Si les maisons de naissance existent dans de nombreux pays, -dont la France qui en compte aujourd’hui huit- la tendance de l’accouchement « naturel » a gagné les rives du fenua. Située à quelques mètres du CHPF (Centre hospitalier de la Polynésie française) à Pirae, une première maison de naissance sera ouverte aux femmes enceintes de Tahiti et ses îles pour le suivi de leur grossesse, la préparation à la parentalité, puis très prochainement, pour l’accouchement et le suivi post-partum, une fois l’agrément de l’ARASS accordé.
« La maison de naissance s’adresse à des parents qui ont un projet de naissance physiologique, c’est-à-dire une naissance naturelle, sans péridurale, avec le moins d’interventions possibles. Et pour des mamans qui sont en bonne santé, avec une grossesse normale, sans complications » explique Sandrine Maurice, présidente de l’association Tumu Ora. D’où la proximité avec la maternité de l’hôpital du Taaone. Les pièces communiquent d’ailleurs directement par une coursive extérieure qui mène à la porte d’entrée/sortie vers le CHPF, sans passer par la voie publique.
Mais les conditions d’accès à ce type de cocon sont également strictement encadrées. Une bonne santé s’impose, sans pathologie et risque de complication : « dès l’apparition d’une pathologie ou d’un facteur de risque, on adressera la maman à un obstétricien pour avoir un avis ou même continuer le suivi » poursuit la spécialiste.
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Si le concept gagne du terrain dans les cœurs des futurs mamans, c’est notamment parce qu’il offre une oreille attentive. « On propose aux futures mamans un accompagnement global avec une équipe qui les suit durant la grossesse, et qui est la même durant l’accouchement et après. Un accompagnement personnalisé, dans un environnement comme à la maison, avec une liberté de mouvement, une liberté d’accompagnants, on peut prendre des bains pendant le travail, on peut se déplacer, on peut changer de position » ajoute-t-elle.
Gérée par une équipe de sages-femmes, ce lieu se veut chaleureux et plus intime, afin de donner l’impression d’être « comme à la maison » : on y trouve une chambre avec un lit, des toilettes, une baignoire et un tissu de suspension ; une salle d’accueil avec une cuisine ; et une terrasse réservée aux cours de préparation à l’accouchement et aux ateliers.
La maison de naissance n’est toutefois pas un lieu de convalescence. La patientes et leur nouveau-né restent au minimum 4 heures après l’accouchement et au maximum 12 heures : « Il n’y a pas d’hospitalisation à la maison de naissance. La maman et le bébé sont surveillés quelques heures après l’accouchement et après, tout le monde repart à la maison, et on continue la surveillance chez elles par la même équipe de sages-femmes » rappelle Sandrine Maurice.
Pour Tiani, enceinte de son deuxième enfant, le choix d’accoucher à Tumu Ora est une aubaine et répond avant tout à un projet de famille : « Pour le premier déjà, on voulait un accouchement à domicile, mais ce n’était pas possible. La maison de naissance répond à tout ce qu’on recherche, c’est comme un petit cocon pour pouvoir être tous ensemble et pour que je puisse accoucher le plus sereinement possible, me reconnecter à mon corps car la femme sait accoucher, mais on médicalise un peu trop tout. (…) Mon mari est aussi plus serein, car il sait qu’on sera ensemble pour l’accouchement ».
Ici pas de médecins mais deux sages-femmes qui assistent les futures mamans pendant l’accouchement. « Ce qui est intéressant ici, c’est vraiment le suivi global. On connait vraiment nos mamans, on les suit dès le début de leur grossesse, on les voit une fois par mois en consultation, on fait les cours de préparation à la naissance donc on les voit encore plus en fin de grossesse. On les suit durant tout le travail, à l’accouchement, et on va les voir après à leur domicile. C’est un rapport différent avec les mamans. Ce sont des couples très impliqués dans ce projet. Le principe de la maison de naissance, c’est que les femmes se réapproprient leur accouchement » précise Anne Floch, sage-femme référente.
Gérée sous forme associative, la maison de naissance Tumu Ora cherche actuellement des membres bienfaiteurs pour financer et promouvoir ses activités.