TNTV : Vous êtes la présidente du A Here Ia Porinetia pourtant le choix s’est porté sur Nuihau Laurey pour être président du Pays en cas de victoire de votre parti aux élections territoriales. Pourquoi cette décision ? Est-ce à dire qu’une femme ne peut pas être au pouvoir ?
Nicole Sanquer : « Non, ce n’est pas du tout ça. Nous avons eu une discussion au sein du parti et nous avons estimé que Nuihau Laurey était celui qui avait l’expérience de gérer ce pays avec une crise, car le pays va mal. Donc on perdra moins de temps, une fois élus, mais je l’accompagnerai dans cette équipe dirigeante ».
TNTV : La place de la femme en politique, quelle est-elle ?
– PUBLICITE –
Nicole Sanquer : « Au niveau de A Here Ia Porinetia, nous avons fait une liste avec 4 femmes et 4 hommes têtes de liste. Nous tenons à respecter la parité, même au gouvernement s’il le faut ».
TNTV : Votre programme contient 50 propositions. Vous dites vouloir être une alternative. En quoi exactement ? Qu’est-ce qui vous différencie des autres partis autonomistes ?
Nicole Sanquer : « Nous avons 50 solutions à proposer à la population. Nous avons, durant 3 ans, sillonné les îles, les quartiers et les communes et écouter la population. Nous avons voulu construire un programme simple qui répond aux problèmes quotidiens des Polynésiens. On est un parti autonomiste mais ce n’est pas du tout l’autonomie du Tapura puisque nous avons aujourd’hui à l’assemblée de Polynésie française le pouvoir de légiférer. Et on a trop tendance à faire du copier-coller par rapport à la métropole. Des compétences ne sont pas encore exercées aujourd’hui et nous, nous voulons développer ce pays en essayant d’atteindre cette autonomie pleine et entière d’ici quelques années. D’ailleurs dans notre programme, nous n’engageons pas du tout l’Etat dans les 50 mesures ».
TNTV : Récemment, le parti d’Éric Minardi, le Te Nati, a annoncé qu’il soutiendrait votre parti pour ces Territoriales. Le Te Nati avait déjà soutenu Nuihau Laurey lors des Législatives. Ce parti représente localement Marine Le Pen du Rassemblement National…
Nicole Sanquer : « Ils nous ont appelés. Ils sont hors de la course des Territoriales puisqu’ils ont quitté Tauhiti Nena et ils voulaient quand même y participer. Ils ont regardé les programmes et ils adhèrent au notre. Ce n’est pas nous qui adhérons à leur programme, ce sont eux qui adhèrent au notre ».
TNTV : Acceptez-vous ce soutien ?
Nicole Sanquer : « On regardera le chiffre des voix et on ne va pas les rejeter. Aujourd’hui, ils nous soutiennent sans nous avoir rien redemandé. Donc, nous acceptons ».
TNTV : Finalement, quelle est votre stratégie pour ces élections ? Vous avez récolté 12 000 voix lors des Législatives. Pour atteindre le second tour, il vous faudrait environ 17 000 suffrages. Quelle est la stratégie ? Bousculer un petit peu les grands partis ?
Nicole Sanquer : « Depuis les Législatives, nous avons surtout élargi la famille A Here Ia Porinetia puisque, vous avez vu, des élus du Amuitahiraa nous ont rejoints et, aujourd’hui, battent campagne pour nous. Nous n’avons pas cessé de faire du terrain. Nous avons pu continuer à structurer le parti. Aujourd’hui, nous avons des équipes dans toutes les îles, toutes les communes, et nous continuerons jusqu’à dimanche à parcourir les quartiers pour porter le message de A Here Ia Porinetia. Nous faisons aussi notre campagne à travers les réseaux sociaux pour envoyer des messages clairs aux jeunes, à tous les publics ».
TNTV : La question de la cherté de la vie est dans tous les programmes. Quelle sera pour vous la priorité pour rendre du pouvoir d’achat aux Polynésiens et je pense aussi aux archipels éloignés où les prix sont souvent plus élevés.
Nicole Sanquer : « Le premier texte que nous voterons si nous sommes élus c’est, évidemment, de supprimer cette TVA sociale. Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur l’emprunt de la CPS de 17 milliards de Fcfp, en janvier 2022, plus l’apport du Fades -Le fonds pour l’amortissement du déficit social-. Donc en janvier 2022, la CPS a quand même reçu 24 milliards de Fcfp dans ses caisses. Et en avril, le gouvernement nous annonce encore un déficit et créé la TVA sociale. Nous, nous savons que ce n’est pas une taxe qui va régler les problèmes de la PSG. Donc, on supprime la TVA sociale et on change aussi la taxation à l’entrée de notre collectivité. C’est-à-dire que les produits qui sont aujourd’hui taxés sur le coût du transport et le prix, nous retirons le coût du transport parce que pour pouvoir baisser le coût de la vie, il faut agir dès l’entrée des produits sur le territoire ».
TNTV : Parlons à présent d’un sujet dont on parle peu, celui du congés paternité. Il a été prolongé à 28 jours en métropole mais il n’y a toujours rien en Polynésie. Comptez-vous, en cas de victoire, faire avancer ce dossier ?
Nicole Sanquer : « C’est vrai qu’en tant que députée, j’ai examiné ce texte. J’y étais favorable parce que nous estimons que l’éducation et la prise en charge d’un enfant doivent être faites par les 2 parents et dès la naissance. Donc c’est vrai que ce sera un texte qu’il faudra adapter, ici, en Polynésie française ».
TNTV : Le Pacs n’est lui non plus pas applicable en Polynésie. Est-ce aussi une priorité pour vous ?
Nicole Sanquer : « J’ai déjà déposé le texte à l’assemblée. Cela fait plus d’un an. C’est à la Polynésie de faire son texte. Je l’ai déposé mais le Tapura n’a pas souhaité le faire voter. Le Pacs est reconnu ici mais on ne peut pas conclure de Pacs parce que le gouvernement Tapura n’a pas compris que c’était de sa compétence. En effet, le Pacs est un contrat et le droit des contrats est de la compétence du Pays. Cela fait donc 20 ans qu’on aurait pu résoudre le problème mais le gouvernement n’a pas voulu faire passer ce texte dans cette mandature.
TNTV : Concernant les violences entre jeunes, on a vu ce triste fait divers à Bora Bora, Nuihau Laurey évoquait la mise en place d’un couvre-feu. Est-ce que vous êtes d’accord ?
Nicole Sanquer : « Le couvre-feu évoqué par Nuihau Laurey concernait les mineurs. C’est pour une meilleure responsabilisation des parents. Aujourd’hui le problème des violences vient du fait que les jeunes ne sont pas occupés. Le programme de A Here Ia Porinetia prévoit un vaste plan de formations pour occuper ces jeunes ».