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Moorea : l’Autorité polynésienne de la concurrence interdit l’implantation d’un magasin Carrefour

L’implantation d’une enseigne Carrefour à Moorea « présentait des risques concurrentiels élevés d’éviction de concurrents au détriment de l’animation concurrentielle favorable aux consommateurs » précise l’APC.

« Le groupe Wane exploiterait deux supermarchés sur l’île, avec une surface de vente qui serait portée de [1000-1500] m² à [3000-3500] m², contre [700-800] m² pour son unique concurrent sur cette catégorie de magasins, le Super U Are, note l’APC dans son analyse.

La part de marché du groupe Wane serait ainsi de l’ordre de [75-85] %, en augmentation de [10-20] points. Ce chiffre élevé implique l’existence d’un écart très important avec le seul concurrent existant, le Super U Are, lequel verrait sa part de marché diminuer de moitié, passant de [30-40] % avant opération (soit [25-35] points de moins que celle du groupe Wane) à seulement [15-25] % après l’opération (soit [60-70] points de moins que celle du groupe Wane).

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En incluant les projets de supermarchés (Painapo Market et Happy Market), autorisés récemment par l’Autorité mais pas encore en exploitation, et dont les responsables indiquent qu’ils ne se réaliseront pas en cas d’autorisation du présent projet de « Carrefour » de Maharepa, la part de marché du Groupe Wane atteindrait le seuil de [45-55] %, en augmentation de [15-25] points par rapport à sa position actuelle sur le marché. Chacun des 4 concurrents hypothétiques disposerait alors d’une part de marché similaire de [5-15] ou [5-15] %, très nettement inférieure à celle du groupe Wane. »

Avant de rendre sa décision finale, l’Autorité de la concurrence avait demandé au groupe Wane de « proposer des modifications au
projet, en termes de réduction de surface de vente alimentaire et des mesures comportementales ».

Mais « les engagements présentés n’ont pas été considérés suffisants pour écarter les risques concurrentiels identifiés, en particulier le risque de voir ce seul projet se substituer à plusieurs projets concurrents » indique l’Autorité.

« Nous avons décidé d’attendre pour le moment. De toute manière, compte-tenu de la conjoncture et des mois difficiles qui s’annoncent, c’est peut-être une opportunité de pouvoir se concentrer justement sur les projets sur lesquels nous avons obtenu des autorisations notamment sur Paea et Raiatea », a réagi Nancy Wane.

L’Autorité polynésienne de la concurrence a pour mission de veiller à ce que les opérations de concentration ou d’aménagement commercial ne réduisent pas la concurrence. « Le Code de la concurrence confie à l’Autorité polynésienne de la concurrence le contrôle des aménagements commerciaux donc ça veut dire le contrôle des créations, des ouvertures, des modifications, agrandissements, changements d’enseignes des commerces au-delà de 300m2 donc le seuil c’est 300m2. À partir de ce seuil là, les entreprises doivent impérativement obtenir notre autorisation préalable. Les projets nous sont notifiés. On analyse au cas par cas en fonction des éléments concurrentiels, de la structure du marché, de la structure économique, des zones concernées. Et notre mission première, c’est de préserver le jeu de la concurrence. Un des critères principaux dans ce type d’analyse, c’est effectivement de regarder si le projet est susceptible de se substituer, de restreindre la concurrence sur la zone concernée », explique la présidence de l’APC Johanne Peyre.

« Il n’est pas interdit d’être en position dominante »

Johanne Peyre, présidente de l’APC, à propos du groupe Wane

« Le groupe Wane a une position de leader. On ne s’est jamais prononcé, pour être clairs, sur le caractère dominant ou non de cette. Pour être très clair également, je tiens à préciser qu’il n’est pas interdit d’être en position dominante. Simplement, lorsque vous êtes en position dominante, vous avez des contraintes supplémentaires qui s’appliquent à vous », précise Johanne Peyre.

Nancy Wane explique ne pas savoir « quelles sont les motivations de l’APC derrière cette décision finale. Par contre je me questionnerai sur, par les temps qui courent, l’inflation et la récession économique notamment qui est assez forte sur Moorea, sur l’importance que l’on porte et la priorité que l’on porte à l’emploi sur Moorea et le pouvoir d’achat de ses habitants ».

Depuis janvier, l’APC a rendu trois décisions dont deux autorisations sous condition d’engagements.

L’interview de Johanne Peyre, présidente de l’Autorité polynésienne de la concurrence

La décision de l’APC

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