Vivre en communauté, de manière éco-responsable et si possible en auto-suffisance : c’est ce que proposent les éco-villages ou villages écologiques.
L’un des plus connus est Auroville, en Inde, fondé il y a plus de 50 ans par une Française, Mirra Alfassa. Mais il en existe bien d’autres à travers le monde. Un modèle qui attire une population soucieuse de réduire sa consommation d’énergie, et de consommer local.
Alors que le Pays travaille depuis plusieurs années au développement de l’autonomie alimentaire et de l’autosuffisance, en Polynésie, plusieurs projets sont en cours de réalisation. Pour certains, l’idée a germé il y a plusieurs années. Sara Aline est formatrice dans le domaine de l’éducation. Elle est également à la tête de l’association Parent Autrement. « J’ai toujours eu cette envie depuis jeune adulte. Ensuite, avec la création de l’association il y a dix ans, ça a commencé à émerger parce que lorsqu’on galère avec ses enfants, c’est toujours bien de se réunir et d’en parler. Pour nourrir ça de façon pus simple qu’un village, il y a eu la création de l’association et un lieu de rencontre. À l’époque on se réunissait chez les parents de l’association. Puis, il y a 3 ans, on a créé l’éco-lieu dans le même principe. »
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Un éco-lieu créé après plusieurs tentatives d’éco-villages. L’éco-lieu réunissait des familles aux valeurs partagées : école à la maison, respect de l’environnement, végétarisme… « L’écolieu est devenu un moyen de rassembler une communauté qui voudrait se consolider et monter un éco village. (…) Avec l’éco-lieu on a quand même tissé des liens forts avec certaines familles ».
Un terrain de 7 hectares à Moorea
En septembre 2022, Sara a rendu les clefs de cet éco-lieu pour se concentrer sur son nouveau projet d’éco-village. Elle et son compagnon ont fait l’acquisition d’un terrain de 7 hectares à Moorea. Même si leur idée de départ était d’acheter à plusieurs : « On a acheté seuls. Ce n’était pas notre rêve mais à un moment il faut rejoindre la réalité. On achète pour bloquer, sécuriser mais l’objectif c’est de trouver un moyen juridique pour que la terre appartienne à l’association ou qu’on trouve un moyen de diviser (…) On veut que ce terrain appartienne à tout le monde et que l’argent ne soit pas un frein. »
« Il faut tout un village pour éduquer un enfant » : un proverbe qui convient parfaitement aux valeurs de Sara. « Il faut se rappeler que c’est l’éco-village de ‘l’association Parents autrement à Tahiti (…) Bien sûr, l’éco-village conviendra aussi aux adultes mais il ne faut pas oublier que les enfants sont les adultes de demain ».
Sara rêve d’un « petit village » de 5 ou 6 familles, « avec des petites maisons, avec des matériaux locaux (…) Des petites maisons, (…) pas de cuisine. C’est important pour nous qu’on soit un vrai collectif, qu’on cuisine ensemble et que toutes les activités qui peuvent être partagées ensemble le soit : cuisine, jardin, bricolage, linge… (…) Des petites maisons avec un grand espace commun pour les habitants mais également pour accueillir le public. On a testé le « produit » de l’éco-lieu et il fonctionne. »
Pas d’utilisation excessive d’énergie : Sara mise sur la « low tech » : « À l’éco-lieu, on avait fabriqué la machine à laver à pédales, on a testé le grindeur à café, un truc pour fabriquer la farine aussi. C’est ça la low tech… »
Formations, conférences, séances de yoga, y seraient aussi proposées. Et pourquoi pas également une cabane réservée aux woofers, ces voyageurs qui sont logés en échange de services.
« On veut travailler avec les institutions »
Sara Aline
Dans un rapport sorti en fin d’année 2022, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) cible certains éco-villages où les habitants vivent en autarcie. « Ce n’est pas notre vision, indique Sara. On veut travailler avec les institutions. » Des marae se trouvent sur le site. Sara explique vouloir les préserver en travaillant avec des associations de l’île.
Des fa’a’apu, une utilisation réduite d’énergie, une culture préservée… Un rêve qui émerge dans la réalité. Mais avant de se lancer, Sara et sa famille ont décidé d’aller à la rencontre des éco-villages du monde. Partis le 4 janvier dernier, après un passage en Australie notamment, ils ont atteint le 11 février Auroville, où un contact les conseille. « On a besoin de voir de nos yeux. La théorie ça ne suffit plus. On veut vivre les choses de l’intérieur et voir comment les autres font« . Leur voyage devrait durer plus d’un an. Sara envisage de démarer les constructions sur le terrain de Moorea dès son retour.
Un projet aux Australes
Un éco-village en préparation sur l’île soeur donc… et un autre aux Australes. Antoine Carrier est le co-fondateur de Tera coop, un éco-village de métropole. Aujourd’hui installé aux Australes, à Tubuai, il peaufine un nouveau projet. Lui opterait plutôt pour un bail emphytéotique ou bail longue durée, plutôt que pour l’achat d’un terrain, « pour ne pas se couper du territoire ». Dans cet éco-village, des « pôles de compétences » seraient mis en place afin que chacun apporte son savoir à la communauté, et pour éviter une structure « pyramidale » avec un chef à la tête du village, explique-t-il.
Très impliqué dans le mouvement français pour un revenu de base, Antoine estime que donner de l’argent n’est pas forcément une manière d’aider. Sa vision : fournir plutôt des logements autonomes et une terre pour cultiver. Dans l’éco-village qu’il imagine, les personnes qui souhaiteraient s’y installer devraient participer à la construction de leur fare. Tout comme Sara, Antoine souhaiterait que les institutions du Pays soient impliquées dans le projet. Une manière de donner « du sens à l’autonomie, comme un projet collectif », explique-t-il.
Antoine souhaite, dans un premier temps, construire un prototype de maison autonome, afin de faire connaitre le projet.
Le voyage de Sara et sa famille à la découverte des éco-villages du monde,
est à suivre ICI