Poursuivi pour favoritisme et prise illégale d’intérêts, Philip Schyle veut laver son honneur

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L’ex tavana de la commune d’Arue, Philip Schyle, a comparu dans deux dossiers, ce mardi devant le tribunal correctionnel, pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. Celui de la Tetiaroa Royal Race et un second portant sur la passation d’un marché public de “bureaux mobiles”. Il a été relaxé pour l’un et le jugement a été mis en délibéré pour l’autre. L’ancien leader du Fetia Api s’est dit “profondément affecté” que sa probité ait été mise en doute et attend que justice lui soit “rendue”.

Publié le 19/06/2024 à 7:09 - Mise à jour le 19/06/2024 à 17:10

L’ex tavana de la commune d’Arue, Philip Schyle, a comparu dans deux dossiers, ce mardi devant le tribunal correctionnel, pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. Celui de la Tetiaroa Royal Race et un second portant sur la passation d’un marché public de “bureaux mobiles”. Il a été relaxé pour l’un et le jugement a été mis en délibéré pour l’autre. L’ancien leader du Fetia Api s’est dit “profondément affecté” que sa probité ait été mise en doute et attend que justice lui soit “rendue”.

Dans le premier dossier, Philip Schyle était poursuivi pour prise illégale d’intérêts. En cause : la création d’une association, la Tetiaroa Royal Race, qui a perçu 2 subventions d’un montant total de 11 millions de francs.  

Créée sous l’impulsion de l’équipe municipale, elle avait la charge d’organiser une course de va’a entre Arue et l’atoll de Marlon Brando. Une épreuve qui s’est déroulée 2 fois, en 2016 et 2018, et qui ambitionnait de gagner en rayonnement.

 “Mon souhait était de rendre hommage à mon prédécesseur Boris Léontieff. Il avait toujours souhaité l’organiser”, a expliqué Philip Schyle. Il a précisé qu’une association avait été créée pour l’occasion car “le règlement intérieur de la Fédération Polynésienne de Va’a l’obligeait”.

Là où le bât blesse, c’est que plusieurs élus siégeaient au sein de la Tetiaroa Royal Race. Certains avaient même participé aux votes attribuant les subventions. Des éléments qu’ignorait le maire, selon ses dires : “Si je l’avais su, cela aurait été une erreur de débutant. J’ai toujours eu le réflexe d’inviter les élus à ne pas rentrer dans des associations (…) C’est une erreur, je le reconnais. J’aurais dû être plus vigilant. Mais encore une fois, je ne savais pas”.

Le 8e adjoint à l’époque, Frédéric Dafniet, a confirmé avoir été “assesseur” au sein de l’association, un rôle “d’observateur”. Il a ajouté qu’il avait été sollicité à la dernière minute par la secrétaire, car elle n’avait trouvé personne pour endosser ce rôle.

L’erreur que j’ai commise, c’est d’avoir oublié de sortir lors du vote -des subventions, Ndlr- mais j’avais oublié que j’étais assesseur, très sincèrement. Je ne m’en souvenais même plus (…) Je le déplore”, a-t-il déclaré.

La procureure a, elle, considéré que les faits étaient bel et bien établis.  Elle a requis une peine d’amende à l’encontre des prévenus, notamment 500 000 francs pour Philip Schyle. Les débats s’étant achevés tard dans la journée, le tribunal a mis sa décision en délibéré à mardi prochain.

Dans la matinée, il a en revanche prononcé la relaxe de l’ex tavana dans une seconde affaire où il était poursuivi pour favoritisme au même titre que l’ancien directeur général des services de la mairie, l’ex-chef de projet technique et son adjoint. Il leur était reproché d’avoir “saucissonné” un marché d’un peu plus de 35 millions de francs pour l’installation de “bureaux mobiles” jouxtant la mairie dans l’attente de travaux de rénovation de l’Hôtel de Ville plus que centenaire. Une manœuvre supposée pour se situer en deçà du seuil de 20 millions de francs nécessitant le lancement d’un appel d’offres.

À la barre, Philip Schyle a expliqué qu’il ne “maîtrisait pas les procédures de marchés publics” d’autant que celles-ci venaient à l’époque d’évoluer. “J’étais entouré de personnes formées à cette procédure. J’ai suivi leurs recommandations, sans aucun doute”, a-t-il dit, en précisant qu’il ne “connaissait” pas les entreprises qui ont effectué les travaux, “ni leurs patrons”.

Il y a eu un contrôle de la subdivision administrative du haut-commissariat, du Trésor. Et aucune observation n’a été faite. La Chambre Territoriale des Comptes a également observé cette période. Je n’ai vu apparaitre aucune irrégularité”, a ajouté l’ancien édile. Puis celui-ci d’assener : “je n’ai jamais eu l’intention de favoriser qui que ce soit. J’aurais favorisé qui et dans quel but ?”

« Comparaître au même titre qu’un trafiquant d’ice, cela m’affecte profondément”.

Philip Schyle

Interrogé à son tour, l’ex-chef de projet technique, le plus connaisseur du sujet, a aussi assuré que scinder le marché était le choix le plus judicieux à ses yeux à l’époque, notamment dans un objectif de gain de temps.

Le tribunal a finalement blanchi l’ensemble des mis en cause considérant que l’infraction n’apparaissait pas “suffisamment caractérisée” pour les condamner.

Face aux juges, Philip Schyle est apparu blessé dans son honneur après “34 ans” de vie politique sans tâche : “Ce que j’attends aujourd’hui, c’est que justice soit rendue. Une partie de la population croit que je me suis servi. Je ne le supporte pas”.

L’ancien président du Fetia Api s’est dit persuadé que ses déboires étaient le fruit d’un “règlement de compte politique” venu de la mairesse d’Arue, Teura Iriti, dont les services sont à l’origine du signalement à la justice. Une vengeance, selon lui, après qu’il a déposé des recours pour des procurations litigieuses qui ont abouti à l’annulation des élections municipales de 2020 sur la commune.

2 mois plus tard, j’essuyai les 2 plaintes. Cela fait partie du jeu quelque part. Mais je trouve dommage qu’on aille régler ses comptes en allant chercher la petite bête. Mon intégrité est mise en cause. Je ne supporte pas ça. J’ai peut-être commis des maladresses, mais l’intégrité, ça non ! (…) Comparaître au même titre qu’un trafiquant d’ice ou de quelqu’un qui a détourné des fonds publics, cela m’affecte profondément”, a déploré celui qui s’est aujourd’hui retiré de la vie politique.

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