Après l’annonce, ce week-end, par la Garde Civile mexicaine, de la saisie de plusieurs kilos de méthamphétamine dissimulés dans des figurines de tortues destinées à la Polynésie, le parquet de Papeete a pris attache avec l’ambassade de France de ce pays pour obtenir des informations sur les investigations en cours.
« Nous devrions pouvoir obtenir l’échange de ces éléments d’enquête par la voie diplomatique pour orienter notre propre enquête, ici, en Polynésie », explique à TNTV une source judiciaire.
Le parquet s’apprête, en effet, à ouvrir une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer un trafic international de stupéfiant. Elle devrait être confiée aux limiers de l’antenne polynésienne de l’Ofast, l’Office Anti-Stupéfiant. Les enquêteurs ont « bon espoir » d’identifier, à terme, les commanditaires de la drogue et de les appréhender.
Cette nouvelle prise importante démontre, en tous les cas, « que le trafic ne cesse plus, ne fait que croître, et que les trafiquants sont de plus en plus professionnels ». « Nos trafiquants, en particulier ceux qui sont en prison pour de peines importantes, continuent, en interne, et en extérieur, le trafic. Certains d’entre eux repassent au tribunal pour de nouvelles affaires. D’autres sont pris en flagrant délit, bracelet électronique à la cheville. Et si le trafic ne vient pas de l’intérieur de la prison, mais de l’extérieur, cela veut dire que ceux qui sont emprisonnés sont remplacés par de nouvelles équipes. La nature a horreur du vide », constate encore cet interlocuteur.
« Il faudrait encore accroître les moyens »
Des trafiquants qui disposent de solides contacts auprès des cartels mexicains, comme ce fut le cas dans le dossier « Sarah Nui » impliquant notamment Tamatoa Alfonsi et Maitai Danielson, depuis lourdement condamnés.
« Tous deux avaient été interpellés par la police mexicaine. On a ensuite retrouvé sur le téléphone portable d’une ex concubine d’Alfonsi des messages du cartel de Sinaloa qui proposait de les faire libérer contre 50 000 dollars chacun. Cela démontre des liens plus qu’imbriqués », ajoute la même source.
Et celle-ci de poursuivre : « C’est un véritable problème de santé publique, de société. Il faut que tous, dans la société polynésienne, on en soit conscients. Aujourd’hui, des SDF fument de la méthamphétamine en ville. Cela veut dire que même des gens qui n’ont pas d’argent y ont accès. Cette drogue s’est donc complément disséminée sur le territoire ».
L’implantation récente, en Polynésie, d’une antenne de l’Ofast, « une force de frappe très efficace avec beaucoup de professionnalisme », a permis d’accentuer la pression sur les trafiquants. Mais vu l’ampleur de la tâche, « il faudrait encore accroître les moyens, humains et matériels », estime notre interlocuteur.