TNTV : Vous avez décidé de diviser presque de moitié le budget alloué à l’organisation des prochains Jeux du Pacifique. L’ancien gouvernement avait prévu 30 milliards de francs. Vous avez budgétisé environ 18 milliards de francs. C’est un coup de rabot qui inquiète le Comité Olympique qui craint que les Jeux soient moins grandioses. Comprenez-vous ces inquiétudes ?
Nahema Temarii : « Je les comprends parfaitement. Ils étaient autour de la table lorsque le président du Pacific Games Council, en présence du président de la Polynésie française, a clairement émis le souhait que ces Jeux du Pacifique aient ce côté ‘sustainable’ -durable, Ndlr-. C’est le terme qu’on utilise en anglais qui signifie qu’on s’inscrit dans le développement durable. Alors, oui aux infrastructures, mais pas n’importe comment, pas n’importe où et pas dans n’importe quels délais. Mais je comprends ».
TNTV : Comment expliquez-vous ce coup de rabot ?
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Nahema Temarii : « Le positionnement du centre aquatique ne faisait pas sens au regard du ministre des Sports. D’abord en termes d’infrastructures. Quand bien même les bâtis existants font partie du domaine privé, cela n’a pas de sens de détruire une salle de basket, un terrain de football et des cours de tennis pour implanter une seule et même infrastructure. Il faut avoir la vue d’ensemble sur l’état du Pays puisque ce projet vient s’insérer dans divers autres projets qui concernent la santé, les solidarités etc… Faire un centre aquatique à Papeete, cela fera un deuxième bassin de 50 mètres dans la même commune. Quand on a une génération des 5/11 ans qui ne sait plus nager comme nous, et, surtout, quand on a réduit les accès à la mer, par exemple sur la côte Ouest. Il est question, sur le centre aquatique, de le réétudier et de le repositionner ailleurs que là où il était prévu. C’est la raison pour laquelle on ne va pas sur le projet tel qu’il a été pensé et travaillé. Si on y allait, il fallait prendre une décision il y a quatre mois. Nous, on a fait le choix de dire non. Pas à cet endroit, pas dans ces délais-là, pas dans ces conditions-là. Par contre, on entend bien qu’un deuxième bassin de 50 mètres serait nécessaire. Maintenant, il faut qu’on prenne de la hauteur et qu’on envisage un repositionnement dans une autre commune ».
TNTV : Il y a des doutes sur les délais pour que la nouvelle piscine soit livrée à temps. Pouvez-vous affirmer ce soir que tout sera prêt pour les Jeux en 2027 ?
Nahema Temarii : « Tout sera prêt à temps, car on ne s’est pas contenté de prendre le concept Aorai et de l’imposer ailleurs. On revoit complètement ce dispositif. J’ai bien entendu la Fédération Tahitienne de Natation qui demande à juste de titre de ne pas fermer les bassins. A minima, il en faut un pour que les sportifs puissent continuer à s’entraîner. Aujourd’hui, grâce à l’ouverture d’esprit et aux bonnes relations que l’on entretient avec le tavana de Papeete Michel Buillard, nous avons commandé, via des appels d’offres, des études de faisabilité sur Tipaerui pour un positionnement, soit éphémère, soit pérenne. Mais on sait par expérience que le positionnement du bassin actuel, qui est un héritage des Jeux du Pacifique il y a de longues années, ne correspond pas aux besoins. Et surtout, aujourd’hui, il ne correspond plus aux normes internationales pour la simple et bonne raison qu’on est à proximité de la mer et que, du coup, la terre bouge. Aujourd’hui le bassin de 50 mètres ne fait plus 50 mètres ».
TNTV : Au niveau des infrastructures. Il y en aura 24 reparties sur 3 îles. Vous avez affiché votre volonté de faire rayonner la Polynésie à travers ces Jeux. Pourquoi avoir décidé de les organiser uniquement sur 3 îles ?
Nahema Temarii : « Il s’agit d’un budget. Donc si les Jeux ne peuvent pas aller dans les îles au-delà des Raromatai, il faudra qu’on travaille (…) à faire venir nos îliens à Tahiti pour profiter des célébrations. Ce qui est certain, c’est qu’à partir de cette année (….) nous relançons les Jeux des Archipels. Cela va aussi être un moyen de détecter d’éventuels talents insoupçonnés, mais aussi d’aller chercher des forces vives. Pour organiser tout ça, il va falloir du beau monde. Dans nos échanges, il a été question de transférer les compétences à nos enfants des îles ».
TNTV : La jeunesse du Pacifique se réunira avant 2027. Vous avez rencontré les ministres des Sports de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna pour un projet commun appelé Génér’action Pacifique. En quoi cela consiste et où en est-on ?
Nahema Temarii : « Il s’agissait du Pacific Sports Ministers Meeting, une réunion qui s’est tenue en amont des Jeux à Honiara (…) On s’est aperçu qu’on manquait d’échanges entre nous. Chacun des pays fait partir ses athlètes à l’international et il faut continuer. Mais pourquoi on n’essaierait pas de créer quelque chose à l’échelle régionale ? (…) Mickaël Forrest, le ministre des Sports calédonien et celui de Wallis-et-Futuna se sont rapprochés de moi pour essayer de faire quelque chose ensemble. L’objectif est de mettre en place chaque année Génér’action Pacifique pour avoir des échanges sportifs. La Calédonie est bien souvent devant nous. Ce sera l’occasion de les rencontrer un peu plus souvent pour accompagner nos sportifs dans l’atteinte des objectifs au titre de la performance et dans le but de gagner ces Jeux à la maison. C’est aussi l’occasion, pour nous, de connecter notre jeunesse ».
TNTV : Vous êtes également en charge de la prévention de la délinquance. Vous avez lancé le plan Génér’action pour endiguer les violences. Cela fait plusieurs mois que le dispositif existe. Les résultats sont-ils concluants ?Nahema Temarii : « Ils sont concluants sur les deux grosses opérations mises en place. Je souhaite sincèrement remercier les tavana car sans eux, on ne peut pas déployer les opérations que nous pensons au ministère. Il faut aussi remercier tout le tissu associatif : les parents, les bénévoles, etc. Génér’action a été très positif l’année dernière. Non seulement à Moorea, mais également à Bora Bora et on travaille le dispositif sur Tahiti pour qu’il soit de plus en plus adapté aux besoins des communes et des jeunes. L’objectif, c’est de composer avec cette jeunesse et pas de venir imposer en disant : ‘nous on pense que les jeunes devraient faire ça’. L’idée, c’est d’aller les chercher, car cet événement est le leur. On attend confirmation, mais je peux d’ores et déjà confirmer qu’on retourne à Moorea durant le premier semestre. On retourne également à Bora Bora (…) Génér’action 2024 démarre la semaine prochaine avec la tenue du premier Génér’action de l’année à la Presqu’île