4 ans de prison pour 100g d’ice importés dans une poupée

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Un trentenaire av importé 100 grammes d'ice, pour une valeur estimée entre 20 et 30 millions de francs, dans un colis contenant des jouets pour enfants. Après avoir reconnu les faits, lui et son complice ont été condamnés hier à respectivement 4 et 3 ans de prison dont dix-huit mois avec sursis.

Publié le 15/04/2024 à 19:03 - Mise à jour le 16/04/2024 à 10:08

Un trentenaire av importé 100 grammes d'ice, pour une valeur estimée entre 20 et 30 millions de francs, dans un colis contenant des jouets pour enfants. Après avoir reconnu les faits, lui et son complice ont été condamnés hier à respectivement 4 et 3 ans de prison dont dix-huit mois avec sursis.

Nouvelle affaire d’ice au tribunal correctionnel de Papeete, ce lundi. Un trentenaire et deux de ses complices, un couple résidant à Taiarapu-Ouest, étaient a la barre pour répondre d’une affaire d’importation de drogue, début mars. Les douaniers avaient découvert 100 grammes de méthamphétamine dissimulés à l’intérieur d’une réplique de poupon, envoyé depuis la métropole dans un colis contenant également un coussin en forme de fraise et un panda en peluche.

Le commanditaire, un trentenaire polynésien entré dans l’armée en 2016, habite en métropole depuis une dizaine d’années avec sa sœur, à Charleville-Mézières. Vivotant d’intérim et des minimas sociaux, il explique au tribunal être addict aux jeux d’argent et participer à des parties de poker clandestines, avoir contracté une dette importante auprès de figures du grand banditisme lyonnais. Sans entrer dans les détails, il affirme s’être fait séquestrer et frapper en décembre dernier par celui qu’il surnomme Niro – ou Nino – , puis passer à tabac, avant d’être laissé inconscient dans les rues de la ville. Il propose à l’homme de le rembourser rapidement en vendant de l’ice au fenua, où il sait que la demande est forte et où il pense pouvoir l’écouler facilement.

Il fait ainsi livrer le colis de jouets, pensant faire croire à un cadeau pour un neveu, à une boite postale dont il n’est pas titulaire. Celle-ci est au nom d’un couple consommant occasionnellement de l’ice : une femme et son compagnon, également âgé d’une trentaine d’années, qui pense pouvoir récupérer 15 grammes pour son usage personnel. Mais en récupérant le colis le 6 mars, ce dernier comprend qu’il est suivi par les agents des douanes, abandonne le colis devant le guichet de Taravao et se dirige vers un commerce avant d’être interpellé. Le commanditaire, qui s’était rendu sur place, ne tarde pas à se rendre de lui-même à la gendarmerie. Les deux suspects finissent par reconnaître les faits et leur connaissance du contenant du colis. L’enquête conduit la police à effectuer des perquisitions chez la compagne, également convoquée devant le tribunal pour 7 pieds de cannabis découverts à son domicile.

« Nuutania m’a fait réfléchir »

Détenu en prévention depuis son arrestation, le titulaire de la boîte postale explique à la barre qu’il consomme du paka et de l’ice « de temps en temps » , mais qu’il n’est pas dépendant. Jamais condamné, ce père de deux enfants assure qu’il veut simplement achever de monter son dossier de patente dans les travaux manuels. « Nuutania m’a fait réfléchir » , souffle-t-il. Lui et sa compagne, testés positifs aux deux drogues par des analyses sanguines après les faits, l’assurent : ils veulent cesser de consommer des stupéfiants.

Un « poker menteur »

Pas convaincue, la procureure estime que le « mensonge généralisé » est caractérisé dans cette affaire. « Dans le poker, il y a le poker menteur (…) Nous n’aurons pas le fin mot de l’histoire » , déclare-t-elle. Concernant le commanditaire et son agression en métropole, « il n’y a pas de preuves matérielles, pas de certificat médical (…) il continue gentiment son bonhomme de chemin et ne porte plainte contre rien ni personne » , pointe-t-elle.

Le trio, selon elle, « brouille les pistes (…) pour minimiser leur implication respective » . Avec le facteur aggravant, toujours pour le commanditaire, de sa connaissance des ravages que provoque l’ice au fenua. « Avec sa petite brique, il participe à l’édification de ce mur » et « s’en contrefiche » , dénonce-t-elle. Elle requiert 4 ans de prison assortis d’un sursis probatoire pour les deux hommes, 20 millions de francs d’amende solidaire, et deux ans de prison pour la compagne « dans le cercle d’importation » .

Des peines « excessives pour des personnes qui ont envie d’arrêter » et dont le projet de patente est concret, nuance l’avocate du couple, Me Atlan. Son client s’est simplement rendu coupable d’un « délit d’opportunité » , et peut bénéficier du soutien de sa famille pour être dispensé d’une peine ferme. « Je vous demande une seconde chance, je précise bien seconde et pas deuxième, car il n’y aura pas de troisième. Il ne recommencera pas » , insiste-t-elle.

Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné le commanditaire à 4 ans de prison dont 18 mois avec un sursis probatoire de deux ans, 20 millions d’amende solidaire à payer avec le compagnon, condamné à 3 ans de prison dont un sursis similaire. La compagne, elle, est condamnée à 9 mois de prison avec sursis, l’obligation de trouver ou de chercher un emploi et de poursuivre sa prise en charge médicale.

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