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Avis de tempête à la DTPN

(Crédit Photo : TNTV)

Nouveaux remous à la Direction Territoriale de la Police Nationale. Alors que la rumeur de propos injurieux voire à caractère raciste de la part d’officiers de police courait depuis plusieurs mois, le syndicat Alliance Police a finalement saisi le procureur de la République dans un courrier, lundi après-midi.

Ce dépôt de plainte est à l’origine de plusieurs agents de police, s’estimant victimes d’injures raciales de la part de deux de leurs collègues. Secrétaire général du syndicat, Johan Tehihipo évoque un climat délétère au sein des équipes de police : « Ce sont des faits qui ont été récurrents, et dont les plus récents datent de la fin d’année 2022, déclare-t-il. On est dans une situation de détresse qui est palpable et qu’on ne souhaite pas aggraver. Prudent, M. Tehihipo en appelle au discernement de la population : Il n’est pas question d’amalgamer tous nos collègues métropolitains. Lorsque le respect est mutuel, les choses fonctionnent bien« .

L’un des deux officiers visés par la plainte du syndicat avait lui-même porté plainte quelques heures auparavant, contre le directeur territorial de la police nationale Mario Banner, lui reprochant son absence de réaction face à des faits de harcèlement dont il aurait été victime. Un complément de plainte pour des faits de dénonciation calomnieuse et de harcèlement moral avait été déposé par un autre officier. La direction avait déjà été ciblée par une première plainte au mois de novembre, là aussi pour des faits de harcèlement moral et menaces. À la même période, Alliance Police avait de son côté formulé un courrier à la DTPN, remonté à l’administration centrale, demandant l’ouverture d’une enquête administrative.

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« Sans la France, la Polynésie serait de la m*rde »

Dans ce contexte, un rapport précisant la teneur des discussions entre les officiers et leurs collègues polynésiens a été produit. TNTV s’en est procuré un extrait, dans lequel un agent de police confirme ses déclarations : « Au quotidien, dans son comportement au bureau, elle nous montre bien par son attitude, et ses propos, qu’elle n’aime pas les Polynésiens et les dénigre […]. Elle m’a dit que sans la France, la Polynésie serait de la M*RDE, que nous sommes un peuple de fainéants et de profiteurs et nous ne savons pas travailler« .

Dénonçant des « propos scandaleux« , l’agent poursuit en évoquant une autre discussion avec l’officier, au sujet des anciens combattants : « Un jour, elle a abordé avec moi la problématique de son ancêtre qui s’est battu pour la France, en me disant que les Polynésiens ne connaissent pas ça mais profitent de cette situation de liberté. Je lui ai alors répondu que nos aînés aussi ont quitté la Polynésie pour se rendre sur les différents champs de batailles pour combattre et libérer la France […] Elle m’a alors regardé avec mépris et hautainement et m’a dit ‘pffff, ça leur a permis de sortir d’ici et de découvrir le monde‘ « .

(Crédit Photo : TNTV)

L’Inspection Générale de la Police Nationale sollicitée

Le conflit atteint son paroxysme, tandis que l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) est missionnée depuis lundi en Polynésie pour évaluer les résultats de la mise en place des directions territoriales de la police nationale (DTPN) au fenua, effective depuis le 1er janvier 2022. Parallèlement à cet audit, les plaintes des deux officiers ont été portées à la connaissance de l’IGPN.

Pour leur avocat Me Millet, la plainte du syndicat Alliance Police apparaît comme une forme de manipulation : « Je constate que cette plainte est déposée le jour même de l’arrivée de l’inspection de la police. Manifestement, c’est une manière de faire diversion pour lancer l’attention sur autre chose, dénonce-t-il. Subitement, le jour de l’arrivée d’une inspection, on déposerait une plainte pénale ? Ça frise le ridicule, c’est de la manipulation« .

Alliance Police évoque une situation critique et « d’autant plus déconcertante qu’on a appris, par notre structure nationale, qu’il se pourrait que le contrat de la personne mise en cause soit prolongé ». Une éventualité « incompréhensible« , pour M. Tehihipo.

Selon nos informations, cet officier avait reçu un blâme, synonyme de manquement au code de déontologie de la police nationale, alors qu’il occupait un poste en Bretagne, avant son arrivée au fenua. « Cela fait 2 ans qu’il est en poste sans qu’il n’y ait eu aucune plainte, aucune expression d’un mal être quelconque sur des comportements ou des propos qui auraient pu être à caractère raciste« , défend Me Millet.

Sollicité, Mario Banner n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il a toutefois confirmé l’ouverture de l’enquête administrative contre les deux officiers visés par la plainte d’Alliance Police.

Mise à jour:

L’un des deux officiers mis en cause par la direction de la DTPN, notamment pour des propos visant les anciens combattant a tenu à apporter des précisions par le biais de son avocat, maître Thibaud Millet :

« Face aux commentaires du maire de Maupiti, qui ne reposent que sur des déclarations verbales qui n’ont fait l’objet d’aucune enquête ou débat contradictoire, ma cliente est affectée car cela ne correspond pas à ses valeurs d’attachement à la République. Par son passé militaire familial, jamais elle n’aurait pu dire de telles aberrations d’autant qu’intéressée par l histoire, elle a lu plusieurs documents dont l’ouvrage de J-C Shigetomi sur les tahitiens partis combattre la tyrannie sur l’ensemble du globe et pour certains au péril de leurs vies comme leurs camarades des outre-mer. Dans une précédente affectation, elle a côtoyé plusieurs militaires polynésiens affectés et avait apprécié leur attachement à la patrie et leur détermination à être exemplaire. En outre, la situation de la DTPN à proximité de la rue des poilus tahitiens et du monument aux morts font que personne ne peut oublier cette partie de l’histoire. De telles accusations atteignent profondément également sa famille car elle a une fille militaire et un fils qui a fait la préparation militaire marine à Tahiti. Il a d ailleurs chanté le chant des Tamari’i volontaires lors de sa cérémonie de sortie. Il est temps de laisser l’IGPN terminer ses inspections et rendre ses conclusions sereinement. »

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