Elle a redonné un sacré coup d’éclat à la perle de Tahiti. Elle, c’est Ni Ni, une actrice et influenceuse chinoise à l’affiche du long-métrage « Perdu dans les étoiles » sorti à l’international en 2023. Lors de la promotion de son film, l’actrice a multiplié les apparitions sur les plateaux télé et sur les réseaux sociaux, ornée de bijoux de perles, notamment de perles de Tahiti. Selon l’un des principaux négociants en Polynésie, cette publicité gratuite serait en partie à l’origine du fort rebond des ventes de perles en Chine. Une hypothèse reprise sur le site spécialisé Pearl-Guide :
La vente des perles à l’export a explosé en 2023, Hong Kong, au sud de la Chine, restant le premier importateur. En 2023, la valeur des exportations de perles brutes a ainsi atteint les 16 milliards de Fcfp, contre 6 milliards l’année d’avant. Un record qui n’avait jamais été atteint ces deux dernières décennies. C’est cette forte demande extérieure qui expliquerait la hausse exponentielle du prix des perles, mais aussi des keishis.
« La montée des prix a commencé vers le mois de juin (2023, Ndlr). Elle est arrivée au summum au mois d’octobre, pour rebaisser un peu. Mais concernant les keishis, on sait qu’à l’heure actuelle les prix sont toujours aussi hauts, parce que la production de keishis est aléatoire, donc les quantités de keishis sur le marché sont toujours aussi rares » explique Heimana Zong, responsable dans une boutique de négociants et bijoutier.
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En effet, le prix des keishis atteint lui aussi des sommets sur le marché local. Selon des négociants, des perliculteurs, mais aussi des bijoutiers, le gramme du keishi est passé d’un prix moyen entre 150 et 500 Fcfp à minimum 3 000 Fcfp en seulement quelques mois.
En bout de chaîne, les vendeurs de bijoux répercutent inévitablement cette hausse sur leurs prix. « Les keishis sont revenus à la mode, ils sont plus originaux, moins classiques que les perles. Et il faut savoir qu’à l’export aussi, il y a énormément de demandes. […] L’an dernier, Mikimoto –leader mondial japonais dans les bijoux en perles– a sorti des créations en keishis et là, la demande en export a explosé. (…) Les keishis sont des rejets de la culture de perle, on n’en fait pas, de base, mais on fait des perles. Il faut satisfaire la clientèle locale et internationale. Il y a longtemps, les perliculeurs jetaient les keishis dans l’eau, quelle évolution ! » précise Hiva Riaria, vendeuse de bijoux au marché de Papeete.
Si les chiffres de 2023 sont particulièrement encourageants pour le secteur de la perle, 2024 devra cependant faire face à des limites : celle des effets de mode et des capacités de production de perles.