Mereana Reid-Arbelot : « Je pense que l’opposition indépendance-autonomie n’a pas sa place dans ces élections »

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La députée sortante, Mereana Reid-Arbelot, se présente aux législatives anticipées dans la troisième circonscription. Elle était l'invitée du journal de TNTV :

Publié le 19/06/2024 à 11:15 - Mise à jour le 19/06/2024 à 11:19

La députée sortante, Mereana Reid-Arbelot, se présente aux législatives anticipées dans la troisième circonscription. Elle était l'invitée du journal de TNTV :


TNTV : Ingénieure en chef du contrôle de la navigation aérienne de profession, vous étiez la suppléante de Moetai Brotherson, et vous l’avez remplacée dans l’hémicycle. Quel bilan tirez-vous de ce mandat interrompu ?
Mereana Reid-Arbelot, candidate aux élections législatives dans la 3e circonscription : « Alors oui, c’est un mandat qui n’a pas duré longtemps, puisque je suis depuis un an à l’Assemblée nationale. Et le bilan que j’en tire, c’est beaucoup, beaucoup de dossiers, et donc beaucoup, beaucoup de travail aussi qui a été fait, notamment sur le nucléaire, sur le changement climatique, sur la justice. Je suis intervenue pas mal de fois au sein d’organes de l’Assemblée nationale, comme l’OPECS, sur des sujets plutôt scientifiques. »

Des travaux que vous comptez reprendre ou relancer, si vous êtes élue ?
« Oui, bien sûr. Notamment la commission d’enquête parlementaire sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie est un gros dossier. Les travaux avaient bien commencé, et c’est peut-être ma plus grande déception due à cette dissolution. »

Sur votre profession de foi, vous rappelez les grandes lignes de votre action à l’Assemblée nationale, et je parle de l’action des trois députés sortants Tavini. Concrètement depuis votre élection en 2022, qu’avez-vous changé dans le quotidien des Polynésiens depuis Paris ?
« C’est tout le dilemme d’un parlementaire. Un parlementaire, qu’il soit sénateur ou député, a une fonction plutôt de législateur. Il modifie ou il crée la loi, et il contrôle aussi l’action du gouvernement central. Donc l’impact que ça a sur le quotidien des Polynésiens ne se voit pas de suite. Il faut être dans l’exécutif pour cela. »

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Aux dernières législatives, le candidat titulaire était l’actuel président du Pays. Il l’avait emporté largement dans la troisième circonscription. Cette fois, c’est vous qui menez campagne. Vous êtes moins connue. Pensez-vous faire le même score que Moetai Brotherson ?
« Écoutez, j’ai un bon bilan. Je pense que j’ai beaucoup travaillé. Donc j’espère que les électeurs vont se rendre compte de cela. Peut-être que mon travail va payer. En tout cas, je n’ai pas à rougir des dossiers que j’ai menés à l’Assemblée nationale.
Surtout, ce que je souhaite dire ce soir aux Polynésiens et aux électeurs, c’est qu’on essaie de faire déclencher le réflexe Outre-mer. C’est-à-dire que tous les textes qui peuvent passer à l’Assemblée nationale, nous sommes là pour porter la voix des Outre-mer et des Polynésiens et des Polynésiennes, en particulier. »

Pour vous accompagner dans cette campagne, il y a la ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail, Vannina Crolas. C’était nécessaire à vos yeux d’avoir à vos côtés un pilier du Tavini Huira’atira?
« Vannina est quelqu’un en qui j’ai beaucoup de confiance. C’est une campagne brève qui sera intense. Cest une relation de confiance que j’ai avec Vannina. Nous avons beaucoup de points communs, et on se rejoint sur beaucoup de choses, sur la vision déjà qu’on a pour notre Pays. Et donc ça nous aide pour travailler plus efficacement. »

On ne le souhaite pas, mais s’il devait vous arriver quelque chose, Vannina Crolas serait amenée à renoncer à son portefeuille de ministre ?
« Elle pourra choisir, comme moi. »

