Mais c’est un groupe de tarava Tahiti qui ouvre la soirée. Les Tamari’i Outua’ia’i ont été fondés l’an dernier. Ils sont menés par Eric Tepa et Annette Maire Teriimana. Officiellement, c’est leur première participation au Heiva.
En fait, ces protestants de la paroisse de Arue ont déjà été plusieurs fois titrés sous le nom de groupe Ui api no Arue. Ils chantent l’histoire de Matairua, un enfant écartelé pour avoir perturbé l’office sur un marae. Il se réincarne en Nahiti e rua, oiseau emblématique de Arue.
Le seul groupe de danse amateur à se produire jeudi est Tere Ori, créé en 2012, mais qui participe pour la première fois au Heiva. Ses forces ? Un orchestre de 30 musiciens… et le chant ! Tout au long de leur prestation, les danseurs et danseuses vont chanter. Et pour cause : le thème et les chants sont composés par Mike Teissier, un spécialiste des tarava, qui a voulu impliquer les danseurs dans cet art.
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Le groupe de Taina Tinirauarii raconte la vie de Hoturoa, un guerrier de Papara. Ce cadet d’une lignée de Arii, bientôt chef suprême des Tainui, veut s’établir ailleurs avec une partie de la population. Le spectacle narre les préparatifs à ce grand voyage, qui les mènera jusqu’en Nouvelle-Zélande.
O Punaauia s’est déjà produit en danse cette année. Mais cette fois, le groupe créé en début d’année par le Tavana de la commune, et mené par Edwin Bernadino, est venu pour chanter. Un tarava Tahiti sur le même thème qu’en danse : la légende de Hina, projetée sur la Lune par un messager de Taaroa, et du premier banian, qui lui servait à faire du tapa.
Dernier groupe de chant à se produire jeudi, cette fois en tarava Tuha’a pae : les Tamari’i Tuha’a pae no Mahina. Comme leur nom l’indique, ces jeunes de Mahina conduits par Viviane Tavita sont originaires des Australes. Ils ont déjà remporté le premier prix de leur catégorie en 2017. Leur thème célèbre l’île Eteroa, l’ancien nom de Rurutu.
Entre alors en piste Temaeva. Une entrée hésitante : quelques danseurs peinent à se mettre en place. De prime abord, Temaeva semble proposer un thème vague, sur la montagne, qui sert de modèle, d’inspiration, de symbole de force. Mais rapidement, cette histoire d’attachement à sa terre, ce lien viscéral, à travers le pu Fenua, va donner des frissons à To’ata. Elle est servie par un texte ciselé par Coco Hotahota, auteur du thème et des chants, même si c’est Cathy Puchon qui dirige désormais la troupe.
A l’avant de la scène, des tranches de vie quotidienne : une femme bat le tapa, deux jeunes hommes en tatouent un troisième, un vieillard masse un enfant.
Le spectacle n’a peut-être pas la flamboyance et le rythme survolté des prestations de Hitireva ou de Teva i Tai, la semaine dernière. Mais les aparima sont d’une absolue délicatesse. Le orero de Viri Taimana, rythmé par la mélopée de ses danseuses, est magnifique.
« Ca fait 40 ans que Coco fait la même chose, et pourtant, à chaque fois, ça prend aux tripes » reconnaît John Mairai à l’issue du spectacle.
Dans la course au prix Madeleine Moua, Temaeva risque de laisser filer quelques points : le nombre de danseurs est un peu juste, et certains artistes sont très jeunes, surtout parmi les musiciens, par ailleurs excellents. Mais c’est un choix qui sert le thème de la transmission. La priorité assumée de Temaeva, c’est le sens de son spectacle, et non le règlement du Heiva.
La troupe a été créée en 1962. C’est l’un des groupes les plus titrés, avec une dernière victoire en 2015. Coco Hotahota, Cathy Puchon et Terii Tairaau en veulent encore !