La démarche d’élaboration de la nouvelle stratégie du tourisme a été maintes fois contrariée, initiée il y a plus de deux ans, et morcelée notamment par la crise Covid. L’ensemble des énergies du secteur étant mobilisées d’abord durant cette période sur la sauvegarde des moyens de production, les capacités réceptives et les compétences locales qui s’exprimaient avec succès en 2019.
C’est en septembre 2019, lors des Assises du tourisme, bien avant la terrible crise, qu’il était annoncé la volonté de pouvoir co-construire une stratégie à la suite de celle mise en œuvre depuis 2015 pour le tourisme de la destination polynésienne.
En conjuguant l’expertise, l’engagement et les aspirations à la fois des équipes publiques et privées du secteur, et en invitant plus largement les communes, et les sphères administratives, académiques, économiques et associatives, ainsi que la société civile, à participer aux différents travaux d’élaboration, la méthode choisie était inédite, dynamique, et ambitieuse.
– PUBLICITE –
Malgré les remous et les intempéries extérieures, des suspensions répétées et des reprises contrariées, l’objectif de départ est en passe d’être tenu. Avec 6 groupes de travail thématiques, réunissant d’abord près de 50 intervenants pour concevoir les outils de la large consultation publique ; puis avec 67 chantiers collaboratifs menés durant la phase participative, avec près de 300 inscrits sur la plateforme en ligne dédiée, plus de multiples réunions ou visioconférences annexes ; ce sont au final 234 préconisations d’actions issues d’une réflexion collective rassemblant des contributeurs très divers, qui ont été collectées.
Une « commission de cadrage », composée à la fois des représentants des institutions, collectivités et instances publiques et à parité des représentants des différents segments composant l’industrie touristique polynésienne, est désormais chargée d’arbitrer ces préconisations pour finaliser un plan d’actions cohérent et efficace.
Cette nouvelle stratégie est intitulée « Fāri’ira’a Manihini, l’accueil qui nous ressemble et nous rassemble ». Elle a pour vision, au-delà de la relance nécessaire du secteur, d’infléchir le développement touristique de manière inclusif et durable. Les grands objectifs principaux ont été définis, collectivement, autour de cette ambition, et le plan d’action doit ainsi refléter, territoire par territoire, secteur par secteur, ce que les pouvoirs publics comme les professionnels, mais également les communes, les associations ou la société civile, peuvent mettre en place pour y parvenir.
En réunissant ce vendredi 13 mai, l’ensemble de la commission de cadrage pour une reprise des travaux suspendus depuis novembre dernier, le président Edouard Fritch, en charge du portefeuille du Tourisme, a tenu à rappeler, combien la filière est stratégique, et qu’elle nécessite d’en refondre les bases, plus solides, structurées, bien coordonnées, pour rebondir au mieux, en gardant à l’esprit le bénéfice et l’impact direct pour les populations.
« Nous sortons d’une crise qui a plongé le secteur, vos filières, au plus bas connu depuis plus de 70 ans. Nous devons nous relever, et le faire vite, et bien. Il en va de la santé et du dynamisme de toute notre économie, et de la capacité de notre collectivité de reprendre une marche déterminée vers le progrès social, l’amélioration de nos cadres et de nos modes de vie, et également de la protection des plus vulnérables parmi nous » insistait le Président dans ses propos introductifs.
Afin de positionner la destination « Tahiti et ses îles » parmi les fers de lance du tourisme durable et inclusif, le président a également précisé que la trajectoire validée devait pouvoir afficher des ambitions de neutralité carbone, de préservation voire de régénération du patrimoine naturel.
Enfin, il est revenu longuement sur la nécessaire cohésion des différents territoires touristiques qui forment ensemble une destination touristique dont le potentiel est toujours intact, avec une offre diversifiée et riche, qui devait toujours gagner en qualité par la formation et une exigence partagée, collective, pour permettre de perpétuer et renforcer l’accueil polynésien sous tous ses aspects, et notamment sa part essentielle liée à la tradition.
Les membres de la commission, co-présidée par Warren Dexter, le garant-médiateur de la démarche depuis son origine, ont dû ensuite débattre de plusieurs arbitrages stratégiques — et notamment du report de l’échéance de « Fāri’ira’a Manihini » passant de 2025 à 2027, et donc abrégée dorénavant en « FM27 » — avant de poursuivre, une à une, l’examen des 234 préconisations d’actions qui seront retenues, ou non, pour figurer dans le document final.
Une nouvelle réunion est prévue avant la fin du mois pour finaliser l’exercice et pouvoir ensuite soumettre la nouvelle stratégie aux institutions de la Polynésie française, avant une diffusion plus large aux acteurs, aux administrations et aux communes, ainsi qu’à la société civile, puis de démarrer son déploiement durant le second semestre.