Un sombre dossier d’inceste a une nouvelle fois occupé une partie de l’audience du tribunal correctionnel de Papeete, ce mardi. Celui d’une jeune fille de 18 ans aujourd’hui qui, durant des années, a été abusée par son père.
Les faits se sont déroulés de 2012 à 2019, à Orléans, en métropole, période durant laquelle cet homme de 39 ans était engagé dans l’Armée. Mais il n’ont été dévoilés que récemment par la victime. Accompagnée de sa tante, elle a trouvé le courage de se rendre à la gendarmerie pour raconter son calvaire.
« Ça s’est passé durant mon enfance. Entre mes 8 et 15 ans. La première fois, je sortais de ma douche (…) Je ne savais pas encore ce que c’était. C’était inconnu pour moi (…) Après, il venait tôt le matin dans ma chambre quand je dormais. Il enlevait mon pyjama (…) Je ne sais pas combien de fois il l’a fait en tout. Au début, c’était le matin, puis il venait aussi les après-midis« , avait-t-elle confié aux enquêteurs, en précisant que si elle avait décidé de parler, c’était pour ses deux « petites sœurs ».
A la barre du tribunal, l’ancien militaire, reconverti en chauffeur/livreur, a reconnu les faits, mettant ses agissements sur le compte d’une « dépression », mais aussi de son épouse infidèle : « Ça n’allait plus du tout dans ma tête et j’ai fait de la merde. Avec ma femme, ça n’allait pas non plus. Je ne pouvais plus me retenir ». Outre les agressions, il prenait également des photos de sa fille nue et il enregistrait des vidéos.
Emprise parentale
La jeune victime, qui réside en métropole, souffre aujourd’hui d’un syndrome de stress post-traumatique, selon l’expert psychiatre qui s’est entretenu avec elle. Mais le fait « de partir du domicile familial a été une délivrance pour elle ». « Elle a pu révéler les faits que lorsqu’elle est sortie de l’emprise parentale », a-t-il noté. Car sa mère était au courant de ce qu’elle subissait, sans jamais intervenir. Mais, elle, n’a pas été poursuivie.
« C’est un père incestueux. Quelqu’un qui ne veut pas reconnaitre sa totale responsabilité. Il a tendance à rejeter la faute sur l’autre. Il ne se remet pas en cause », a déploré le procureur avant de réclamer une peine de 3 ans de prison, dont 2 avec sursis.
Le tribunal correctionnel s’est montré nettement plus ferme en condamnant le trentenaire à 5 ans de prison dont 3 ferme, assortis d’un mandat de dépôt à Tatutu. Mais les policiers présents dans la salle d’audience n’ont pas fait usage de leurs menottes. Le prévenu a quitté le palais de justice durant les délibérations. Un mandat d’arrêt a donc été émis à son encontre.
Outre sa peine de prison, il devra verser 1,2 million de francs de dommages et intérêts à sa fille.