M. Mapou avait refusé d’accueillir cette mission avant la réunion du Forum des îles du Pacifique, qui réunit cette semaine dix-huit Leaders océaniens dans la capitale du Royaume des Tonga. “L’Etat avait décidé de l’organiser sans parler à la Nouvelle-Calédonie” a justifié Louis Mapou.
La France avait accepté cette mission d’information, mais refusé qu’elle prenne la forme d’une “mission de médiation”. “C’est une collectivité française et donc c’est la France qui a encore – et c’est sanctuarisé dans les accords de Nouméa – la compétence régalienne des affaires étrangères et de la sécurité sur le territoire de Nouvelle-Calédonie, donc le territoire français. Et donc c’est l’Etat français qui doit décider” avait déclaré trois jours plus tôt Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France pour le Pacifique et cheffe de la délégation française au 53ème Forum des Îles du Pacifique. Elle a estimé que la question de l’autodétermination était déjà étudiée par les Nations-Unies, alors que pour M. Mapou, cette question doit aussi être traitée au niveau régional, donc par les pays membres du forum, tous indépendants, sauf la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.
“Sur aucun des Territoires, l’Etat français ou le gouvernement français ne peut aller à l’encontre du principe d’autodétermination” a-t-elle déclaré. “La décolonisation a été actée dans les lois organiques qui créent l’autonomie de la Polynésie français et de la Nouvelle-Calédonie” a assuré l’ambassadrice. Cette idée est contestée par les indépendantistes des deux collectivités, qui souhaitent une décolonisation.
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Louis Mapou a précisé qu’il ne comptait pas rencontrer Mme Roger-Lacan à Nukualofa, puisqu’ils peuvent se voir en Nouvelle-Calédonie, où elle est basée.
Moetai Brotherson a proposé de jouer un rôle de médiateur. Il a estimé que la France avait commis « des erreurs manifestes » en maintenant le troisième référendum, en nommant Sonia Backès ou en envisageant le dégel du corps électoral calédonien, et que les émeutes étaient « prévisibles ». Il s’est proposé comme médiateur entre la France et la Calédonie.
Quant à Louis Mapou, il estime que la Calédonie est à un tournant de son histoire. Et que l’avenir du Caillou doit être pensé par les Calédoniens et la France, qui ont une « responsabilité commune ».
Les tensions en Nouvelle-Calédonie ont conduit au décès d’onze personnes au cours des derniers mois et à la destruction de nombreux commerces, mais aussi d’écoles et de lieux de culte. “Les événements qui se sont déroulés sont durs, d’une gravité extrême et participent d’une certaine manière à l’instabilité de la région” a regretté M. Mapou. Ce qui justifie selon lui l’implication des pays voisins.