C’est une habitante de Faa’a et l’un de ses amis qui ont fait la macabre découverte : un cadavre de chien, découpé en morceaux. Des morceaux abandonnés en bord de route, dans un sac de farine.
La découverte aurait eu lieu dans le quartier de Vaitupa, à Faa’a. Une zone non résidentielle.
La police municipale a été avertie, mais pas par les riverains qui ont trouvé l’animal sur la voie publique.
« La démarche à faire quand on est face à une telle situation, c’est d’appeler directement la brigade municipale ou la gendarmerie, rappelle Robert maker, adjoint au maire de Faa’a. Ce sont les deux entités qui peuvent répondre assez rapidement et nous, au niveau de la structure communale, on a d’autres services qui sont chargés de prendre les animaux et de les sécuriser. C’est de la maltraitance et j’espère que les responsables seront sévèrement punis. » L’élu se dit « très choqué ».
Qu’est-il arrivé à cet animal ? Difficile à dire en observant la photo qui circule sur les réseaux sociaux. « On a une photo sur laquelle effectivement, on voit un cadavre de chien. On voit que la position fait qu’il a sans doute dû être découpé, mais la photo ne le montre pas précisément, note Carole Couturier, présidente du collectif de l’Alliance pour le respect et la protection des animaux de Polynésie (Arapp). Au-delà de ça, sans autopsie, sans contexte réel des choses, c’est malheureusement un sac qui a été trouvé avec des restes d’un cadavre d’animal, mais on n’a pas plus d’information. »
Trop tard pour une autopsie et pour ce qui est de la manière dont le cadavre a été abandonné, la loi ne prévoit rien selon la présidente de l’Arapp : « Aujourd’hui, il n’y a pas de cadre sur la gestion des cadavres d’animaux. On entre dans un vague autour des déchets qui eux sont cadrés par le Code de l’Environnement. Le fait que ce sac avec des déchets -même si le terme est difficilement approprié- soit en bord de route, on n’a pas le droit d’abandonner des déchets en bord de route. Mais pour ce qui concerne un animal mort, on a zero cadre. Aujourd’hui, le statut de l’animal le protège jusqu’à sa mort, mais pas au-delà », regrette-t-elle.
L’animal a-t-il été tué pour être consommé ? Pour Carole Couturier, il pourrait s’agir d’autre chose : « Des fois, on a des appels de gens qui nous disent « mon chien est mort, mon chat qui est mort, un animal en bord de route… qu’est-ce que je fais ? » . Tant que c’est sur la voie publique, c’est du ressort des communes d’enlever le cadavre. Mais pour les gens, la seule solution, c’est d’emmener chez le vétérinaire pour faire incinérer ou d’enterrer. Mais là encore, pour ce qui est d’enterrer chez soi, il n’y a pas du tout de cadre. »
Les affaires de maltraitance animale avérée sont plutôt rares en Polynésie. En 2014, le sort de Tuki, un teckel retrouvé carbonisé, avait fait l’objet d’une pétition. Tout comme celui de Blanc Blanc, égorgé en 2015, devenu le symbole de la maltraitance animale. En 2017, le fenua s’indignait après qu’un autre chien ait été retrouvé dans l’océan, une corde au cou, accrochée à un parpaing.
Eliane Tevahitua, vice-présidente du Pays et chargée de la condition animale, souhaite renforcer les droits des animaux. « J’ai demandé au président de pouvoir récupérer le portefeuille du bien-être animal parce que je trouve que les animaux dans notre Pays, les animaux domestiques ne sont pas traités de manière respectueuse et j’ai la forte volonté de faire évoluer notre législation de manière à ce que les animaux soient reconnus comme des êtres sensibles ». Une cellule dédiée au bien-être animal pourrait être créée à la direction de l’Environnement.
Touchée par la découverte du chien de Faa’a, la vice-présidente indique envisager un dépôt de plainte. Du côté du Parquet, des investigations sont en cours, mais le procureur indique ne pas avoir suffisamment d’éléments, dans l’immédiat, pour ouvrir une enquête. Si les faits étaient reconnus comme sévices graves et acte de cruauté envers un animal, l’auteur risquerait jusqu’à 5 ans de prison et 9 millions de Fcfp d’amende.