Le projet part du constat suivant : en Polynésie, comme dans beaucoup de pays au monde, des enfants sont agités en classe et perturbent les enseignements car ils ont besoin de bouger. Des expériences, notamment au Québec, aux États-Unis et en Suède, ont montré qu’une activité physique permet au contraire de les rendre plus attentifs, moins impulsifs, moins anxieux. Le fait de bouger les mobilise plus sur une tâche scolaire.
En ne prenant en compte que les 5 à 10 % des enfants qui présentent un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), cela fait qu’au moins un élève par classe pourrait mieux se mobiliser sur les tâches scolaires s’il avait la possibilité de bouger pendant la classe.
Ainsi, inviter certains élèves à pédaler pendant la classe permet de satisfaire leur besoin de bouger sans déranger le groupe classe. Ils parviennent aussi à mieux se concentrer.
Ce vélo de classe s’inscrit dans un projet réunissant différents acteurs du Régiment du service militaire adapté (RSMA) et du ministère de l’’Éducation. Les responsables des différentes entités ont tout de suite adhéré au projet et participé financièrement chacun à leur niveau.
Ainsi, au sein du RSMA, la construction du vélo de classe a permis d’améliorer l’articulation des actions de formation au sein des filières encadrées par l’armée et des cours de remise à niveau dispensés par les professeurs des écoles. Les volontaires stagiaires de la section « soudeurs » ont ainsi vécu une action originale, citoyenne et porteuse de sens dans leur parcours de formation.
Au niveau de l’école, cette expérimentation unique, proposée par l’inspectrice de la circonscription, Corinne Grasset, en collaboration avec l’inspecteur en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers (BEP), Pierre-Louis Couturat, vise à améliorer la prise en charge des élèves « agités » ou qui ont des troubles du comportement et à promouvoir de nouvelles pratiques pédagogiques au service de la réussite de tous les élèves.
L’équipe pédagogique de l’école Taaone a ainsi reçu une formation spécifique par le département BEP sur le bien-fondé de l’utilisation du vélo de classe et sur des pratiques pédagogiques qui doivent l’accompagner afin de diminuer les difficultés de comportement, voire le trouble déficitaire de l’attention.
Le choix de deux classes expérimentales de cycle 3 sur l’école de Taaone s’est fait après repérage d’élèves agités et sur la base du volontariat de deux enseignants de l’école et du directeur de l’établissement pour participer à l’expérimentation. Tous les élèves des deux classes pourront « pédaler » mais ce sont les maîtres qui auront toutefois toute latitude pour gérer l’utilisation du vélo de classe.
Le protocole d’évaluation de l’expérimentation permettra de mesurer l’impact de l’usage de cet outil auprès des élèves.