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Défauts de permis de conduire : la nouvelle bête noire des autorités

En 2023, les forces de l’ordre ont constaté plus de 2000 défauts de permis de conduire. (Crédit: TNTV)

Défauts de permis de conduire : la nouvelle bête noire des autorités

Avec 34 morts en 2023 sur les routes, la Polynésie déplore, à population égale, trois fois plus de décès que dans l’Hexagone. La vitesse, l’alcool et les stupéfiants restent les principales causes d’accidents.

Mais un autre élément interpelle : celui des défauts de permis de conduire. Ce week-end encore, un accident a impliqué deux automobilistes qui circulaient sans le précieux document.

En 2023, les forces de l’ordre ont constaté plus de 2000 défauts de permis. Un chiffre qui inquiète Emmanuel Mericam, le directeur territorial de la police nationale.

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« Il y a une forte augmentation et c’est déjà aussi le cas pour le début de l’année 2024. Il n’y a pas de typologie particulière qui se dégage. Cela se manifeste soit à l’occasion des trajets du quotidien, soit de manière plus générale lors de nos opérations routières coordonnées », indique le commissaire.

Le coût pourrait-il être le principal frein à l’inscription au Code de la route et aux cours de conduite ? Selon le président du syndicat des auto-écoles, les raisons sont à chercher ailleurs.

« Je pense que c’est lié à la nonchalance. C’est facile de se renseigner et de rentrer chez nous pour demander des informations. Il y a un manque d’envie. Le prix n’est même pas celui d’un smartphone. Donc dire que le permis est cher, que c’est un frein, je ne suis pas forcément d’accord », estime Gérald Chauney, le président du Syndicat des auto-écoles de Polynésie française qui souhaiterait que les fautifs soient plus lourdement sanctionnés.

« On a une loi de Pays qui prévoit pour la conduite sans permis jusqu’à 2 ans de prison, 540 000 francs d’amende, l’interdiction de passer le permis pendant 3 ans et l’immobilisation du véhicule. On s’aperçoit que ce n’est pas appliqué (…) ça n’incite pas à changer », déplore-t-il.

Pour Gérald Chauney, le président du Syndicat des auto-écoles de Polynésie française, ce n’est pas le coût de la préparation au permis de conduire qui pose probleme, mais la « nonchalance » d’une frange de la population. (Crédit: TNTV)

Du côté du parquet de Papeete, on assure qu’il n’y aucune complaisance en la matière et que les affaires sont traitées au cas par cas.

« On entend beaucoup dire que la justice serait laxiste, mais on entend aussi beaucoup dire que les prisons sont surchargées, ce qui, en soi, est assez contradictoire. L’intérêt, ce n’est pas tant la sanction en elle-même, même si, bien sûr, il faut qu’il y ait une sanction, mais c’est aussi la prévention de la récidive. Donc, le choix de la sanction, ce n’est pas forcément avoir la sanction la plus sévère, mais la sanction qui permettra que les faits ne se reproduisent pas », souligne la procureure de la République, Solène Belaouar.

Pour améliorer le volet répressif, les services de sécurité veulent aussi harmoniser leurs moyens avec ceux dont disposent leurs homologues de l’Hexagone.

« Le principal manque, aujourd’hui, en termes de lutte contre l’insécurité routière, c’est un outil informatique qui existe en métropole et qui s’appelle le procès-verbal électronique. Il permet de passer dans l’ère numérique et d’éviter aux agents de terrain (…) d’être encore armés de timbres-amendes papier », glisse le commissaire Mericam.

Des questions qui seront très certainement évoquées lors d’un séminaire sur la sécurité routière dont le Haut-commissaire vient d’annoncer la tenue prochaine, en collaboration avec les services du Pays.

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