Quatorzaine pour les arrivants en Polynésie : « on sait très bien que les touristes ne viendront plus » déclare le P-dg d’ATN

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Des syndicats signataires d'un préavis de grève générale, demandent la mise en place de la quatorzaine pour les arrivants en Polynésie. Une très mauvaise idée, estime le P-dg de la compagnie aérienne locale Air Tahiti Nui.

Publié le 02/09/2020 à 12:01 - Mise à jour le 03/09/2020 à 13:17

Des syndicats signataires d'un préavis de grève générale, demandent la mise en place de la quatorzaine pour les arrivants en Polynésie. Une très mauvaise idée, estime le P-dg de la compagnie aérienne locale Air Tahiti Nui.

Plusieurs syndicats ont lancé un appel à la grève générale. Le préavis devrait prendre fin le 8 septembre. S’ils n’ont pas l’intention d’aller jusqu’à la grève, les syndicats espèrent faire réagir les autorités. Parmi leurs revendications, la mise en place d’une quatorzaine pour tous les arrivants, afin de stopper la propagation de la covid-19.

Pour le P-dg d’Air Tahiti Nui (ATN), Michel Monvoisin, une quatorzaine serait catastrophique, non seulement pour la compagnie au tiare, mais aussi pour tout le secteur touristique : « La grève est un droit constitutionnel donc je ne commente pas. Il y a juste une partie qui m’intéresse, c’est d’imposer une quatorzaine à tous les arrivants. On sait très bien que les touristes ne viendront plus. On a des statistiques de la IATA : 70% des passagers annulent leur vol quand il y a une quarantaine à l’arrivée. (…) On entend parler des touristes locaux, mais les locaux c’est moins de 20% de la clientèle. Les hôtels ne resteront pas ouverts pour remplir à 20%. Les hôtels fermeront, il n’y aura plus de chambres, donc la compagnie mettra ses avions au sol. Elle fera de la continuité territoriale. mais pour faire de la continuité territoriale une fois tous les 10 jours, ça veut dire qu’on a du personnel en trop.« 

La crise a mis ATN en grande difficulté. La compagnie a survécu en partie grâce au soutien du Pays et de l’Etat, mais aussi en baissant les salaires de ses employés : « Nous avons demandé le soutien du pays qui nous l’a accordé, il a joué son rôle d’actionnaire, nous avons demandé les PGE (prêts garantis par l’Etat, NDLR) et puis nous avons eu le soutien de nos salariés qui ont accepté des réductions de salaires (…) Les gens qui demandent à sacrifier le tourisme ne réalisent pas aujourd’hui. Je pense que ceux là touchent 100% de leur salaire en fin de mois. Ils ne réalisent pas les efforts que font tous les salariés dans le tourisme aujourd’hui pour rester en vie. »

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« Ce qu’il faut comprendre en plus, parce que j’entendais des syndicats dire « on n’a qu’à sacrifier un secteur, il en reste d’autres. » Mais l’analyse est fausse. Je pense qu’il faut qu’ils comprennent mieux l’économie. Aujourd’hui, le tourisme représente 15% du PIB, certes. Mais on a tous des fournisseurs, tous nos employés consomment, on a tous des sous-traitants. Donc si on ferme la vanne, c’est plus 15% qui est affecté, c’est 30% voire plus » estime Michel Monvoisin.

Pour poursuivre son activité, ATN envisage d’autres mesures en interne : « Il y a un plan de départs volontaires. Ça a été la première mesure que nous avons prise, et qui est en cours. Je n’ai pas le bilan. Il était valable jusqu’au 31 août. (…) On cherche grosso-modo 20% d’économie. (…) On est entre 7 et 8 milliards de masse salariale. L’objectif étant d’économiser environ 20% de masse salariale sur 3 ans.
On a commencé à discuter d’autres mesures. Celle qui est envisagée aujourd’hui c’est l’activité partielle avec soit des CDI intermittents, soit des gens qui se mettent en congés sans solde, un mois OFF, un mois ON. »

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