Tahiti Fashion Week 2019 : un tremplin pour les créateurs
N. S.
Au lycée professionnel de Faa’a, Rachel Tehavaru n’a pas encore terminé son cursus, mais elle fait déjà le grand plongeon dans la Tahiti Fashion Week. Cette première participation incarne un véritable challenge pour elle, d’autant qu’avec les six autres élèves de sa filière, elle joue la carte du recyclage. Les robes sont en effet confectionnées à partir de chute de rideaux. « Je voulais créer moi-même une robe que j’aurai aimé porté qu’une seule fois. Cela a été très difficile parce que la matière était un peu usée et du coup le tissu s’effilochait un peu » nous dit-elle.
Warren Faatupua se lance aussi pour la première fois. Avec un BTS métiers de la mode en main, le jeune créateur, de retour de métropole, a confectionné 14 tenues en un mois. Ses combinaisons ont principalement été dessinées et pensées d’un coup de crayon.
Pour le choix des tissus et des couleurs, Warren s’inspire des cinq éléments : eau, terre, feu, air. Avec ses tenues tout en longueur, il espère attirer les regards sur sa collection et rencontrer des couturiers plus expérimentés. « Il y a plein de possibilités. C’est bien de connaître aussi d’autres personnes qui aiment la mode » explique le jeune homme.
Et si piquer et coudre des matières usées est déjà un challenge pour les jeunes filles du lycée professionnel de Faa’a, sortir de leur classe et côtoyer les professionnels de la mode en est un autre. Pour Lysiane Abecassis, professeure des métiers de la mode, l’événement permet aussi de tourner les projecteurs vers la formation métiers de la mode du lycée : « C’est un très gros travail personnel parce qu’elles nous disent ‘on va nous voir, nos créations…’. Elles ont un manque de confiance en elle. Et ce projet me permet de leur dire : ‘voilà, vous êtes capables et vous êtes méritantes ».
Pour sublimer les tenues cousues à partir de tissus de récupération, les lycéennes ont frappé à la porte de bijoutiers bien connus de Tahiti. Et sans hésiter, ils leurs ont fourni des colliers et autres nacres sculptées, car les bijoux brillent aussi à la Tahiti Fashion Week. Rania Akoury est une créatrice qui va d’ailleurs présenter sa collection intitulée ‘Paris’. Elle s’est inspirée des grands noms de la mode pour dessiner ses colliers, pendentifs et bagues.
Pendant trois jours, le monde de la mode polynésienne sera donc en ébullition. En coulisses et sur les podiums, les créateurs vont se rencontrer, partager leur savoir-faire et échanger sur les tendances actuelles et à venir.