Le surf et la Polynésie, des destins intimement liés

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D’un simple jeu sur les vagues qui a subjugué le capitaine James Cook, à une discipline Olympique, le surf a traversé les âges. À Tahiti, la discipline a retrouvé ses lettres de noblesse dans les années 60 et 70 grâce à une bande de copains, dont Patrick Juventin. Ce mercredi soir, au musée James Norman Hall, Jean-Christophe Shigetomi animera une conférence pour retracer l’histoire d’une pratique aujourd’hui planétaire qui a vu le jour en Polynésie.

Publié le 17/04/2024 à 14:02 - Mise à jour le 18/04/2024 à 9:23

D’un simple jeu sur les vagues qui a subjugué le capitaine James Cook, à une discipline Olympique, le surf a traversé les âges. À Tahiti, la discipline a retrouvé ses lettres de noblesse dans les années 60 et 70 grâce à une bande de copains, dont Patrick Juventin. Ce mercredi soir, au musée James Norman Hall, Jean-Christophe Shigetomi animera une conférence pour retracer l’histoire d’une pratique aujourd’hui planétaire qui a vu le jour en Polynésie.


La quête de la vague parfaite. Patrick Juventin, 70 ans aujourd’hui, l’a menée durant de longues années. Jeune adolescent, il a fait partie des pionniers qui ont contribué au renouveau de la discipline. Il a débuté en accompagnant l’un de ses cousins sur les spots de l’île.

« Je servais de caddie pour ramasser les planches que les gars perdaient et qui allaient se fracasser sur les cailloux, car il n’y avait pas de leash à l’époque », sourit-il, « mais quand ils avaient fini de surfer, ils nous laissaient leurs planches pour glisser sur la mousse. C’est comme ça que j’ai ressenti les premières sensations ».

Cette passion pour le surf a pris encore davantage d’envergure quand lui et sa bande de copains ont rencontré une équipe de tournage américaine venue réaliser un documentaire à Arue. Les protagonistes surfaient avec des longboards. Pour les jeunes locaux, ce fut une révélation, mais il leur restait beaucoup à apprendre, tant sur le plan de la technique que du matériel.

Patrick Juventin, 70 ans aujourd’hui, fut l’un des pionniers du renouveau de la pratique au fenua. (Crédit: TNTV)

Tous se sont serré les coudes. Et le premier club du fenua, le « Tahiti Surf Club », a officiellement été fondé le 21 juin 1967. « Les planches allaient de 12 jusqu’à 16 pieds. C’étaient des monstres avec une seule dérive qui faisait presque 30 centimètres. C’était très dur à surfer », se remémore Patrick Juventin.

Les surfeurs de l’époque se retrouvaient sur les spots d’Arue, de Papeete ou encore de Punaauia, notamment à la Pointe des Pêcheurs. Un site qui a compté plus que tout autre dans l’histoire de la discipline, selon Jean-Christophe Shigetomi, passionné d’histoire et auteur de l’ouvrage « Horue, l’histoire du surf tahitien ».

« C’est certainement sur ce rivage qu’a eu lieu la première observation occidentale de la pratique du horue. Une retranscription a notamment été faite par le botaniste Joseph Banks qui est venu avec le capitaine Cook pour observer le passage de l’étoile Vénus, en mai 1769 », explique-t-il. Et d’ajouter : « ce sont sur ces vagues que s’est développé le surf tahitien et c’est là où les plus grandes figures ont appris à surfer (…) On a tous commencé ici ».

La première observation occidentale de la pratique a été faite par la capitaine James Cook et des membres de son équipage, dont le botaniste Joseph Banks.

Près de 200 ans plus tard, après le tabou de la discipline imposé par les missionnaires britanniques durant une longue période, les années 60-70 sonnent l’heure du renouveau. Le niveau des pratiquants locaux augmente rapidement et ils commencent à faire parler d’eux.

« Au début, c’étaient des compétitions entre copains. Mais après, avec le club et les relations qui vont commencer à se faire avec la fédération française, les licences, les assurances, les choses vont se mettre en place. On commençait à être plus sérieux », se souvient encore Patrick Juventin.

Jeune prodige à l’époque, et mû par une soif de découverte, Patrick a décoché 4 titres de Champion de France dans les années 70. Il a aussi participé aux Championnats d’Europe et a même été sélectionné pour les Championnats du Monde. Après avoir raccroché, il est devenu l’un de tous premiers shapers de Tahiti.

« On a souvent tendance à attribuer aux Hawaïens la paternité du surf mais d’un point de vue historique, en termes de chronologie et de dates, la première observation a bien eu lieu à Tahiti« , souligne Jean-Christophe Shigetomi.

Le surf et la Polynésie ont donc des destins intimement liés. Raison pour laquelle Paris 2024 a désigné le mythique spot de Teahupo’o comme site des prochains Jeux Olympiques.

« On a souvent tendance à attribuer aux Hawaïens la paternité du surf, mais, d’un point de vue historique, en termes de chronologie et de dates, la première observation a bien eu lieu à Tahiti (…) Et si l’on se base sur les migrations, on sait que les populations hawaïennes sont les enfants de Tahiti. Comme les Maori de Nouvelle-Zélande (…) Ce que l’on peut dire, c’est qu’on est sûr que la place où le surf est né est la Polynésie orientale, car il n’y avait pas de frontières entre les îles à cette époque (…) Tout ça appartient à un environnement océanien », souligne Jean-Christophe Shigetomi.

Celui-ci animera, ce mercredi soir, au musée James Norman Hall, une conférence pour retracer la longue histoire de cette pratique devenue aujourd’hui planétaire.

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