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Tokani : « les conditions de vie à l’intérieur de ces cellules ne sont pas dignes d’un être humain », estime une infirmière

Tokani : Des conditions de vie à l'intérieur des cellules "pas dignes d'un être humain"

Le 25 août, nos confrères de Radio 1 révélaient qu’un médecin du service psychiatrique avait condamné les portes des cellules d’isolement de l’unité Tokani, un acte fort pour dénoncer des conditions indignes d’internement. Le praticien a été mis à pied. Pour se justifier, il s’est appuyé sur deux rapports du contrôle général des lieux de privation de liberté.

Dans le second rapport, de 75 pages, le contrôleur décrit des chambres d’isolement ressemblant davantage à des cellules de garde à vue. Le personnel soignant, d’ailleurs, les désigne comme des cellules. Aucune de ces chambres n’a de dispositif d’appel, d’interrupteur pour allumer ou éteindre la lumière, et d’horloge pour permettre aux patients de s’orienter dans le temps. L’auteur du rapport demande que ces chambres ne soient plus utilisées, car sans accès à l’eau ni fenêtres.

Des conditions extrêmes sont corroborées par deux témoignages que TNTV a recueillis. Le docteur Angéla Rousseva est psychiatre et ancienne praticienne du CHPF. Elle raconte que des travaux étaient déjà envisagés avant le Covid « et quand on est en sédation très importante et qu’on se lève pour faire ses besoins sur des toilettes turques, on ne peut pas le faire et du coup, le respect de l’intimité ne peut pas être respecté parce qu’il faut qu’il y ait des soignants autour ».

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Une infirmière, toujours en poste au service psychiatrique du CHPF estime quant à elle que « les conditions de vie à l’intérieur de ces cellules ne sont pas dignes d’un être humain. En maintenant ce genre de conditions, il va arriver un moment donné où il y aura un drame (…) Je n’ai jamais dit que je veux que ça arrive. Je dis juste qu’à force de tirer sur la corde déjà, un, on va briser le personnel qui est déjà assez épuisé, et deux, on crée les conditions idéales pour que le drame arrive. J’ai choisi de parler de manière anonyme pour protéger ma famille et pour éviter de subir des pressions que nous subissons déjà par rapport à la situation », confie-t-elle.

Le rapport du contrôleur indique que ces chambres d’isolement doivent être fermées sans attendre la mise en place effective du pôle de santé mentale. Le ministre Cédric Mercadal, a reconnu que ces conditions étaient indignes, mais il a aussi affirmé à nos confrères que ces chambres d’isolement sont, « le seul moyen dont dispose le CHPF ».

« Le discours « on n’a pas le choix », c’est (…) ce qu’on veut faire croire aux Polynésiens pour qu’ils se résignent à subir éternellement les mêmes maltraitances »

Une ancienne praticienne du service

Une ancienne praticienne du service a souhaité répondre au ministre. « Le discours « on n’a pas le choix », c’est celui qui est tenu par l’ensemble finalement de la direction du CHPF, du service de psychiatrie, c’est ce qu’on veut faire croire aux Polynésiens pour qu’ils se résignent à subir éternellement les mêmes maltraitances », estime-t-elle.

Un malaise qui explique aussi le mouvement de personnel. Selon nos informations, pas moins de dix médecins se sont succédé depuis le début de l’année. Pour nos témoins, le service psychiatrique ne tient que par le professionnalisme des soignants.

Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) explique que le département de psychiatrie est dans une culture professionnelle qui favorise les restrictions dans la vie quotidienne des patients et un recours à l’enfermement.

TNTV a contacté les services de la présidence. Le ministère « a tenu compte » de la demande du média et « n’hésitera pas à revenir vers nous à l’ouverture du nouveau pôle de santé mentale », un pôle qui devrait finalement ouvrir début 2025 et devait déjà être opérationnel depuis 2019…

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