ce que nous voyons arriver, on arrêterait de se disputer. Et on serait d’accord sur les mesures. Je pense que nous allons traverser des moments très difficiles. Tous les matins, les indicateurs tombent. Donc, il faut vraiment faire attention. Au sujet de la PSG, avoir un budget aussi serré… Vous disiez que la population pouvait à un moment donné avoir rechigné lorsque cette taxe a été mise en place. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de nos grands-parents. Il s’agit de la santé de nos personnes âgées essentiellement, en plus des malades. Donc, on doit tous quelque part y participer ».

TNTV : Justement, côté santé, les produits sucrés sont dans le viseur du gouvernement. Cela va se traduire par une hausse de la TVA sur ces produits. Quel impact sur la production locale, selon vous ?

Steeve Hamblin : « Le Medef a demandé à ce que le gouvernement s’attarde également sur les produits salés, mais également les produits gras. Notre constat est assez simple. Effectivement, la vision du ministre Mercadal et du ministre Dexter est parfaite au sujet de l’amélioration et de la volonté d’améliorer la vie en Polynésie et la santé des Polynésiens en réduisant la consommation de ces produits sucrés et, également, en investissant dans la prévention. Donc ça, il n’y a pas de souci. Mais le problème, c’est que c’est nous qui allons payer. La question qu’on pose, c’est : ‘pourquoi le Pays vient encore prendre l’argent des entreprises, mais également l’argent du peuple, alors qu’il dispose d’un trésor de guerre qu’il pourrait utiliser justement pour relancer cette économie’. Donc, nous, nous sommes en attente de grands travaux. Nous espérons que le pays va investir dans le logement, également dans le transport. Et c’est là qu’on va créer de l’emploi ».

TNTV : Toujours au niveau de la fiscalité des entreprises, mais dans le secteur immobilier, on annonce une baisse des frais de notaire. Pensez-vous que cela permettra à davantage de Polynésiens de devenir propriétaires ?

Steeve Hamblin : « Oui. Si vous baissez le coût, forcément, ça va inciter les gens à investir. On va espérer également que le taux des banques puisse baisser, notamment. Après, il ne faut pas oublier la raison pour laquelle les prix sont aussi élevés. Nous manquons de logements. Il y a à peu près 500 logements, 500 couples, 500 demandeurs de logements qui, chaque année, ne trouvent pas de quoi se loger. Donc, il faut investir dans le logement. Il faut que l’OPH construise plus de logements. Nous avons également une immigration de Nouvelle-Calédonie, de France. Donc, tout ça fait que la population grandit, mais le nombre d’offres de logements n’est pas suffisamment fort. Et ça, ça fait forcément monter les prix. Donc, il nous faut une commande publique. Je le répète, il faut que le Pays investisse massivement et rende les taxes qu’il a perçues à la population. De gros investissements pour mieux anticiper d’éventuelles crises à venir. Nous sommes vraiment pessimistes au sujet de l’année 2025. Donc il faut se préparer et on espère pouvoir communiquer et surtout convaincre le gouvernement de ce constat parce qu’aujourd’hui, ils ne veulent pas s’accorder sur ce qui arrive ».

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