« J’ai de la haine envers lui ». Les mots de la victime ont claqué dans la grande salle d’audience qui accueillait ce procès, à huis clos partiel. La jeune femme, tout juste majeure aujourd’hui, a laissé parler sa colère face à son grand-père, assis, non loin, sur le banc des prévenus. Un homme qui n’a jamais reconnu les agressions sexuelles dont elle l’accuse, à une époque où elle avait 14 ans.
« Je ne sais pas ». « Je ne comprends pas ». « Je ne me souviens plus ». A la barre, ce mardi, il a persisté dans ses dénégations. « Je pense que c’est elle qui a inventé. Elle avait un copain à ce moment-là. C’était une excuse pour aller chez lui », a-t-il lâché.
Mais outre ses déclarations constantes, la jeune fille disposait également d’éléments matériels incriminant son grand-père. Une vidéo de l’une des agressions, filmée discrètement à l’aide de son téléphone portable, sur laquelle le vieil homme apparaît, le sexe sorti de son slip.
« Les toilettes sont à côté de la chambre, donc c’est possible que je sois dans cet état là », s’est défendu le grand père, sans convaincre. Face aux juges, sa petit fille a maintenu ses dires : les attouchements dans sa chambre ou dans la voiture, quand elle se trouvait seule avec lui.
Pressions et cauchemars
« Elle a fait des cauchemars pendant deux ans et demi et elle fait encore des insomnies. Elle a subi les pressions, les tentatives d’intimidation de ses oncles qui ont toujours soutenu leur père (…) Et elle n’aura pas cette satisfaction qu’il demande pardon, réellement », a déploré l’avocate de la jeune Femme Me Kari Lee Armour-Lazzari.
« Entendre le prévenu réfuter, c’est ajouter de la souffrance à la souffrance de la victime », a renchéri le procureur Hausner. Un magistrat qui n’avait « jamais rencontré de dossier d’agression sexuelle dans lequel il y ait des photos, des vidéos, de l’agresseur lors du passage à l’acte ».
Dernier à prendre la parole avant que le tribunal ne se retire pour délibérer, l’homme a lancé un étrange : « Je vous demande de me pardonner si j’ai fait quelque chose de mal ». Les juges n’ont pas cru à son innocence et l’ont condamné à 3 ans de prison ferme et à payer 1,2 million de francs de dommages et intérêts à sa petite fille.
Arrivé libre à l’audience, le vieil homme a été menotté pour être conduit en détention. Son nom sera en outre inscrit dans le fichier national des auteurs d’infractions sexuelles.