Moerani Frébault : « La minorité indépendantiste veut imposer son rêve irresponsable »

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Candidat aux Législatives de la plateforme autonomiste Amui Tatou sur la première circonscription, Moerani Frébault était l’invité du journal de TNTV, mardi soir. Le prétendant à un siège au palais Bourbon dit souhaiter « servir -son- pays » et faire barrage aux indépendantistes qui « veulent imposer » leur « rêve ». En cas de victoire, il entend rejoindre un groupe du « centre droit » dans l’hémicycle. Interview.

Publié le 19/06/2024 à 11:16 - Mise à jour le 19/06/2024 à 11:22

Candidat aux Législatives de la plateforme autonomiste Amui Tatou sur la première circonscription, Moerani Frébault était l’invité du journal de TNTV, mardi soir. Le prétendant à un siège au palais Bourbon dit souhaiter « servir -son- pays » et faire barrage aux indépendantistes qui « veulent imposer » leur « rêve ». En cas de victoire, il entend rejoindre un groupe du « centre droit » dans l’hémicycle. Interview.

TNTV : Vous êtes entré récemment en politique en tant que candidat aux Européennes sur la liste macroniste. Vous incarnez la jeunesse des autonomistes. Pourquoi briguez-vous le siège de député aujourd’hui ?

Moerani Frébault : « Je m’engage parce que je veux servir mon pays, mais aussi parce qu’une menace indépendantiste jette une ombre sur notre avenir commun. Cette minorité indépendantiste veut imposer son rêve irresponsable à la majorité des Polynésiens qui sont autonomistes ; qui jusque-là étaient divisés, mais qui pour cette élection ont décidé de trouver un accord pour partir ensemble ».

TNTV : Vous articulez votre campagne autour du clivage autonomistes/indépendantistes.  Pensez-vous que les électeurs y sont sensibles.

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Moerani Frébault : « Ce n’est pas nous qui avons amené l’indépendance au-devant de l’actualité. Les députés sortants ont été élus sans parler d’indépendance. Mais depuis, tous les Polynésiens peuvent le constater, que ce soit à l’Assemblée de Polynésie, à Caracas ou en Azerbaïdjan, l’indépendance est revenue au cœur des débats. Le président du parti a même déclaré récemment qu’il souhaitait une indépendance sans référendum. Donc ce n’est pas nous qui avons choisi ce thème de campagne. Ce thème s’est imposé à la Polynésie ».

TNTV : Dans votre profession de foi, vous indiquez vouloir renforcer les partenariats et les conventions avec l’État. Qu’en attendez-vous ?

Moerani Frébault : « Il y a une façon de faire dans la négociation de ces partenariats. Je pense qu’il faut instaurer une relation de respect. Il faut retrouver une certaine crédibilité pour les représentants de la Polynésie à l’Assemblée nationale. On ne peut pas en même dénigrer l’État et négocier des conventions de partenariat. Vous l’avez vu, on a eu des propos qui ont été malheureux. Nos députés sortants ont parlé de ‘farani taioro’, de choses qui ont été extrêmement regrettables et largement relayées sur les réseaux sociaux. On ne peut pas à la fois être irrespectueux vis-à-vis de l’État et en même temps demander de progresser dans nos accords de partenariat. On veut ramener ce respect au centre du prochain mandat ».

TNTV : Ne risque-t-on pas de renforcer notre dépendance vis-à-vis de l’État ?

Moerani Frébault : « Il faut que l’on puisse développer nos ressources propres avant de revendiquer une certaine indépendance. Pour cela, il faut que l’on soit accompagné. Je rappelle quand même que les transferts de l’Etat, c’est 180 milliards chaque année. Cette année, c’est 200 milliards de francs. On ne peut pas s’en passer. L’indépendance, c’est une autonomie réussie, au final ».

TNTV : Dans votre profession de loi, on peut lire : « Face à la dégradation de la situation économique et sociale de notre fenua, et face au bilan déplorable de la majorité gouvernementale et des députés sortants, la voix de l’autonomie doit de nouveau se faire entendre ». Pensez-vous que la cherté de la vie et le développement du Pays soient de votre ressort ?

