A commencer par Tamanui apatoa no Papara, seul groupe du Heiva i Tahiti 2019 à se produire de jour, dès 17h15. Ces chanteurs spécialisés en tarava Tuha’a pae ont fondé leur groupe en 2017, pour remporter le troisième prix de leur catégorie la même année, puis le premier prix en 2018. Ils sont donc le groupe à battre cette année.
Ils rendent un nouvel hommage au pandanus, arbre à tout faire des Australes, qui a permis à cet archipel de devenir le spécialiste incontesté de la vannerie.
Cette année, le district semble bien fâché contre la Reine Pomare IV. Après les Tamarii Mataiea, c’est le groupe amateur Te pare ‘o Tahiti aea, venu de Pueu, qui présente un début de conflit entre cette Reine et les habitants de Anuhi, l’ancien nom de Pueu. Selon les auteurs du thème, Tauhiro Tamu et Teio Rapae, Pomare IV allait arriver à Anuhi. Les guerriers de cette terre l’attendaient de pied ferme, pour l’empêcher d’y pénétrer. Sur les conseils d’un grand prêtre, Pomare IV renonce finalement à son projet, et repart. Les auteurs précisent qu’il s’agit d’une « histoire vraie ».
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Aux premières loges, John Mairai est indigné. Il affirme que cette scène, comme la guerre présentée par les Tamarii Mataiea au premier soir du Heiva, n’a jamais eu lieu, et qu’on « bourre le crâne des jeunes qui mettent tout leur cœur dans le Heiva, avec des idées fausses ».
Au Heiva, le thème représente un quart de la note. S’il est présenté comme historique, et que le jury détecte des erreurs, il est donc possible que les groupes soient fortement pénalisés.
« Si le jury attribue des prix aux groupes qui travestissent l’Histoire, ce sera un encouragement à propager des contre-vérités au Heiva » conclut John Mairai.
En dehors de ces considérations historiques, Te pare ‘o Tahiti aea propose pour son premier Heiva un spectacle de facture classique, plutôt bien ficelé. Le jeune groupe, créé en 2017, a le mérite d’être venu deux fois de Pueu pour ce Heiva : d’abord vendredi, lorsque la soirée a été annulée par la pluie ; et de nouveau dimanche. Il a même amené une imposante pirogue double montée sur roulettes !
Haururu Papenoo assume sa vision du chant : pour l’association culturelle Haururu, il s’agit avant tout de véhiculer l’histoire et les légendes de Papenoo, ou encore les personnages majeurs de cette commune.
Le groupe de Vetea Avaemai va raconter comment Ta’aroa créa l’homme, Tii, qui s’unit à Hina, la première femme. Et comment le dieu répartit les terres entre la famille royale, les ra’atira, les notables et le peuple.
Une prestation dédiée à Patrick Araia Amaru, puissant contributeur aux textes du Heiva, et plus globalement à la culture ma’ohi.
Pupu Tuha’a pae a déjà obtenu de nombreux au Heiva, le plus prestigieux étant le titre en Hura ava tau en 2012. Le groupe d’Arsène Hatitio est chorégraphié par Vetea Toatiti, également ‘orero.
Comme lors de sa prestation en tarava Tuhaa pae la veille, le groupe choisit pour thème la chute de Tapuata, une histoire de fils qui veut venger son père, mort piégé par ses ennemis.
Pupu Tuha’a pae s’illustre notamment par la finesse de tressage de son grand costume, patiemment élaboré avec le savoir-faire des Australes. Il contraste avec le costume végétal, une profusion savamment désordonnée de fougères, de tiare et d’oiseaux de paradis.
Une prestation enthousiaste et rafraîchissante, qui conclut cette deuxième semaine de concours… mais il reste encore une dernière prestation, prévue lundi à 19 heures pour un seul groupe : O Tahiti E.
La troupe de Marguerite Lai avait été interrompue par une pluie diluvienne, après un début de spectacle saisissant. Malgré des costumes endommagés et quelques artistes absents en raison de ce changement de date, O Tahiti E présentera son spectacle intégral à ceux qui ont payé leurs places pour samedi.
La soirée de remise des prix, elle, aura lieu mercredi.