Moetai Brotherson pourrait soutenir une réforme du Code électoral…sous condition

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Nuihau Laurey pointe du doigt une "bipolarisation de la vie politique locale" et estime que la prime majoritaire est "totalement disproportionnée". L'élu non inscrit a demandé au président du Pays s'il soutiendrait "une prochaine réforme de notre système électoral".

Publié le 20/06/2024 à 13:30 - Mise à jour le 21/06/2024 à 9:21

Nuihau Laurey pointe du doigt une "bipolarisation de la vie politique locale" et estime que la prime majoritaire est "totalement disproportionnée". L'élu non inscrit a demandé au président du Pays s'il soutiendrait "une prochaine réforme de notre système électoral".

La situation des fonctionnaires détachés a fait l’objet de deux questions orales ce jeudi en séance de la session administrative. L’une de la majorité, l’autre de l’opposition. L’élue Tavini Teremuura Kohumoetini-Rurua s’inquiétait tout d’abord de l’origine des fonctionnaires détachés au sein de la fonction publique de la Polynésie française, mais aussi des « initiatives concrètes mises en place pour maintenir » les Polynésiens déjà en poste, « et d’autre part, pour encourager le retour de fonctionnaires originaire de la Polynésie française » qui exercent hors du territoire. Une question à laquelle la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas a répondu. Selon elle, 60 fonctionnaires sont actuellement en position de détachement dont 21 originaires de Polynésie. Elle a rappelé que la durée d’affectation est de 2 ans renouvelables 1 fois. Il est néanmoins prévu la possibilité d’intégrer la fonction publique du Pays. Une délibération est « en cours de rédaction » concernant les conditions d’intégration a-t-elle expliqué. Elle sera « soumise avant la fin de l’année ».

Deuxième interrogation concernant les fonctionnaires, celle de l’élue Tapura Tepuaraurii Teriitahi. « Nous sommes étonnés que votre gouvernement continue à procéder à des recrutements de fonctionnaires d’État originaires de métropole pour occuper des fonctions au sein de vos cabinets ministériels vu les récentes prises de positions hostiles des élus de votre majorité, de vos élus, de vos ministres ou ex-députés sur nos frères et sœurs métropolitains ayant choisi la Polynésie française comme Pays d’adoption », a lancé l’élue, relevant en particulier l’embauche d’un fonctionnaire de la direction générale des Outre-mers au poste de conseiller technique au sein du ministère de l’Économie.

En réponse, Tevaiti Pomare a assuré que le gouvernement « respecte et respectera la règlementation ». « Nous sommes soucieux de rendre accessible le recrutement aux cadres polynésiens dès lors que les compétences recherchées existent », a-t-il déclaré. Dans ce cas précis les « compétences techniques et relationnelles » que requiert le poste ne sont « pas acquises par les cadres locaux » a-t-il estimé, en profitant pour tacler le gouvernement précédent : « certainement une fois de plus du fait d’un manque d’implication conséquent des politiques antérieures dans la véritable océanisation des cadres. (…) Des réformes de fond sont en cours sur l’extension de l’emploi local au secteur public et sur l’attractivité de la fonction publique. »

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Revoir le mode de scrutin pour les Territoriales

La séance de ce jeudi a été aussi l’occasion pour Nuihau Laurey, d’interpeller le président du Pays sur le mode de scrutin pour les élections territoriales. « Notre système électoral permettant l’élection des représentants au sein de l’assemblée de la Polynésie française est l’un des plus anti-démocratique au monde avec un seuil de passage au second tour fixé à 12,5% alors qu’à titre d’exemple, celui des élections européennes est fixé à 5% et il limite considérablement l’expression de la diversité politique de notre Pays, a estimé l’élu non inscrit. Il oblige à des unions contre-nature, il conduit à restreindre l’offre politique, il favorise l’abstention et enfin, il exclut du champ de l’expression publique une partie grandissante de nos concitoyens. » L’élu a demandé à Moetai Brotherson s’il soutiendrait une réforme du système électoral et en particulier une baisse du seuil de franchissement pour accéder au second tour ainsi qu’une réduction de la prime majoritaire.

« c’est vrai qu’on voit en ce moment une alliance contre-nature, une énième plateforme autonomiste vouée à l’échec.« 

Moetai Brotherson à Nuihau Laurey

Le président du Pays a répondu, non sans lancer quelques pics à l’opposition : « Je suis surpris puisque vous avez été sénateur et la présidente de votre parti a été députée. Et j’ai regardé un peu dans les travaux que vous avez déposé : je n’ai vu aucune proposition de loi venant modifier le code électoral à l’époque où votre présidente de parti était députée et quand vous étiez sénateur, mais c’est vrai que vous n’avez fait aucune proposition de loi ».
Alors que Nuihau Laurey estimait que le code électoral avait pu mener à des alliances « contre-nature », le président du Pays a pointé du doigt la nouvelle plateforme autonomiste. « Vous nous parlez d’alliances contre-nature qui résulteraient de l’actuel code électoral et c’est vrai qu’on voit en ce moment une alliance contre-nature, une énième plateforme autonomiste vouée à l’échec. Et là où je suis un peu interpellé, c’est qu’au sein de cette alliance contre-nature, vous avez d’un côté le micro-parti du père de la prime majoritaire, monsieur Flosse, et puis de l’autre côté, le Tapura Huiraatira qui a toujours été opposé à la modification de cette prime majoritaire. Vous allez avoir un peu de mal dans cette alliance contre-nature, à trouver des soutiens de votre côté ».

Enfin, Moetai Brotherson a répondu qu’il soutiendrait la démarche d’une réforme du code électoral. Mais à une condition… : « c’est que dans votre proposition, vous inscriviez et vous défendiez avec nous et avec les futurs 3 députés issus de la majorité, une élection du président de Maohi Nui au suffrage universel direct ». Une réponse applaudie par sa majorité.

Dans la matinée, invitée par nos confrères de Radio 1, Nicole Sanquer a déclaré que « c’est quelque chose qui doit être réfléchi, mais ce n’est pas notre priorité. Ce que nous souhaitons, c’est une assemblée beaucoup plus représentative parce que nous avons un mode de scrutin très injuste ».

Le vote électronique fera bientôt son entrée à l’assemblée

La séance de ce jeudi a démarré par l’annonce d’une innovation dans l’hémicycle. « Vous avez sur vos pupitres un petit appareil comme celui-là avec vos noms derrière, a présenté Antony Géros. C’est un appareil qui va vous permettre d’aborder le vote électronique. En fin de séance, on va faire un test pour voir comment se comporte l’appareil et comment on va adapter le règlement intérieur pour nous permettre, dans les prochaines séances, d’effectuer nos votes au moyen électronique comme cela se fait dans les grandes assemblées démocratiques de la planète ».

Suivez la séance de l’assemblée en direct en cliquant ici

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