Pour ces élections, on assiste à une union des partis autonomistes pour faire barrage aux indépendantistes. Le clivage indépendance-autonomie vous semble-t-il être la priorité des Polynésiens aujourd’hui ?
« Oh non, je ne pense pas du tout. Je pense que c’est un travail qu’on fait aussi avec le gouvernement et l’Assemblée de Polynésie française. Les guerres de chapelle n’ont pas lieu d’être. Nous, tout ce qu’on propose, c’est de travailler.
Ce n’est pas parce qu’on est indépendantiste qu’on n’a pas de résultat à l’Assemblée nationale. On a un dialogue constant et très fluide avec les services et les ministères en métropole. Donc, je pense que l’opposition indépendance-autonomie n’a pas du tout sa place dans ce type d’élections. Il n’y a aucun problème de relation, en tout cas à Paris, avec nous. Nous sommes dans l’opposition, mais nous arrivons par notre travail à faire passer les dossiers. »

Justement, vous-même, êtes-vous pour l’indépendance de la Polynésie à court ou plus long terme ?
« Alors, je suis pour le développement de mon pays. Et quand on sera prêt à l’indépendance, on demandera au peuple de se prononcer. Ce n’est pas à moi ni à un parti politique de décider de l’indépendance d’un territoire. C’est à son peuple, mais à nous de montrer que c’est possible. »

Comment ce positionnement est-il perçu par l’exécutif national ?
« Eh bien, écoutez, dans les relations que nous avons, ça se passe très bien. En tout cas, dans toutes les réunions, tous les échanges que j’ai pu avoir, ils sont très admiratifs du travail des députés polynésiens. Peut-être aussi qu’ils avaient une fausse idée des indépendantistes. Mais ça se passe très bien. »

Quels seront vos dossiers prioritaires si vous êtes élue ?
« Déjà, reprendre les dossiers qui ont été interrompus, comme la commission d’enquête parlementaire. On avait eu des auditions vraiment très intéressantes. On ne va pas arrêter le travail là.
Ensuite, j’ai réussi à récolter des témoignages sur l’impact du changement climatique dans notre territoire, pour l’adjoindre aux mémoires que la France doit remettre à la Cour internationale de Justice au mois d’août. C’est un travail qu’on a fait en commun avec le ministère des Affaires étrangères et européennes à Paris. Ce sont quelques exemples des travaux que je continuerai. »

Vous l’avez dit un peu plus tôt, vous intervenez surtout au plan législatif. Est-ce que les Polynésiens saisissent cela ?
« C’est ce qu’on leur explique. On va vers eux pour leur expliquer un petit peu le travail du parlementaire, parce que le citoyen ne voit pas forcément l’impact que ça peut avoir. Mais c’est très important. En tout cas, le travail qui est fait par les parlementaires en métropole est très important. »

Vous comptez faire beaucoup de terrain pour expliquer cela aux électeurs ?
On a très peu de temps. Le président Macron, déjà, nous a coupé la parole. C’était une situation très violente à l’Assemblée nationale. On était quand même 577 cabinets qui tombaient d’un coup d’un seul. Et puis, en plus, il nous impose une campagne très courte. On va faire le maximum, en tout cas, pour aller à l’écoute et à la rencontre des Polynésiennes et des Polynésiens. »

Des premiers retours que vous avez eus, est-ce que les gens sont prêts à retourner aux urnes ?
« Oui, ils sont prêts à retourner voter. »

Le champ d’actions des parlementaires est limité sur certains sujets qui impactent le quotidien des Polynésiens, la cherté de la vie, notamment. Quels sont vos leviers d’action ?
« On a tout simplement une convention fiscale État-Pays. Et on peut jouer sur des curseurs, dans ce cas-là, pour essayer de prendre en compte, notamment sur un des trois instruments financiers qui font partie de la convention fiscale, l’inflation. (…) C’est un travail qu’on fait en coordination avec le gouvernement local. Ça peut être aussi sur les systèmes de défiscalisation, pour les orienter un peu plus vers nos secteurs de prédilection qu’on souhaite développer. »

Il y a la possibilité que le RN remporte ses élections. Comment comptez-vous articuler votre travail de parlementaire avec la nouvelle majorité si vous êtes élue ?
« Aujourd’hui, on est dans l’opposition déjà. Si le RN passe, on sera certainement dans l’opposition, je peux vous le garantir, et on portera nos dossiers en travaillant comme il faut. »

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