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Moetai Brotherson sur les tensions au Tavini : « Je ne suis pas choqué par ce qui se passe »

(Crédit Photo : TNTV)

Moetai Brotherson sur les tensions au Tavini : « Je ne suis pas choqué par ce qui se passe »

TNTV : Durant le 52e Forum du Pacifique, les questions environnementales et la cohésion des Pays du Pacifique étaient au centre de la table. Quel bilan en tirez-vous pour la Polynésie ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Il y a d’abord un bilan pour la région. On a discuté des sujets de connectivité, que ce soit de la connectivité aérienne, sur le numérique… J’ai fait une intervention sur la cybersécurité, avec un lead qui va être pris par Tonga et nous-mêmes sur ce sujet. Nous avons aussi discuté du deep sea mining, l’exploration ou l’exploitation des minerais sub-océaniques (…) Pour ce qui concerne la Polynésie, j’avais des rencontres bilatérales prévues avec Singapour et la Corée du Sud, dont le ministre des pêches était présent au Forum » .

TNTV : Pourquoi ce choix d’une intervention sur la cybersécurité, quelles sont les menaces qui pèsent sur le Pacifique ?

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Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Nous sommes de plus en plus interconnectés. Dans chacun de nos Pays, les activités économiques sont de plus en plus numériques, qu’il s’agisse des banques, des assurances ou de l’administration. Il y a eu des attaques qui ont porté sur le système de télécommunications en Papouasie Nouvelle-Guinée et aux Îles Salomon. On a, nous aussi, des attaques en Polynésie, qui sont heureusement contrées. À l’aune des épreuves des Jeux Olympiques, c’est un sujet sur lequel il faut se pencher sérieusement » .

TNTV : Le secrétaire d’État chargé de la mer Hervé Berville est également présent au fenua. Quel sera le dossier prioritaire ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Celui dont nous avons déjà discuté lors de nos deux rencontres à Paris est celui du campus des métiers de la mer, que nous voulons mettre en place en collaboration avec l’État. Hervé Berville a fait des initiatives de ce genre à la Réunion et d’autres territoires, donc on a un partage d’expériences qui sera positif » .

TNTV : Plusieurs sujets ont fait polémique au fenua pendant votre déplacement à Rarotonga, notamment la proposition de résolution de Hinamoerua Morgant-Cross, sur la limitation du nombre de mandats des élus au sein de l’Assemblée de Polynésie. Que pensez-vous de ce texte ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Sur le principe, je suis d’accord. J’avais mis dans mon programme de candidat à l’Assemblée Nationale en 2017 que je ne ferai que deux mandats, si j’étais réélu. En 2017, la loi a été changée au niveau national, les mandats du Parlement sont limités à deux. Ici, il s’agit plus d’un problème de communication, s’il n’y a pas eu de concertation préalable avec l’ensemble du groupe, notamment les plus anciens. C’est ce qui a peut-être provoqué cette tension. Dans les détails, est-ce que c’est deux, trois mandats, contigus ? Il faut tenir compte du contexte. On n’est pas dans un Pays de 66 millions d’habitants, le potentiel de personnes qui peuvent s’engager en politique n’est pas le même » .

TNTV : Vous aviez affirmé sur notre plateau qu’il n’y avait pas de « dissensions » mais des « différences de caractère au sein du Tavini » . Au vu du remue-ménage qu’a causé cette résolution au sein du Tavini, ce n’est visiblement pas le cas. Quelle est réellement la situation au sein du parti ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « C’est une question qu’il faut poser au chef du parti. Je pense que la plupart des gens n’ont pas la culture politique qui existe depuis toujours au sein du Tavini, qui est une culture du débat (…) Je ne suis pas choqué par ce qui se passe, c’est aussi une confrontation de générations. Nous avons 35 nouveaux représentants sur les 38 qui constituent le groupe Tavini à l’Assemblée donc c’est normal qu’il y ait ce genre de phénomène » .

TNTV : Cautionnez-vous l’attitude de certains élus du Tavini qui ont, selon les termes de Hinamoerua Morgant-Cross, « critiqué, rabaissé, et poignardé dans le dos » ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Je ne suis pas à sa place (…) Qu’il y ait eu des mots qui étaient très durs, peut-être, je ne sais pas. Je n’étais pas là donc, je ne jugerai pas » .

TNTV : Revenons à la Session Budgétaire de l’Assemblée, qui fait beaucoup de bruit. Le Tapura et les non-inscrits déplorent le manque de concret. Que leur répondez-vous ce soir ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « C’est normal que l’opposition adopte ce genre de posture. Nous avons hérité d’une situation, avec beaucoup de promesses qui ont été faites, sans les crédits en face. Il faut se calmer. Quand j’entends certaines critiques de l’ancienne équipe au gouvernement sur des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés, notamment celui de l’OPH, il vaut mieux en rire qu’en pleurer » .

TNTV : À l’Assemblée, les propos racistes semblent quelque peu se banaliser. Je pense à Mitema Tapati ou au ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia. Qu’en pensez-vous ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Je n’ai pas à approuver ou désapprouver le propos de ces personnes. Elles assument leurs propos. J’ai déjà dit ma conception de ce qu’était être Polynésien. Pour moi, est Polynésien celui qui ne conçoit pas de mourir ailleurs qu’ici » .

TNTV : Vous venez de rentrer des Îles Cook, mais il y a d’autres rendez-vous majeurs dans votre calendrier au mois de novembre, comme la COP28 à Dubaï ou le congrès des Maires à Paris. Avez-vous prévu d’y assister ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Je n’irai pas à la COP, mais j’ai un déplacement prévu à Paris, qui se combine avec le congrès des maires. J’ai des rendez-vous avec le maire de Cannes David Lisnard, qui est président de l’Association des maires de France. Cannes est une ville de l’audiovisuel, il y a des filiales avec lesquelles il peut être intéressant pour nous d’avoir des partenariats. Le musée de Cannes est également tenu par une Polynésienne (…) en marge du congrès, j’ai des rencontres prévues en Italie et potentiellement à Bruxelles sur les questions des énergies renouvelables » .

TNTV : L’opposition vous a reproché d’être souvent absent du territoire. Que leur répondez-vous ?

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Si on faisait le bilan des déplacements qu’a faits l’ancienne équipe, ils ont certainement fait autant avec beaucoup plus de personnes dans les délégations, pour un résultat qu’on attend toujours. J’ai fait quelques déplacements aux États-Unis, je suis revenu avec un contrat avec Google. Il faut comparer ce qui est comparable » . 

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