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Les Polynésiens face aux maladies dans l’histoire, thème d’un colloque à l’Université

La population polynésienne a, comme beaucoup d’autres, été confrontée au cours de son histoire à des maladies et des épidémies. (Crédit: Photo d'illustration/TNTV)

Présente avant même l’arrivée des premiers européens, la médecine traditionnelle est profondément ancrée dans l’ADN polynésien. Une population qui, comme beaucoup d’autres, a été confrontée au cours de son histoire à des maladies et des épidémies. Tirer des enseignements du passé pour mieux comprendre le présent, c’est le but de ce colloque.

« On a voulu essayer d’élargir un peu nos horizons dans le temps et d’avoir en quelque sorte un transect entre les populations proeuropéennes, savoir quelles étaient autrefois les maladies auxquelles les Polynésiens étaient confrontés, jusqu’à aujourd’hui, en 2024. Comment ces populations font face à des épidémies telles que le Covid-19 », explique Guillaume Molle, professeur d’archéologie à l’UPF.

Aux temps anciens, les guérisseurs, les tahua, utilisaient des plantes comme remèdes. Un savoir-faire de plus en plus pris en considération par la médecine conventionnelle. « On a des informations ethnographiques, on a encore des traditions orales. Et puis aujourd’hui, on a aussi des enquêtes ethnobotaniques, ethnopharmacologiques. Donc, on aura l’occasion d’entendre, au cours de ce colloque, un de nos collègues qui a travaillé sur ces remèdes traditionnels, qui a fait des enquêtes auprès des spécialistes. Et on arrive comme ça à recomprendre un peu mieux les recettes médicinales », souligne Guillaume Molle.

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Pendant deux jours, la communauté scientifique de l’Université restituera les conclusions des travaux menés depuis deux ans. Durant ce colloque, il sera bien entendu question de la pandémie de covid 19 et de la défiance d’une partie de la population quant aux vaccins.

En plein cœur de la crise sanitaire, les soins traditionnels et la médecine conventionnelle ont été associés, mais ils ont aussi été source de conflit, notamment lors des campagnes de vaccination.

« Cette proposition préventive a aussi cristallisé les enjeux », constate Lucile Hervouet, sociologue à la Maison des sciences de l’homme du Pacifique, « du point de vue d’un patient, se faire vacciner peut-être perçu comme un acte invasif, ce qui n’est pas forcément quand on prend un remède ».

« Ce que nous, on voit en sociologie, c’est qu’on mobilise ces croyances pour légitimer une pratique, une peur, etc. Donc il ne faudrait pas non plus penser que les gens se fient à leurs croyances, à des superstitions. Non, ce sont aussi des peurs qui sont rationnelles face à un acte invasif et après on va convoquer nos croyances pour justifier le fait qu’on ne veuille pas se faire vacciner ou qu’on le souhaite au contraire », ajoute-t-elle.

À l’issue du colloque, une table ronde sera organisée pour que ces deux années de recherches débouchent sur des propositions concrètes au service des politiques de santé publique.

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