Luc Bassez est un apiculteur heureux lorsqu’il rend visite à ses abeilles. D’abord, il les observe attentivement, au niveau du trou de vol, puis il leur parle avant d’ouvrir les ruches. Grâce à ses butineuses et ses ouvrières, les colonies lui ont fourni un miel riche en saveurs. Ce rucher situé sur les hauteurs de Arue est entouré de différentes fleurs. « On a principalement du chiendent, du palmier, et on est sur un lotissement avec énormément de fleurs, de variétés différentes que cultivent les propriétaires et locataires des maisons qui nous entourent. On n’est pas sur un terrain agricole, on n’a pas de pesticides, on n’est pas embêtés ».
À 61 ans, cet entrepreneur prend un nouveau virage dans sa vie. Depuis 6 ans, il se passionne pour l’apiculture en tant qu’amateur. Petit-fils d’ingénieur agronome, Luc renoue avec le monde de la terre. Pour lui ,les abeilles sont une source d’inspiration. « J’ai souhaité, vers la fin de ma vie, revenir vers une passion qui est plus que les abeilles, qui est la nature en fait. C’est prodigieux à apprendre, il y a énormément de choses, même sur notre propre vie, sur l’espèce humaine ».
L’amateur éclairé s’applique à suivre les recommandations qu’il a appris lors de deux formations. Minutieux, il tient un cahier de notes. Luc est aussi un apiculteur connecté. Grâce à une application, il gère ses ruches et optimise son travail. Sa persévérance est aujourd’hui récompensée. Le 21 octobre, son miel a été jugé comme le meilleur miel de Polynésie de l’année 2024. « La médaille d’or pour moi ce n’est pas un aboutissement. C’est le début d’une étape. Maintenant, il faut y rester. Il faut pratiquer encore plus. Ce n’est pas parce qu’on est médaille d’or qu’on sait tout. C’est le début. »
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Au départ, Luc a débuté avec deux ruches. Il en compte désormais 20 de plus et passe ainsi en catégorie professionnelle. Il compte défendre l’activité, car pour obtenir un produit d’exception, encore faut-il protéger les colonies. Les abeilles sont menacées par la loque américaine présente en Polynésie. Et d’autres maladies inquiètent la filière, à l’échelle mondiale. « Il faut qu’on soit encore plus respectueux et surtout pouvoir montrer l’exemple aux jeunes apiculteurs qui arrivent derrière, sur la bonne pratique afin de conserver cet équilibre et de sauvegarder les abeilles sur le fenua. »
Avec sa petite production, 53 kilos de miel ont été récoltés pour le concours. Il espère doubler ce volume l’an prochain. « J’avais à l’époque 8 ou 10 ruches dans le rucher. Certaines avaient bien donné parce qu’elles avaient été bien préparées, d’autres moins. On avait eu des épisodes pluvieux qui avaient compliqué la tâche. Et comme je suis un apiculteur amateur respectueux de mes abeilles, j’ai laissé beaucoup de cadre pour leur nourriture parce qu’en fait, on partage la nourriture des abeilles. On prend le surplus normalement. »
En plus du travail des ruches, l’apiculteur prépare un autre produit gourmet : le vinaigre artisanal. Au corossol ou encore à la banane, c’est dans des futs que l’alcool fermente doucement pour devenir un vinaigre du fenua. L’apiculteur a même reçu la visite et les encouragements du chef Thierry Marx.