Moerani Frébault : « Ce sont des sujets qui s’imposent. Ils ne sont bien sûr pas directement liés au mandat d’un député. Mais on peut agir sur certains paramètres. Sur la création d’emplois, notamment, grâce au mécanisme incitatif de la défiscalisation nationale, par exemple. On a toujours une possibilité d’intervenir. On l’a vu dans le reportage précédent. Le député sortant a justement parlé de ces sujets de vie chère, de logement et d’emploi qui concernent tous les Polynésiens. Si les Polynésiens ne sont pas d’accord avec la politique qui est menée par le gouvernement, avec le bilan…Les syndicats, les patrons, les employés, les investisseurs, le BTP, tout le monde s’inquiète de la situation actuelle. Je pense que cette élection serait une bonne occasion pour eux d’exprimer leur mécontentement par rapport à la politique gouvernementale qui est menée ».

TNTV : On en revient à l’Assemblée nationale. Quels seront vos dossiers prioritaires si vous êtes élu ?

Moerani Frébault : « Nous en aurons plusieurs. Vous avez vu notre profession de foi (…) On a plusieurs axes, mais au centre de ceux-ci, on a la normalisation de nos rapports et de nos relations avec l’État qui sont vraiment fondamentales ».

TNTV : Si vous êtes élu, dans quel groupe siégerez-vous ?

Moerani Frébault : « On en a discuté avec les trois candidats de notre liste Amui Tatou. On souhaite siéger au centre droit. On a demandé une étiquette divers droite et nous attendrons la fin de scrutin pour voir de quelle manière se recomposera l’Assemblée nationale, l’idée bien sûr étant de faire avance nos dossiers, et nos engagements. Nous verrons avec quelle majorité nous devrons travailler demain ».

TNTV : Si le RN devient majoritaire, comment envisagez-vous votre travail au sein de l’hémicycle ?

Moerani Frébault : « Peu importe quelle sera la majorité issue du scrutin. On devra forcément apprendre à travailler et, surtout, faire avancer nos dossiers de la Polynésie, qui que ce soit au niveau de la majorité à l’Assemblée nationale ».

TNTV : Lors des Européennes, votre suppléante était Naumi Mihuraa. Cette dernière part seule aux Législatives sur la troisième circonscription face à la candidate de votre union Pascale Haiti. Qu’en pensez-vous ?

Moerani Frébault : « C’est dommage, c’est sûr. Mais on a fait une belle campagne avec Naumi. Elle a le même âge que moi, 35 ans. Je ne peux que lui souhaiter une belle campagne sur la troisième circonscription ».

TNTV : Face à vous, il y a le député sortant Tematai Le Gayic. Pourquoi vous plutôt que lui, ou encore James Heaux et Jacky Bryant ?

Moerani Frébault : « Je pense qu’on a un engagement que je peux porter qui est relativement fort : celui du non-cumul de mandats. C’était aussi dans leur profession de foi et c’est encore une action qu’ils n’ont pas respectée. Le député sortant Tematai Le Gayic est à la fois député à l’Assemblée nationale, mais en même temps représentant à l’Assemblée de Polynésie. Vous pouvez le voir sur Internet, les bilans sont facilement accessibles, les bilans sont très pauvres aussi bien à l’Assemblée de Polynésie qu’à l’Assemblée nationale. C’est normal parce qu’on ne peut pas courir après deux lièvres à la fois. Il cumule les deux rémunérations, mais le travail dans les deux assemblées est extrêmement faible. On ne peut pas être présent à Paris et en Polynésie en même temps. Je m’engage, si les Polynésiens me font confiance, à ne pas tenter de courir après un autre mandat. Il faut se consacrer à ce mandat parlementaire qui nécessite beaucoup d’attention et de travail. Je pense que c’est le minimum de respect que l’on peut apporter à nos électeurs ».

TNTV : Est-ce le cas également de Nicole Sanquer et Pascale Haiti ?

Moerani Frébault : « Je les laisse prendre leurs engagements. Moi, par contre, étant entièrement à Paris, je pourrai porter les dossiers de mes collègues et le relayer efficacement à Paris ».

TNTV : Quel taux de participation espérez-vous mobiliser pour ces élections ?

Moerani Frébault : « On espère faire le maximum. Aux Européennes, j’ai déjà tout tenté, quasiment tout seul parce que les autres partis n’étaient pas présents, de faire monter cette participation. C’est compliqué pour les élections européennes. On espère que cette fois-ci, dans le cadre des Législatives, on puisse faire le taux de participation le plus important ».

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