Des débats « orientés » sur des sujets qui « n’ont pas fait l’objet d’un consensus », et des recommandations « présentées comme le reflet d’une opinion unanime des acteurs économiques présents ». Preuve que le colloque sur la vie chère à Tarahoi a laissé un goût amer aux acteurs économiques, le Medef a adressé ce matin un courrier au président de l’assemblée, Antony Géros. Objectif : officialiser par écrit sa rupture avec les conclusions du colloque.
Soit dix recommandations annoncées en ouverture du colloque par le président de l’assemblée. Comme « l’interdiction des exclusivités d’importation », la réforme des mécanismes de restriction des importations, dont la fameuse la taxe de développement local (TDL). Des recommandations qui préconisent également « d’accroître la transparence » en renforçant l’obligation de dépôt des comptes annuels, ou encore « d’accroître la régulation » avec « des sanctions financières dissuasives en cas de refus de communiquer ou de manipulation des données ». Des mesures de contrôles supplémentaires qui n’ont pas fait l’unanimité dans les rangs du Medef, dont une vingtaine de représentants ont participé aux ateliers.
Invité du débat organisé par TNTV à Tarahoi dans la foulée de la restitution le 20 mars, le président du Medef en avait alors profité pour annoncer en direct la prise de distance de l’organisation patronale. Dans son courrier, il revient à nouveau sur la « méthode adoptée » par les élus. « Nous avons constaté que les participants ont principalement été sollicités sur l’application de solutions préétablies, sans qu’un réel espace de discussion ne leur permette de remettre en question leur pertinence ou d’explorer d’autres pistes », souligne le président du Medef, Steeve Hamblin.
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L’organisation patronale rappelle également que les marges commerciales ne sont pas si loin de celles de l’Hexagone et que la baisse de l’inflation depuis 2022 « témoigne des efforts considérables déployés par nos entreprises pour lutter contre la vie chère ». Elle invite plutôt l’Assemblée à s’intéresser à la « hausse constante des coûts de fonctionnement de l’administration » et à son impact sur la hausse de la fiscalité : « un facteur qui ne saurait être occulté dans l’analyse du coût de la vie ».
Le Medef s’étonne enfin que ses propositions, dont la réforme du code du travail, aient été écartées au profit d’un « renforcement du contrôle » de leurs activités. Une approche vécue comme un nouvel affront. « Si elle devait déboucher sur de nouvelles mesures coercitives (…) en matière de soi-disant exclusivités d’importation et d’une surveillance bureaucratique de nos décisions, [cette approche, NDLR] conduira à un renchérissement inévitable du coût de la vie pour les Polynésiens », poursuit le texte.
L’organisation, qui représente plus de 600 entreprises et 24 organisations professionnelles, réaffirme pourtant sa disponibilité pour « contribuer à de futurs travaux dans un cadre plus transparent et collaboratif, dans l’intérêt tant des entreprises que de la population polynésienne ».